Homélie, jeudi, 9ème semaine du Temps Ordinaire

8 juin 2023

Examen de synthèse

Aujourd’hui, le frère Raymond Latour, O.P., examine avec nous l’interaction fascinante et inattendue de Jésus avec un scribe bon élève qui tire des conclusions plus que justes sur l’importance de l’amour pour Dieu et pour le prochain.
homelie

Homélie

C’est fou comme les impressions d’enfance sont tenaces. Juin reste lié à la fin des classes, à la période des examens avant le temps des vacances. Le scribe qui apparaît dans l’évangile n’est plus tout à fait un écolier. Mais peut-être est-il désireux de préparer son examen de synthèse. Il s’amène à Jésus avec la question de qui veut aller à l’essentiel : « Quel est le premier commandement? »

Est-il sincère ? Dans le fatras des commandements, veut-il s’y retrouver, établir un ordre de priorités ? Ou bien est-ce un test ? Jésus a dû le voir venir celui-là en s’imaginant qu’il voulait lui tendre un piège comme les autres, d’où cette réponse prudente tout droit tirée de l’Écriture. Une réponse quand même innovatrice en servant à son interlocuteur non pas un mais deux commandements sous la forme de « tu aimeras », le Seigneur ton Dieu et ton prochain. L’amour ne devait pas être au centre du curriculum de notre scribe. Mais à notre étonnement, peut-être aussi à celui de Jésus, il approuve la réponse, il la reprend et y ajoute sa propre compréhension : l’amour vaut mieux que toute offrande d’holocaustes et de sacrifices. De la bouche d’un scribe, c’est une affirmation surprenante, eux qui jusque-là s’étaient montrés si formels, si attachés aux pratiques extérieures de la Loi.

Voici donc qu’un scribe est parvenu à l’intelligence de ce que l’on peut considérer comme le cœur de l’évangile, le noyau dur de l’enseignement de Jésus qui tient dans ce seul mot « l’amour ». Il a réussi là où tous ses confrères de l’élite religieuse ont échoué. Il n’en a que plus de mérites. Pour un Nicodème ou un Joseph d’Arimathie, combien de scribes, pharisiens, docteurs de la Loi « durs de comprenure » ?

Que faire de ce scribe bien intentionné ? Il mériterait des félicitations. Mais Jésus semble encore méfiant à son égard. Il le quitte en lui disant : « tu n’es pas loin du Royaume de Dieu ». Le commentaire a-t-il valeur générale, manière de dire que tous, qui que nous soyons, ne devons jamais nous croire parvenus à destination ? Ou bien veut-il laisser entendre qu’il ne suffit pas de connaître les commandements, il faut encore les mettre en pratique ? Sans doute, mais Jésus n’insiste-t-il pas sur le caractère exceptionnel de ce scribe, lui disant que contrairement à ses confrères, puisqu’il a reconnu cet enseignement, il n’est pas loin, lui, du Royaume de Dieu ?

Chose certaine, dans ce passage d’évangile, Jésus établit un lien indissociable entre l’amour de Dieu et l’amour du prochain. Au terme de sa rencontre avec le scribe, il y va d’un autre lien tout aussi important : c’est l’amour de Dieu et du prochain qui nous met sur le chemin vers le Royaume de Dieu, qui nous en fait ressentir la proximité du Royaume… qui nous fait croire que nous marchons avec Dieu, que nous marchons ensemble vers le Royaume… et bien sûr que Dieu marche avec nous. L’amour est la grande vertu synodale.

Remercions ce scribe bon élève !

Fr. Raymond Latour, O.P.

 

PRIÈRE

Dieu éternel et tout-puissant, qui régis et le ciel et la terre,
exauce, en ta bonté, les supplications de ton peuple
et donne à notre temps la paix qui vient de toi.
nous accomplissions d’un cœur libre ce qui vient de toi
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
qui vit et règne avec toi dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.