Homélie, lundi, 22ème semaine du Temps Ordinaire

À l’occasion de la Fête du travail, la liturgie nous propose un extrait du récit de la création du monde par Dieu. Retenons, au départ, que c’est un discours de foi qui nous est présenté. Ce n’est pas un discours scientifique comme nous l’entendons aujourd’hui. Nos ancêtres dans la foi ont voulu exprimer leurs convictions religieuses sur les origines du monde et de l’être humain. Ils ont cherché à répondre, de façon large, aux questions suivantes : Qui a voulu le monde dans lequel nous nous retrouvons? Qui l’a créé? Et quelle place le créateur a-t-il voulu accorder à l’être humain?

Au cœur du propos, il y a Dieu, Dieu au travail, pourrait-on dire. Au départ les auteurs du récit affirment : « le Seigneur Dieu fit la terre et le ciel ». Voilà une façon claire d’exprimer la conviction de la toute-puissance de Dieu. Façon aussi de dire que cet univers n’est pas le fruit du hasard et qu’au contraire il a été pensé et voulu par Dieu. Seconde étape du récit : « Le Seigneur Dieu modela l’homme avec la poussière tirée du sol; il insuffla dans ses narines le souffle de vie…» Là, il est clairement affirmé que l’être humain doit se comprendre comme une créature de Dieu. Lui aussi, l’être humain, a été voulu par Dieu. Davantage : le Dieu créateur a veillé, dès le commencement, au bien-être des humains. En effet, « le Seigneur Dieu planta un jardin en Éden, à l’Orient, et y plaça l’homme qu’il avait modelé ». Se dégage ainsi l’image d’un Dieu qui veut être au service de la vie humaine. En même temps, il lui accorde des responsabilités : celles, entre autres, de travailler le jardin d’Éden. On le voit, Dieu fait ici confiance à l’être humain au point d’en faire son intendant au cœur du monde terrestre. En conséquence, ce dernier aura à travailler pour que la vie soit non seulement possible mais qu’elle puisse se développer dans le jardin que Dieu lui a accordé. De cette manière, l’être humain aura ainsi à imiter Dieu créateur. Il lui faudra, en fonction de ses capacités, être vaillant et inventif à la fois. Il aura à assurer son avenir dans ce monde-ci, mais en demeurant en communion avec le Dieu qui l’a créé.

Discours de foi, ai-je dit au départ. Ce discours vise à dévoiler le sens de la vie sur terre. Mais, il nous faut le reconnaître, ce discours de la Genèse est incomplet. Il ne révèle pas, comme on pourrait le souhaiter, le visage du Dieu Sauveur, du Dieu qui tient à faire partager sa vie intime avec les êtres humains. Il faut attendre les prophètes et la venue du Christ Jésus pour accéder à une vision large du grand projet de Dieu. Quand nous tenons à mettre en lumière les responsabilités que devraient assumer tant les chrétiens que les non-chrétiens au cœur du monde actuel, il est tout à fait éclairant de compter sur la vision que présente le pape François dans son Encyclique « Laudato Si’ » (2015) portant sur la sauvegarde de la maison commune. Le sens du travail complexe et diversifié des hommes et des femmes du monde contemporain y ressort avec clarté. Et l’invitation à porter notre regard sur le Dieu créateur et sauveur suggère en même temps diverses façons de collaborer activement à modeler notre monde selon le cœur de Dieu.

Puissions-nous célébrer la Fête du travail en prenant en compte la présence active de Dieu dans notre univers matériel et spirituel !

Fr. Jean-Louis Larochelle, O.P.

PRIÈRE

Seigneur Dieu,
force de ceux qui espèrent en toi,
sois favorable à nos appels :
puisque, mortels et fragiles,
nous ne pouvons rien sans toi,
donne-nous toujours le secours de ta grâce ;
ainsi pourrons-nous,
en observant tes commandements,
vouloir et agir de manière à te plaire
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur et notre Dieu,
qui vit et règne avec toi
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.