11 août 2023
Invités à la suite de l'amour

LIVRE DES NOMBRES (13, 1-2a.25 – 14, 1.26-29.34-35)
En ces jours-là,
dans le désert de Parane,
le Seigneur parla à Moïse. Il dit :
« Envoie des hommes pour explorer le pays de Canaan
que je donne aux fils d’Israël. »
Au bout de quarante jours, ces envoyés revinrent,
après avoir exploré le pays.
Ils allèrent trouver Moïse, Aaron
et toute la communauté des fils d’Israël,
à Cadès, dans le désert de Parane.
Ils firent leur rapport devant eux et devant toute la communauté,
et ils leur montrèrent les fruits du pays.
Ils firent ce récit à Moïse :
« Nous sommes allés dans le pays où tu nous as envoyés.
Vraiment, il ruisselle de lait et de miel,
et voici ses fruits.
Cependant le peuple qui l’habite est puissant,
ses villes sont fortifiées et très grandes.
Nous y avons même vu des descendants d’Anaq.
Les Amalécites habitent le pays du Néguev ;
les Hittites, les Jébuséens et les Amorites
habitent la montagne ;
les Cananéens habitent le bord de la mer
et les rives du Jourdain. »
Caleb imposa silence au peuple qui faisait face à Moïse et il dit :
« Allons-y ! Montons prendre possession de ce pays.
Oui, nous nous en rendrons maîtres. »
Mais les autres hommes de l’expédition répliquèrent :
« Nous ne pouvons pas marcher contre ce peuple,
car il est plus fort que nous. »
Et, s’adressant aux fils d’Israël,
ils se mirent à dénigrer le pays qu’ils avaient exploré :
« Le pays que nous avons parcouru pour l’explorer
est un pays qui dévore ceux qui veulent s’y installer.
Tous les hommes que nous y avons vus
sont de très haute taille.
Nous y avons même vu des géants,
des fils d’Anaq, des descendants de géants.
À côté d’eux, nous avions l’air de sauterelles,
et c’est bien ainsi qu’ils nous voyaient. »
Alors toute la communauté éleva la voix, se mit à crier ;
et le peuple pleura cette nuit-là.
Le Seigneur parla à Moïse et à son frère Aaron. Il dit :
« Combien de temps aurai-je affaire à cette communauté mauvaise
qui récrimine contre moi ?
Les récriminations des fils d’Israël contre moi,
je les ai entendues.
Tu leur diras :
Aussi vrai que je suis vivant – oracle du Seigneur –,
je vous traiterai selon vos paroles mêmes
qui sont arrivées jusqu’à mes oreilles.
Vous tous qu’on a recensés,
les hommes de vingt ans et plus,
vous qui avez récriminé contre moi,
vos cadavres resteront dans ce désert.
Vous avez exploré le pays pendant quarante jours,
chaque jour vaudra une année :
vous porterez donc le poids de vos fautes
pendant quarante ans,
et vous saurez ce qu’il en coûte d’encourir ma réprobation.
Moi, le Seigneur, j’ai parlé.
Oui, c’est ainsi que je traiterai cette communauté mauvaise
liguée contre moi.
Dans ce désert, tous finiront leur vie :
là, ils mourront. »
ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT MATTHIEU (16, 24-28)
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. Car celui qui veut sauver sa vie la perdra, mais qui perd sa vie à cause de moi la trouvera.
Quel avantage, en effet, un homme aura-t-il à gagner le monde entier, si c’est au prix de sa vie ? Et que pourra-t-il donner en échange de sa vie ? Car le Fils de l’homme va venir avec ses anges dans la gloire de son Père ; alors il rendra à chacun selon sa conduite.
Amen, je vous le dis : parmi ceux qui sont ici, certains ne connaîtront pas la mort avant d’avoir vu le Fils de l’homme venir dans son Règne. »
Homélie
« Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive ». N’avons-nous pas là un résumé de la vocation chrétienne, de l’appel que Jésus lance à ses disciples?
Une question préalable : qui sont ces disciples à qui Jésus lance cet appel? Dans l’entourage de Jésus, on peut distinguer trois cercles concentriques : les Douze, les soixante-dix et la foule. Les douze forment un cercle intime dont le nombre évoque les douze tribus d’Israël : ils sont appelés apôtres et représentent le noyau de la nouvelle réalité du Royaume de Dieu. Les disciples, dont le nombre est aussi symbolique, sont ceux qui sont associés à la vie de Jésus et le suivent jusqu’à se séparer de leurs familles et de leurs biens. Enfin il y a la foule de ceux qui sympathisent avec le message et la mission de Jésus sans adopter la vie itinérante du Maître. Alors à qui s’adresse la parole de Jésus que nous venons d’entendre dans l’évangile de ce jour? Telle que formulée par saint Matthieu, cette exhortation de Jésus s’adresse seulement aux disciples. Par-contre, dans le texte parallèle de l’évangile de Marc, Jésus lance son invitation à la foule, suggérant que ses paroles ont une portée universelle. Le « quelqu’un », c’est tout croyant.
Les trois éléments que comporte l’invitation de Jésus constituent une seule et même démarche de ce que nous pourrions appeler la vocation chrétienne. Pour reprendre des catégories empruntées au catéchisme, on pourrait même y voir une formulation évangélique de ce que la théologie appellera les trois grandes vertus théologales : la foi, l’espérance et la charité.
Commençons par l’exhortation à « renoncer à soi-même ». Il ne s’agit pas de procéder à des pratiques de dépouillement, de multiplier les exercices pénitentiels. Jésus nous invite plutôt à un décentrement, à un dépassement. Nous sommes invités à accepter de ne plus être le centre absolu de notre vie, de faire une place à Dieu, une place première qui donne à notre vie un horizon nouveau, celui du Royaume de Dieu. Nous ne sommes pas seuls pour réussir notre vie. Dieu est avec nous, il est l’Emmanuel. C’est un acte de foi dans le Dieu de Jésus.
« Prendre sa croix », c’est s’engager à suivre l’itinéraire pascal de Jésus. Il n’y a pas de vie chrétienne sans engagement contre les forces du mal pour faire triompher l’amour et la justice. Il y a des risques à prendre et un combat à mener. Porter sa croix avec Jésus, c’est vivre dans la lumière du Christ crucifié et ressuscité. Nous savons que la vie l’emportera sur le mal et la mort. C’est un acte d’espérance dans la victoire du Crucifié.
Finalement, « suivre Jésus », marcher à sa suite, c’est faire nôtres ses paroles, ses comportements, c’est mettre l’amour au cœur de notre vie. Jésus ne nous dit qu’une chose à propos de Dieu : Il est amour. Jésus passe toute sa vie à manifester cet amour de Dieu par ses gestes de miséricorde. Jésus ne nous lègue qu’un seul commandement : « Comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres ». La suite de Jésus est un acte d’amour, de charité au quotidien.
Prions le Seigneur de nous donner la grâce d’accueillir son appel en nous engageant toujours davantage dans la suite de Jésus crucifié et ressuscité!
Fr. Yvon Pomerleau, O.P.
PRIÈRE
Dans ta miséricorde, Seigneur,
tu as conduit sainte Claire à l’amour de la pauvreté ;
accorde-nous, à son intercession,
de suivre le Christ dans la pauvreté de cœur,
afin de pouvoir de contempler dans le royaume des Cieux.
Lui qui vit et règne avec toi
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.
∞ Amen.