Homélie, lundi, 19ème semaine du Temps Ordinaire

14 août 2023

Au cœur de notre société

Aujourd’hui, le frère Jean-Louis Larochelle, O.P., nous explique comment Jésus l’obligation payer une taxe païenne pour distinguer la double appartenance de ses disciples : celle aux royaumes terrestres et celle au Royaume céleste.
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Homélie

L’épisode évangélique d’aujourd’hui nous renvoie à une expérience sociale tout à fait commune : celle des taxes et des impôts que les citoyens et citoyennes doivent verser à l’État. Si elle est très présente dans nos États modernes, elle l’était aussi au temps de Jésus. Les citoyens de la Palestine devaient payer plusieurs formes de taxe ou d’impôt à l’empire romain. Sur les produits agricoles d’abord (c’est compréhensible 90 % de la population appartenaient à des familles paysannes), puis sur les produits de la pêche et du commerce. S’ajoutait cependant une taxe religieuse annuelle qui frustrait, choquait même les Israélites. Car cette taxe était destinée à soutenir l’entretien des lieux de culte, qu’ils soient païens ou juifs. On peut donc comprendre que Jésus ait profité du moment où on lui demandait de verser cette taxe religieuse, celle du didrachme, pour faire une réflexion sur les deux types de royaume : les royaumes de ce monde et le Royaume de Dieu.

Dans son intervention, Jésus vient rappeler que les fils d’Israël ne sont pas uniquement des sujets du pouvoir impérial romain mais aussi des « fils de Dieu ». C’est dire qu’ils sont intégrés dans un Royaume plus vaste que les royaumes de ce monde, dans un Royaume supérieur du fait qu’il est celui de Dieu. Parce que ses disciples appartiennent à ce Royaume, ils peuvent donc prendre du recul par rapport aux exigences de l’empire romain. Ils peuvent même avoir une certaine liberté intérieure face à elles. Par exemple, en regard de l’impôt du didrachme lié au culte païen, Jésus aurait pu se montrer libre. Sauf que l’expression d’une telle liberté aurait pu constituer une source de scandale et, probablement, un motif de répression. Jésus a donc choisi de verser cette taxe.

Les premières générations chrétiennes, assimilées aux Juifs par le pouvoir impérial, ont payé cette taxe. Bien sûr, les premiers chrétiens ne se percevaient pas comme de simples sujets de l’empire. Ils étaient conscients de régner dans la vie présente avec le Christ, puisqu’ils étaient membres de son Corps (cf. Rm 15,17). Ils étaient conscients de contribuer, étant soutenus par l’Esprit-Saint, à bâtir un royaume où la charité, la fraternité et la paix devaient prédominer. Ils savaient qu’ils bâtissaient, au cœur de l’empire romain, une réalité sociale qui surpassait ce que le régime impérial romain pouvait engendrer. C’est d’ailleurs cette conscience qui ressort avec force dans la 2e épître à Timothée : « Si nous tenons ferme avec lui (le Christ Jésus), avec lui nous régnerons ». Au cœur de l’histoire, les premiers chrétiens ont donc eu la conviction de collaborer activement à l’émergence du Règne de Dieu lui-même, un Règne qui dépassait et englobait les royaumes de ce monde.

Royaume de Dieu, royaumes du monde. Les croyants et croyantes appartiennent aux deux types de royaume. Mais leur appartenance au Royaume de Dieu fait qu’ils ont une liberté intérieure face aux exigences des royaumes historiques. Ils ont surtout une mission : celle d’être une source de transformation au cœur des royaumes de ce monde. Et là, on rejoint une autre parole de Jésus : « Soyez le sel de la terre, soyez la lumière du monde ».

Que l’Eucharistie que nous allons célébrer nous donne la force d’être, au cœur de notre société, de véritables témoins du Royaume de Dieu!

Fr. Jean-Louis Larochelle, O.P.

 

PRIÈRE

Seigneur Dieu,
tu as mis au cœur de saint Maximilien-Marie, prêtre et martyr,
un ardent amour pour la Vierge immaculée,
un grand souci des âmes et une vive charité pour le prochain ;
accorde-nous, à son intercession,
de nous dépenser pour ta gloire dans le service des autres
et ainsi d’être, jusqu’à la mort, configurés à ton Fils.
Lui qui vit et règne avec toi
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.