Homélie, mardi, 23ème semaine du Temps Ordinaire

Jésus fascine. Il attire les foules. Non seulement il forme aujourd’hui autour de lui le groupe des douze, mais une grande multitude de gens viennent de partout l’entendre et se faire guérir de leurs maladies. La foule cherche à le toucher, car une force émane de lui. On l’imagine en papamobile.

Oui, Jésus fascine, mais il fascine, car on perçoit chez lui quelque chose de spécial. On sent que cet homme a un rapport tout à fait particulier avec Dieu. Souvenez-vous de toutes les réponses qu’il a reçues quand il a demandé à ses disciples « que dit-on de moi? ». Aujourd’hui, c’est l’auteur de la lettre aux Colossiens qui répond à la question. Je qualifierais sa réponse de choquante, déconcertante, voire scandaleuse, pour la pensée humaine. « En lui, dans son corps, habite toute la plénitude de la divinité ». Quelle affirmation! Dieu, l’Au-delà de Tout, l’Origine de tout ce qui est, de ces myriades de galaxies que nous ne cessons de découvrir, l’auteur de cette complexité de la matière dans ses plus infimes particules qui demeurent toujours un mystère pour notre connaissance, ce Dieu, dont il est interdit de prononcer le nom ou encore de représenter, habite dans un corps. N’imaginons pas pour autant que Jésus serait une sorte de lampe d’Aladin où le génie se cache. La profession de foi de l’auteur de la lettre aux Colossiens dépasse notre entendement. On comprend très bien son avertissement : « prenez garde à ceux qui veulent faire de vous la proie par une philosophie vide et trompeuse fondée sur la tradition des hommes, sur les forces qui régissent le monde ». Car c’est le corps du prédicateur, du prophète qui attirait les foules, c’est le corps qui a touché les lépreux et les aveugles, le corps touché par tant de malades désespérés, c’est le corps qui a parcouru la Judée, la Galilée et la Samarie. C’est le corps sentant l’humanité. C’est aussi le corps frappé, blessé, crucifié, avec ses cicatrices de vie, c’est le corps qui a été ressuscité et qui appartient à Dieu et en qui habite la plénitude de la divinité.

Fascinant, comme dirait Charles Tisseyre à l’émission Découvertes! L’auteur de la lettre aux Colossiens ne s’arrête pas là, mais il nous explique le projet de Dieu. « En lui, vous êtes pleinement comblés ». Notre circoncision n’est pas la coupure d’un petit morceau de chair, mais c’est du vieil homme tout entier dont nous sommes dépouillés, car, par le baptême, « nous avons été mis au tombeau avec lui, pour ressusciter avec lui par la foi en la force de Dieu qui l’a ressuscité d’entre les morts ». Nous sommes liés au Christ pour la vie! S’il y a un mystère d’union entre Dieu et Jésus le Christ, il y en a un autre entre lui et nous.

C’est dans notre humanité que Dieu nous rejoint et c’est dans notre humanité que nous pouvons entrer en communion avec Dieu. Nous n’avons pas à jouer à l’ange ou à nous enfuir de notre réalité. Je lisais dans un commentaire : « Rien de ce qui est humain n’est étranger à Dieu. Dieu a planté sa demeure parmi nous. Nous serons à Dieu en vivant en ce monde et en le consacrant. » Je terminerai en citant ce même commentaire :

Loué sois-tu pour le plus beau des enfants des hommes,
Jésus, ton Fils de toute éternité!
En lui se révèle ton projet
et s’accomplit ton amour;
il est l’homme selon ton cœur,
Adam nouveau, fidèle à tes desseins.
En lui, ta création découvre sa destinée
et, par lui, toute chose te rend gloire.
En lui, notre terre passe à l’éternité
et par lui, tout chose s’intègre
dans la construction d’un corps immense,
corps sauvé, transfiguré, ressuscité.
Par lui qui est la Plénitude de ta Grâce
et le Premier-né du monde nouveau,
Dieu, notre créateur, nous te louons!

Fr. André Descôteaux, O.P.

PRIÈRE

Seigneur Dieu, source de tout bien,
réponds sans te lasser à notre appel :
inspire-nous de discerner ce qui est juste
et dirige-nous pour que nous puissions l’accomplir.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur et notre Dieu,
qui vit et règne avec toi dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.

[1] Dieu pour chaque jour, tome 3, p. 24.