Homélie, dimanche, 10ème semaine du Temps Ordinaire

11 juin 2023

Le précieux repas dans son contexte

En ce dimanche du Saint-Sacrement, nous avons la chance d’avoir une deuxième homélie du frère Bernard East, O.P., qui nous présente le contexte biblique et eucharistique dans lequel nous recevons le précieux repas du Corps et du Sang de Jésus.
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Homélie

Pour connaître vraiment et en profondeur le bonheur du boire et du manger, il faut d’une certaine façon avoir connu la soif et la faim. Chacun de nous a déjà connu l’expérience d’une soif intense, où il n’y a rien pour se désaltérer et quand cela dure longtemps, quel bonheur de pouvoir se désaltérer, ne serait-ce qu’avec un bon verre d’eau fraîche. Manger un bon repas quand on a vraiment faim, surtout si cela fait longtemps que l’on n’a pas mangé et surtout si le mets que nous mangerons est délicieux, c’est une belle expérience, une expérience réconfortante.

Un repas, c’est naturellement le boire et le manger, mais c’est plus, c’est surtout je dirai le contexte dans lequel nous le prenons ce repas, la présence d’êtres chers qui partagent ce repas avec nous ajoute à la joie du repas.

Le livre du Deutéronome nous raconte la longue marche du peuple choisi dans le désert. Durant 40 ans, ce peuple a été mis à l’épreuve, le Seigneur voulait lui faire connaître la pauvreté, l’éprouver, nous dit le texte, pour savoir ce qu’il avait dans le cœur. Il lui a fait sentir la faim pour lui donner à manger la manne et lui rappeler que l’être humain ne vit pas seulement de pain, mais de tout ce qui vient de la bouche du Seigneur.

Jésus a institué le sacrement de l’eucharistie le jeudi saint au soir, le moment était exceptionnel, c’était à la veille de sa passion, il était avec tous ses apôtres, il leur a partagé des enseignements extraordinaires comme ses derniers enseignements sur le sens du service et surtout il a institué le sacrement de l’eucharistie, où il donne son Corps et son Sang en nourriture. En plus, il nous invite à refaire fréquemment ce repas, que les premiers disciples appelleront la fraction du pain.

La Parole de Dieu nous nourrit, elle est essentielle dans nos vies de chrétiens et de chrétiennes. Si nous sommes nourris par la Parole de Dieu, nous sommes également nourrit par le sacrement de son Corps et de son Sang.

Jésus nous le dit solennellement aujourd’hui : « Amen amen, je vous le dis si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme et si vous ne buvez pas son sang, vous n’aurez pas la vie en vous. » Par la communion au Corps et au Sang du Christ, c’est vraiment la vie de Dieu, qui est en nous, qui est entretenue, qui devient renforcée. Dans la préface de ce jour, nous entendrons proclamer : « Quand tes fidèles communient à ce sacrement, tu les sanctifies. »

Le Corps du Christ nous est partagé sous l’espèce du pain et c’est pour cela que lorsque le prêtre vous présente l’hostie, il vous dit : le Corps du Christ et vous répondez AMEN. Ce qui veut dire que vous reconnaissez que ce que vous recevez ce n’est pas d’abord un morceau de pain, mais vraiment le Corps du Christ. Il arrive que des gens, par distraction, disent merci au lieu de dire Amen. Le Amen signifie vraiment que nous avons compris que ce que nous recevons c’est véritablement le Corps du Christ, qui nous permet de nous unir à lui et de communier à ce qu’il est et à son vouloir. Cet Amen est un acte de foi que nous faisons avant de communier au Corps du Christ.

Il faut naturellement certaines dispositions pour pouvoir recevoir en vérité le Corps du Christ, notamment il faut ne pas avoir brisé la communion fraternelle par notre péché ou rompu notre relation au Seigneur, sans avoir eu recourt au pardon de nos péchés.

Par ailleurs, il est vrai que nous nous ne sommes jamais vraiment digne de recevoir un tel sacrement et nous nous confions toujours à la grande miséricorde de Dieu, avant d’oser en approcher et nous disons : « Seigneur, je ne suis pas digne de te recevoir, mais dis seulement une parole et je serai guéri », chaque fois que nous nous approchons de la communion.

Nous avons les lois de l’Église qui nous éclairent sur ce que doit être notre comportement, nous avons aussi notre conscience, ce sanctuaire où nous sommes seuls avec Dieu qui nous éclaire. Il y a aussi toujours la possibilité d’avoir un bon échange avec un prêtre pour regarder en profondeur et voir comment nous pouvons nous situer en vérité devant ce grand sacrement de l’amour, où Jésus se donne à manger pour nous guérir et nous fortifier. Que l’Esprit, dont nous avons célébré l’envoi le dimanche de la Pentecôte, nous éclaire et nous convainque de la grandeur et de la nécessité de ce sacrement. Amen.

Fr. Bernard East, O.P.

 

PRIÈRE

Dieu notre Père,
tu nourris ceux qui ont faim,
tu ne renvoies pas le pauvre les mains vides.
Aujourd’hui, nous avons faim de toi, faim de te rencontrer,
faim d’entendre ta parole,
faim de recevoir le Pain de vie
comme le signe de ton amour pour nous
et comme la force d’aimer comme Jésus ton Fils.
Redis-nous aujourd’hui encore
combien toi aussi tu as faim de nous,
combien tu te réjouis de nous voir
et mets en nos cœurs ta joie et ton amour.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
qui vit et règne avec toi dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.