Homélie, lundi, 21ème semaine du Temps Ordinaire

28 août 2023

L'offre de la grâce

Aujourd’hui, le frère Jean-Louis, Larochelle, O.P., nous explique les pratiques et les enseignements néfastes des pharisiens et des scribes que Jésus a dû combattre férocement pour remettre de l’avant la grâce et la miséricorde de Dieu.
homelie

Homélie

Dans le récit évangélique du jour, nous ne pouvons qu’être frappés par la dureté des propos de Jésus à l’endroit des scribes et des pharisiens. Le ton surprend. D’autant plus que nous rencontrons le plus souvent chez Jésus des appels à la miséricorde et au pardon. En effet, la charge est lourde : « Malheureux êtes-vous, scribes et pharisiens hypocrites, parce que vous fermez à clé le royaume des Cieux devant les hommes (…) » Mais pourquoi donc Jésus s’est-il permis une telle attaque contre des acteurs importants de la scène religieuse en Israël ?

Rappelons d’abord que les scribes étaient des docteurs de la Loi, des « rabbis », bref à la fois des spécialistes des Écritures et des guides spirituels pour le peuple. Leur rôle était habituellement apprécié. Leur autorité était d’ailleurs reconnue par le peuple. Sauf qu’à l’époque de Jésus, les scribes s’étaient engagés dans un légalisme religieux étroit, suivis dans cette voie par les pharisiens. Les centaines de règlements rattachés à la Loi de Moïse écrasaient les gens ordinaires et les décourageaient. Mais, ce qu’il y avait de plus grave, c’est qu’on donnait de Dieu un visage excessivement exigeant et dur. Sa miséricorde était ainsi largement étouffée. En conséquence, les scribes faisaient vivre dans l’illusion que l’être humain pouvait faire son salut dans la mesure où il respectait tous les préceptes de la Loi. Objectif impossible à atteindre, bien sûr, car la Loi ne peut pas donner à ses sujets la force d’accomplir ce qu’elle ordonne. Seule la grâce de Dieu peut rendre les croyants et croyantes capables de vivre dans une communion avec Lui. C’est elle qui donne la capacité à l’individu « pécheur » de s’en remettre au pardon du Seigneur et de continuer de vivre dans l’espérance malgré ses faiblesses et ses infidélités. Se situant dans cette ligne de pensée, l’apôtre Paul, dans ses épitres, viendra rappeler que l’offre de la grâce requière la foi et rien que la foi. De fait, la fécondité de la foi s’est pleinement manifestée dans les parcours d’Abraham et Sara, de Moïse et Josué, de même que dans ceux des disciples de Jésus et de toutes les personnes qui, par la suite, ont tenu à se rattacher au Christ pour réaliser la volonté de Dieu.

Les scribes, c’était connu, ne parvenaient pas à respecter tous les préceptes de la Loi. Mais ils avaient trouvé bien des manières de contourner les préceptes qui les gênaient. Ils justifiaient ainsi leurs écarts. Non satisfaits de déformer le visage miséricordieux de Dieu, ils détournaient les institutions religieuses juives de leur finalité. Du même coup, ils devenaient des guides « fous et aveugles ». Et ce n’est pas sans raison que Jésus pouvait pointer du doigt les retombées néfastes de leurs pratiques et de leurs enseignements. Les gens du peuple en souffraient : ils se comportaient comme des « brebis égarées », car leur soif de Dieu n’était pas satisfaite. Les scribes étaient donc devenus infidèles à leur mission et ne menaient plus les gens à une communion avec le Dieu de tendresse et de pitié.

À la lumière du passage évangélique, rappelons-nous que c’est Dieu qui sauve, que c’est le don de sa grâce qui nous permet de vivre en communion avec Lui. Puissions-nous accueillir avec confiance l’offre extraordinaire que le Seigneur nous fait, offre qui nous permet de collaborer généreusement à l’avènement de son Royaume!

Fr. Jean-Louis Larochelle, O.P.

 

PRIÈRE

Renouvelle, Seigneur, dans ton Église,
l’esprit dont tu as comblé le bienheureux évêque Augustin,
pour que, remplis de ce même esprit,
nous n’ayons soif que de toi, source de la vraie sagesse,
et ne cherchions que toi, auteur de l’éternel amour.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
qui vit et règne avec toi
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.