Homélie, jeudi, 21ème semaine du Temps Ordinaire

31 août 2023

Habitués à vigiler par amour

Aujourd’hui, le frère José Apolinário Kahombo, O.P., nous explique ce que signifie réellement « veiller » dans le quotidien de tout chrétien qui cherche à répandre l’amour de Dieu.
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Homélie

“Veillez donc, car vous ne connaissez pas le jour où votre Seigneur viendra.”

L’évangéliste Matthieu nous fait pénétrer dans l’environnement spirituel du judaïsme au temps de Jésus, aux prises avec l’idée de la ruine de Jérusalem et de la fin du monde. D’ailleurs, ce n’est pas un hasard si le texte que nous lisons aujourd’hui est précédé (dans l’évangile selon saint Matthieu) par la parabole du figuier, où il est question précisément de la fin des temps, du jour et de l’heure incertains auxquels cela doit arriver, d’où la nécessité de rester éveillé.

“Veillez […], car vous ne connaissez pas le jour où votre Seigneur viendra”.

Pris au sens littéral du terme, rester éveillé est d’abord et avant tout un exercice physiologique qui consiste à ne pas s’endormir, à être vigilant. Mais au-delà du devoir d’être vigilant, ce à quoi Matthieu fait allusion ici, ne concerne pas, à proprement parler, les attributs physiologiques que pourrait avoir un veilleur de nuit. Il s’agit plutôt d’intégrer dans notre mode de vie la pratique constante de bonnes actions, par exemple de ce qui est bien, de ce qui est bon et de ce qui est beau. C’est ce à quoi Aristote pourrait donner le nom de vertu – “acte qui jaillit d’une disposition habituelle à aimer”. Je souligne ici la phrase “disposition habituelle à aimer“, car c’est dans la disposition habituelle à aimer que l’impératif ou le devoir d’être vigilant prend tout son sens.

“Veillez […], car vous ne connaissez pas le jour où votre Seigneur viendra.”

Si Jésus présente la vigilance (cette disposition habituelle à aimer) comme condition théophanique à ses disciples, c’est parce que Dieu est amour. Autrement dit, c’est dans l’amour, par l’amour et avec l’amour que nous sommes capables de reconnaître le visage de Dieu qui se réveille en nous. La théophanie, ou manifestation de Dieu, est donc un parcours d’altérités : de Dieu qui se révèle à l’homme et de l’homme qui va vers Dieu, porté par l’amour et pour l’amour.

La corrélation de l’amour et de la théophanie c’est ce que l’apôtre Paul semble mettre en exergue dans la première lecture lorsqu’il dit:

Que le Seigneur vous donne, entre vous et à l’égard de tous les hommes, un amour de plus en plus intense et débordant, comme celui que nous avons pour vous. Et qu’ainsi il affermisse vos cœurs, les rendant irréprochables en sainteté devant Dieu notre Père, lors de la venue de notre Seigneur Jésus avec tous les saints.

Prions donc ce matin afin que Dieu affermisse en nous cette disposition habituelle à aimer et qu’en ce faisant, nous puissions découvrir son visage qui se révèle à nous.

Fr. José Apolinário Kahombo, O.P.

 

PRIÈRE

Nous t’en prions, Seigneur,
accorde-nous de vivre dans un monde
où les événements se déroulent selon ton dessein de paix,
et où ton Église connaisse la joie
de te servir dans la sérénité.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
qui vit et règne avec toi
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.