Homélie, vendredi, 19ème semaine du Temps Ordinaire

18 août 2023

Distinguer le cœur de l'Homme

Aujourd’hui, le frère Yvon Pomerleau, O.P., nous aide à mieux comprendre le discours méthodique que Jésus utilise pour répondre aux pièges des pharisiens sur des questions épineuses.
distinguer-le-coeur-de-l-homme

Homélie

Comment aborder un tel évangile? … En faisant des distinctions! Pendant les années où j’ai été engagé dans la formation de jeunes frères dominicains, « distinguer » a été l’un des mots que j’ai répété à temps et à contretemps dans mes entretiens. Apprendre à distinguer non seulement entre le vrai et le faux, le bien et le mal mais aussi entre l’important et le secondaire. C’est là un élément clef dans la tradition dominicaine. Saint Thomas d’Aquin, dans sa Somme Théologique, multiplie les distinctions pour cerner la vérité.

Dans l’évangile d’aujourd’hui, deux sujets distincts sont abordés en lien avec le mariage : 1. Le mariage comme lien indissoluble et 2. Le mariage et les autres états de vie.

Sur le premier point, le débat commence par une question des pharisiens : « est-il permis à un homme de renvoyer sa femme pour n’importe quel motif? » On peut ici encore distinguer deux parties dans la question : 1. Est-il permis à un homme de renvoyer sa femme? 2. Quels sont les motifs valables pour le renvoi?

La réponse de Jésus se fait en trois temps : 1. En référence à la Parole de Dieu : « N’avez-vous pas lu ceci? Dès le commencement, le Créateur les fit homme et femme (…) tous deux deviendront une seule chair ». 2. En référence à la tradition juive et précisément à l’interprétation de Moïse. Moïse interprète la Parole de Dieu dans un contexte social donné. 3. En référence à l’autorité même de Jésus : « Je vous le dis : si quelqu’un renvoie sa femme – sauf en cas d’union illégitime – qu’il en épouse une autre, il est adultère ». Ce n’est pas la seule fois dans l’évangile où Jésus parle avec autorité : « Il vous a été dit … moi je vous dis ». Et chaque fois, c’est pour présenter un idéal qui dépasse la lettre de la Loi : « Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait ». L’exigence radicale de perfection n’écarte pas la compréhension de la dureté du cœur humain. Dans notre propre vie morale nous pouvons nous aussi recourir à ces trois références : la Parole de Dieu dans la Bible, l’enseignement de Jésus dans ses paroles et ses gestes, la tradition de l’Église dans des contextes sociaux déterminés. La loi morale est à la fois très exigeante et pleine de miséricorde.

Venons-en au deuxième sujet abordé dans l’évangile : le mariage et les autres états de vie. Jésus distingue d’abord le mariage et le célibat et ensuite pour le célibat, il y a le célibat imposé par la naissance ou la mutilation et le célibat choisi. Jésus souligne la difficulté de comprendre l’option pour le célibat : « tous ne comprennent pas cette parole mais seulement ceux à qui cela est donné ». « Celui qui peut comprendre, qu’il comprenne ».

Encore une autre distinction à faire entre les états de vie et la vocation. Les états de vie sont différents (marié, célibataire) mais la vocation est commune. C’est le même Dieu qui appelle à une même vocation, à savoir la sainteté. Rappelez-vous cette parole déjà citée : « Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait ». Tous, nous sommes appelés à chanter par toute notre vie l’amour miséricordieux de Dieu.

Fr. Yvon Pomerleau, O.P.

 

PRIÈRE

Dieu éternel et tout-puissant,
qui régis et le ciel et la terre,
exauce, en ta bonté, les supplications de ton peuple
et donne à notre temps la paix qui vient de toi.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
qui vit et règne avec toi
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.