Homélie, vendredi, 18ème semaine du Temps Ordinaire

11 août 2023

Invités à la suite de l'amour

Aujourd’hui, le frère Yvon Pomerleau, O.P., décortique avec nous l’invitation que Jésus fait à toute personne qui désire se mettre à sa suite dans la foi et dans ses actions.
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Homélie

« Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive ». N’avons-nous pas là un résumé de la vocation chrétienne, de l’appel que Jésus lance à ses disciples?

Une question préalable : qui sont ces disciples à qui Jésus lance cet appel? Dans l’entourage de Jésus, on peut distinguer trois cercles concentriques : les Douze, les soixante-dix et la foule. Les douze forment un cercle intime dont le nombre évoque les douze tribus d’Israël : ils sont appelés apôtres et représentent le noyau de la nouvelle réalité du Royaume de Dieu. Les disciples, dont le nombre est aussi symbolique, sont ceux qui sont associés à la vie de Jésus et le suivent jusqu’à se séparer de leurs familles et de leurs biens. Enfin il y a la foule de ceux qui sympathisent avec le message et la mission de Jésus sans adopter la vie itinérante du Maître. Alors à qui s’adresse la parole de Jésus que nous venons d’entendre dans l’évangile de ce jour? Telle que formulée par saint Matthieu, cette exhortation de Jésus s’adresse seulement aux disciples. Par-contre, dans le texte parallèle de l’évangile de Marc, Jésus lance son invitation à la foule, suggérant que ses paroles ont une portée universelle. Le « quelqu’un », c’est tout croyant.

Les trois éléments que comporte l’invitation de Jésus constituent une seule et même démarche de ce que nous pourrions appeler la vocation chrétienne. Pour reprendre des catégories empruntées au catéchisme, on pourrait même y voir une formulation évangélique de ce que la théologie appellera les trois grandes vertus théologales : la foi, l’espérance et la charité.

Commençons par l’exhortation à « renoncer à soi-même ». Il ne s’agit pas de procéder à des pratiques de dépouillement, de multiplier les exercices pénitentiels. Jésus nous invite plutôt à un décentrement, à un dépassement. Nous sommes invités à accepter de ne plus être le centre absolu de notre vie, de faire une place à Dieu, une place première qui donne à notre vie un horizon nouveau, celui du Royaume de Dieu. Nous ne sommes pas seuls pour réussir notre vie. Dieu est avec nous, il est l’Emmanuel. C’est un acte de foi dans le Dieu de Jésus.

« Prendre sa croix », c’est s’engager à suivre l’itinéraire pascal de Jésus. Il n’y a pas de vie chrétienne sans engagement contre les forces du mal pour faire triompher l’amour et la justice. Il y a des risques à prendre et un combat à mener. Porter sa croix avec Jésus, c’est vivre dans la lumière du Christ crucifié et ressuscité. Nous savons que la vie l’emportera sur le mal et la mort. C’est un acte d’espérance dans la victoire du Crucifié.

Finalement, « suivre Jésus », marcher à sa suite, c’est faire nôtres ses paroles, ses comportements, c’est mettre l’amour au cœur de notre vie. Jésus ne nous dit qu’une chose à propos de Dieu : Il est amour. Jésus passe toute sa vie à manifester cet amour de Dieu par ses gestes de miséricorde. Jésus ne nous lègue qu’un seul commandement : « Comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres ». La suite de Jésus est un acte d’amour, de charité au quotidien.

Prions le Seigneur de nous donner la grâce d’accueillir son appel en nous engageant toujours davantage dans la suite de Jésus crucifié et ressuscité!

Fr. Yvon Pomerleau, O.P.

 

PRIÈRE

Dans ta miséricorde, Seigneur,
tu as conduit sainte Claire à l’amour de la pauvreté ;
accorde-nous, à son intercession,
de suivre le Christ dans la pauvreté de cœur,
afin de pouvoir de contempler dans le royaume des Cieux.
Lui qui vit et règne avec toi
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.