3 juin 2023
Nous tenir debout
LIVRE DE BEN SIRA LE SAGE (51, 12c-20)
Je veux te rendre grâce et te louer,
je bénirai le nom du Seigneur.
Quand j’étais encore jeune
et que je n’avais pas erré çà et là,
aux yeux de tous j’ai cherché la Sagesse dans ma prière.
Devant le Temple, je priais pour la recevoir,
et jusqu’au bout je la rechercherai.
Depuis la fleur jusqu’à la maturité de la grappe,
elle a été la joie de mon cœur.
Mon pied s’est avancé sur le droit chemin ;
depuis ma jeunesse, je marchais sur ses traces.
Il m’a suffi de tendre un peu l’oreille pour la recevoir,
et j’y ai trouvé de grandes leçons.
Grâce à elle, j’ai progressé ;
je rendrai gloire à celui qui me donne la Sagesse.
J’ai résolu de la mettre en pratique,
ardemment j’ai désiré le bien,
et jamais je n’aurai à le regretter.
Pour elle, j’ai vaillamment combattu,
j’ai mis, à pratiquer la Loi, beaucoup d’exactitude.
J’ai levé mes mains vers le ciel,
j’ai déploré de la connaître si mal.
J’ai dirigé mon âme vers elle,
c’est dans la pureté que je l’ai trouvée.
Avec elle, dès le commencement, j’ai trouvé l’intelligence,
c’est pourquoi je ne serai jamais abandonné.s y sont restés fidèles grâce à eux.
Leur descendance subsistera toujours,
jamais leur gloire ne sera effacée.
ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT MARC (11, 27-33)
En ce temps-là, Jésus et ses disciples revinrent à Jérusalem. Et comme Jésus allait et venait dans le Temple, les grands prêtres, les scribes et les anciens vinrent le trouver. Ils lui demandaient : « Par quelle autorité fais-tu cela ? Ou alors qui t’a donné cette autorité pour le faire ? »
Jésus leur dit : « Je vais vous poser une seule question. Répondez-moi, et je vous dirai par quelle autorité je fais cela : le baptême de Jean venait-il du ciel ou des hommes ? Répondez-moi. » Ils se faisaient entre eux ce raisonnement : « Si nous disons : “Du ciel”, il va dire : “Pourquoi donc n’avez-vous pas cru à sa parole ?” Mais allons-nous dire : “Des hommes” ? » Ils avaient peur de la foule, car tout le monde estimait que Jean était réellement un prophète. Ils répondent donc à Jésus : « Nous ne savons pas ! »
Alors Jésus leur dit : « Moi, je ne vous dis pas non plus par quelle autorité je fais cela. »
Homélie
Les récits évangéliques font régulièrement mention des confrontations de Jésus avec les autorités religieuses de Jérusalem. Derrière ces confrontations, remonte régulièrement la même question : Jésus vient-il de Dieu ou n’est-il qu’un faux prophète? Cette question, les autorités l’avaient aussi posée face à Jean Baptiste. Mais, avec Jésus, ces autorités se sont senties davantage bousculées. Car Jésus n’intervenait pas que le long du Jourdain. Il se déplaçait sur tout le territoire d’Israël et faisait des incursions en territoire païen. Partout il opérait des guérisons et remettait en question le légalisme excessif des pharisiens et des docteurs de la Loi. Puis, au cœur du haut-lieu de la religion juive, le Temple de Jérusalem, voilà qu’il se permettait aussi de questionner certaines pratiques religieuses et des interprétations traditionnelles de la Loi de Moïse. Il contestait donc ouvertement l’autorité des personnes qui avaient le contrôle des institutions juives en place. D’ailleurs, tout juste avant la présente confrontation avec les grands prêtres et les scribes, on observe que Jésus venait de chasser les vendeurs du Temple, et ce, sans avoir demandé la permission à qui que ce soit : « N’est-il pas écrit : Ma maison sera appelée maison de prière pour toutes les nations? Mais vous, vous en avez fait une caverne de voleurs. » (Mc 11,17)
Nous connaissons la suite. Les autorités religieuses, à la différence des gens du peuple, ne se sont pas laissées véritablement interpellées. La vision que Jésus proposait remettait trop en question leurs intérêts religieux et politiques. Ils détenaient un pouvoir qui comportait beaucoup de retombées positives. Ils ne voulaient pas s’en départir. Ce qui les intéressait surtout, ce n’était pas de savoir si Jésus était vraiment l’envoyé de Dieu, le Messie annoncé, mais de protéger leurs acquis. Le souci de la vérité était étouffé par la volonté de protéger leur rôle traditionnel et leur statut en Israël. D’où les stratégies utilisées de leur part pour se débarrasser de Jésus.
Le rejet qu’a connu Jésus, il a été expérimenté régulièrement, au long des siècles, dans toutes les sociétés humaines où l’Évangile a été proposé. Ce rejet, il a surtout été exprimé par les autorités politiques et économiques ainsi que par les responsables des religions païennes. Les exemples sont nombreux. Les régimes politiques totalitaires – guidés par des idéologies matérialistes surtout – ont cherché à étouffer toute expression publique de la foi au Christ Jésus. C’est dire que le drame vécu par Jésus a été régulièrement re-vécu, d’une certaine façon, par des communautés chrétiennes. Elles ont été confrontées à l’aveuglement spirituel, à la malice humaine et à la persécution. Et cela continue.
À la question : Jésus venait-il de Dieu? Beaucoup de gens aujourd’hui ne cherchent pas à y répondre véritablement. Dans le contexte actuel, ces gens ont appris à miser sur la recherche de la sécurité existentielle et sur un bonheur terrestre immédiat. Une telle situation constitue un défi missionnaire énorme pour les communautés chrétiennes qui sont fières d’avoir rencontré le Christ Jésus. Elles en souffrent, car la Vérité de la destinée humaine est étouffée. Et elles voient bien, sur le terrain, comment la foi au Christ engendre une libération du cœur et une vision grandiose de l’avenir sur les traces du Christ Jésus.
Que notre Eucharistie nous donne la force de nous tenir debout dans l’expression explicite de notre foi!
Fr. Jean-Louis Larochelle, O.P.
PRIÈRE
Seigneur Dieu,
tu as fait du sang des martyrs une semence de chrétiens ;
accorde à ton Église, terre féconde arrosée
par le sang de saint Charles Lwanga et de ses compagnons,
de t’offrir une moisson toujours abondante.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
qui vit et règne avec toi dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.
∞ Amen.