Homélie, jeudi, 22ème semaine du Temps Ordinaire

Depuis lundi, la liturgie nous offre une lecture évangélique continue des débuts du ministère de Jésus selon saint Luc. Dans le passage d’aujourd’hui, l’évangéliste nous présente Jésus entouré d’une foule au bord du lac de Génésareth. La force de sa parole amène les gens à le chercher pour l’écouter; il parle différemment de Dieu et sa renommée se répand rapidement dans la Galilée de l’époque. Les conditions physiques ne sont cependant pas optimales pour écouter la prédication de Jésus; les gens se pressent autour de lui à tel point que Jésus cherche un endroit plus adéquat pour donner son enseignement. Il monte sur une des deux barques qui se tient près, laquelle appartient à Simon Pierre.

Le texte nous dit qu’après son enseignement, Jésus demande à Simon d’avancer plus loin sa barque et celle des autres pêcheurs, afin de lancer les filets où l’eau est profonde. Découragé par sa mauvaise journée de pêche et embarrassé par la fatigue d’avoir en plus travaillé toute la nuit, Simon répond à Jésus qu’il le fera uniquement parce qu’il le lui demande. Il met son espoir et sa confiance en sa parole. (Rappelons-nous que Simon a déjà été témoin de ce que Jésus a accompli à Capharnaüm, particulièrement de la guérison de sa belle-mère.) Le résultat ira bien au-delà de ses espérances : une pêche plus qu’abondante et un étonnement profond, qui le mèneront à faire une déclaration de foi et à recevoir un mot d’encouragement de Jésus, présageant sa future charge de chef des apôtres et, plus tard, de l’Église du Christ.

Plusieurs éléments ici méritent notre attention. D’abord, cette évocation d’avancer au large, d’aller plus loin jusqu’aux profondeurs de la mer. Jésus ne suggère ici rien de nouveau aux pêcheurs : la pêche au filet se fait en mer profonde. Mais si nous pensons à nos vies, à nos recherches personnelles, n’est-ce pas vrai qu’il faut souvent approfondir pour trouver ce qu’on cherche? C’est bien vrai; cependant, la réussite n’est pas seulement dans la profondeur, elle est aussi dans la constance et la persévérance. Il ne faut négliger aucune opportunité. Il faut croire à cette parole différente qui nous invite à essayer de nouveau, même là où nous avons échoué. Simon Pierre, motivé par la parole de Jésus, tente de pêcher à nouveau justement là où, peu avant, on n’avait rien trouvé. Comme lui, nous aussi avons besoin d’explorer les profondeurs de nos cœurs et de nos pensées pour trouver l’abondance de l’amour de Dieu, surtout quand nous avons vécu l’expérience du vide et de l’échec.

Ensuite vient la pêche abondante, débordante comme les sentiments de Pierre qui se reconnaît comme indigne et pécheur devant Jésus, présence miséricordieuse de Dieu. L’étonnement et la crainte habite ses pensées. La force de la parole de Jésus dépasse les limites de sa compréhension humaine. Mais Jésus, revendique sa dignité en lui donnant une nouvelle mission : « sois sans crainte, désormais ce sont des hommes que tu prendras ». Il faut oublier les poissons; maintenant il faut se concentrer sur nos semblables.

Finalement, le récit termine avec ces mots : « laissant tout, ils le suivirent ». Luc ramène la figure du Christ au centre du récit. Au début, les gens se rassemblent autour de Jésus pour écouter son enseignement, maintenant certains s’engagent à le suivre, pour faire chemin avec lui. « Tout laisser » c’est une décision radicale; c’est le fruit d’une rencontre personnelle et profonde avec Jésus; c’est la foi en sa Parole. Autrement dit, c’est lui faire confiance lorsqu’il nous considère digne d’agir pour le Règne de Dieu.

Simon et ses compagnons (Jacques et Jean principalement) ont fait l’expérience du passage de la stérilité de la nuit à la fécondité de la lumière du jour, de l’importance de faire confiance au Maître, du besoin de récolter en communauté, d’approfondir en mer pour mieux revenir au rivage et de tout laisser pour suivre Jésus. À notre tour, nous pouvons vivre cette expérience, chacun et chacune selon ses circonstances. La mission donnée à Simon Pierre est aussi la nôtre; elle est la mission de tout croyant.

En ce début d’année académique 2023-2024, que l’Esprit Saint guide nos introspections quotidiennes; que nous ayons l’audace de faire confiance à sa Parole pour nous écarter du bord de nos découragements et nous faire avancer au large de la foi et de nos réalités; et que nous retournions au rivage pour mieux le suivre sans attachements aux poissons, pour devenir ses disciples au service de nos frères et sœurs dans le besoin, des « pêcheurs d’hommes » pour le Règne de Dieu dans nos milieux d’études ou de travail. Ne nous décourageons pas ! Jésus nous invite à essayer d’aimer encore là où nous avons eu de la difficulté. N’est-ce pas là la miséricorde de Dieu : une opportunité constante pour aimer et se laisser aimer?

Gustavo Adolfo Garay Ortega

PRIÈRE

Seigneur Dieu,
par l’abaissement de ton Fils,
tu as relevé le monde déchu ;
donne à tes fidèles une joie sainte :
tu les as tirés de l’esclavage du péché ;
fais-leur connaître le bonheur éternel.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
qui vit et règne avec toi
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.