Homélie, mercredi, 20ème semaine du Temps Ordinaire

23 août 2023

Centrés dans la bonté de Dieu !

Aujourd’hui, le frère Carlos Ariel Betancourth Ospina, O.P., nous explique que Jésus, par sa parabole, nous invite à rompre avec les paradigmes de notre société pour nous tourner vers une attitude qui ressemble plus à celle de Dieu notre Père.
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Homélie

Nous devons être prudents en appliquant cette parabole à nos vies. Jésus n’a pas l’intention de donner à ses disciples une leçon d’économie ou de gestion des ressources humaines. Le message de la parabole d’aujourd’hui est centré sur le fait que Dieu est le même pour tous : Il est tout amour et don infini. Quand nous disons “pour tous”, nous voulons dire pour tout le monde, sans exception.

Compter avec tout le monde. N’exclure personne. Reconnaître que chacun a la capacité d’assumer des responsabilités et offrir à chaque personne l’opportunité, l’espace et l’occasion de le faire est une grande leçon. Dans notre société élitiste où règne grandement l’exclusion, cette attitude d’inclusion semble étrange.

Ainsi, l’Évangile nous propose de réfléchir à cette question : comment la communauté ou le Royaume doit fonctionner ? Et Jésus parle de la manière dont Dieu se comporte avec nous, qui est au-delà de toute justice humaine. Que nous arrivions à l’imiter est une autre histoire !

À partir des valeurs qui prévalent dans notre société, il est impossible de comprendre la parabole. Aujourd’hui, tout le monde travaille au milieu des inégalités : certains possèdent plus de biens et ont plus de chances que d’autres. Cela est évident, non seulement à l’égard de chaque individu mais aussi à propos des peuples et des nations.

Même dans le domaine religieux, on a appris que nous devons être meilleurs que les autres pour recevoir un prix plus important. C’est la philosophie qui a ému la spiritualité chrétienne de tous les temps. Ce que la parabole propose est toute autre chose. En ce sens, cet évangile, comme certains autres aussi, est tout nouveau.

Pour les disciples de Jésus, il s’agit de rompre avec les schémas sur lesquels repose la société qui se meut uniquement par intérêt. Destinée à la communauté, la parabole recherche des relations humaines qui dépassent tout intérêt égoïste de l’individu ou du groupe. Les Actes des Apôtres nous donnent le signe lorsqu’ils nous disent : « ils avaient tout en commun et cela était distribué à chacun selon ses besoins ».

Il ne s’agit pas non plus d’imaginer que ces derniers se soient appliqués à travailler plus dur que les autres, de telle sorte que le propriétaire paie pour les résultats et non les heures de travail. Si nous pensons ainsi, nous détruisons le vrai sens de la parabole, qui met précisément l’accent sur le salaire gratuit de ceux qui n’ont pas travaillé assez pour le gagner.

En réalité, il s’agit d’une manière tout à fait originale de comprendre Dieu. Ce Dieu de Jésus est si déconcertant qu’après vingt siècles, nous ne l’avons pas encore assimilé. Et nous continuons à penser à un Dieu qui récompense chacun selon ses œuvres.

L’un des obstacles les plus importants à notre vie spirituelle est de croire que nous pouvons et devons mériter le salut. Le don total de Dieu est toujours le point de départ, pas quelque chose à atteindre grâce à nos efforts.

Ceux d’entre nous qui se croient bons, ceux d’entre nous qui croient et accomplissent tout ce que Dieu veut, le verront comme une injustice. Nous continuons à faire semblant d’appliquer à Dieu notre façon de faire justice. Comment pouvons-nous accepter que Dieu aime les méchants autant que nous ? Toute notre religiosité basée sur le fait d’être bon pour que Dieu nous récompense, ou du moins pour qu’il ne nous punisse pas, s’écroulerait comme un château de cartes.

Si cette relation était basée sur l’imposition du pouvoir, elle n’aurait aucune valeur salvatrice. Mais si tous les membres d’une communauté l’assumaient volontairement, ce serait une richesse humaine incroyable.

Cette façon de procéder est celle qui est proposée à tous : agir par bienveillance, cette disposition qui n’ignore pas la justice mais qui va plus loin, en donnant ce qui est nécessaire à chacun, à partir de ce qui est juste et équitable. Dans une civilisation basée sur l’exclusion et les inégalités, avec un système salarial inadéquat, il semble impensable que les derniers soient les premiers.

Mais dans le dessein de Dieu, cette inversion de lieu est centrée sur la bonté même de Dieu, qui dépasse tout ce que nous pouvons imaginer et qui nous surprend toujours. Enfin, demandons-nous comment est notre façon de procéder avec les autres ? Quelle logique domine nos événements et nos programmes ?

Fr. Carlos Ariel Betancourth Ospina, O.P.

 

PRIÈRE

Accorde-nous, Seigneur notre Dieu,
de pouvoir t’adorer de tout notre esprit,
et d’avoir envers tous une vraie charité.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
qui vit et règne avec toi
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.