Homélie, jeudi, 8ème semaine du Temps Ordinaire

1er juin 2023

La foi pour voir avec le cœur

Aujourd’hui, Gustavo Adolfo Garay Ortega nous invite à examiner notre capacité à accepter nos responsabilités de messagers de la Parole Dieu en prenant en exemple le cas de l’aveugle Bartimée.
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Commentaire

Depuis mardi, nous avons commencé la lecture du chapitre 10 de l’évangile de Marc, où Jésus explique aux disciples ce que signifie être à sa suite et la façon d’assumer correctement leur rôle dans le projet du Règne de Dieu. Aujourd’hui, les disciples – et nous aussi, avec eux – seront confrontés à la réalité concrète d’être des personnes au service de l’Évangile.

Jésus continue sa montée vers Jérusalem. Lorsqu’il arrive à Jéricho, il fera la rencontre de Bartimée, un aveugle condamné à mendier pour vivre, un homme marginalisé, dans son petit coin au bord du chemin. Jéricho est une ville de passage pour les pèlerins qui prennent le chemin pour Jérusalem; c’est un chemin toujours rempli de personnes venues de Galilée et des environs. Bartimée est à la sortie de la ville en attente des gens qui passent.

Notons quelques aspects intéressants : d’abord, on connait son nom et sa famille. Très peu de personnes dans les évangiles sont mentionnées de manière aussi précise. Ensuite, il est sur le chemin, mais jamais en chemin : l’aveugle n’a pas de chemin à suivre. Éventuellement, à cause de son itinérance, Bartimée entendra parler de Jésus de Nazareth; l’incapacité de voir ne l’empêche pas d’écouter et de comprendre ce que les autres disent. Plus encore, il est capable d’avoir la foi malgré son aveuglement : « heureux ceux qui croient sans avoir vu! » (Jn 20, 29).

Le texte biblique nous laisse imaginer que Jésus est reconnu en traversant la ville et qu’à son passage, les gens le suivent et s’agglomèrent jusqu’à devenir une foule nombreuse. Il ne faut pas oublier que Jésus a l’habitude d’enseigner auprès des foules (Mc 10,1b), chose qu’il a probablement faite avant de reprendre la route avec ses disciples, direction la ville sainte. Depuis les portes de Jéricho, Bartimée perçoit le bruit de la foule et, comprenant que Jésus est la cause de cet attroupement, ne veut pas rater l’occasion de lui demander un miracle. Curieusement, contrairement à la foule, l’aveugle a vu en Lui l’accomplissement messianique tant attendu et commence à invoquer la miséricorde de Dieu. Et miracle! Jésus s’arrête et lui dit : « Que veux-tu que je fasse pour toi? ». Jésus lui offre une opportunité de changer sa situation personnelle. À première vue, ce qu’il désire semble plutôt évident : retrouver la vue, mais la question du Maître est quand-même très pertinente, car elle sous-entend la liberté de faire un choix.

Cette question nous est souvent posée à nous aussi! Combien de fois demandons-nous l’aide de Dieu, mais ne sommes pas disposés à prendre la part de responsabilité qui nous correspond? Nous voulons le changement sans faire le moindre effort ou prendre le risque de nous engager. Bartimée a laissé tout ce qu’il avait (son manteau et son bâton) et, en bondissant, a couru vers Jésus. N’oublions pas qu’il est aveugle! Dans quelle direction courir? Sa foi l’a guidé. Bartimée attendait et croyait en la miséricorde de Dieu. Il voulait se mettre en chemin, lui aussi, et c’est justement ce qu’il a fait une fois guéri. Il suivait Jésus sur les sentiers battus, mais surtout sur le chemin de sa foi en Dieu.

C’est un passage très touchant, mais aussi très interpellant! Au début, je mentionnais que le récit de l’évangile nous amènerait à confronter notre réalité de personnes au service du Règne et à la suite du Christ. C’est un sujet très délicat mais très réel dans la vie de toute communauté croyante. En effet, l’attitude de Bartimée est un exemple à suivre, mais qu’en est-il des autres? Dans la foule qui suivait Jésus, y compris les disciples, l’évangéliste décrit deux types d’attitudes : d’abord, celle de « beaucoup de gens » qui rabrouaient l’aveugle « pour le faire taire », et deuxièmement, celle des autres qui ont écouté Jésus lorsqu’il leur a dit : « Appelez-le! » et qui ont effectivement appelé l’aveugle en disant : « confiance, lève-toi ; il t’appelle ».

Dans toute communauté ou groupe de disciples du Seigneur, nous retrouvons des gens qui chercheront à faire taire et des gens qui vont encourager les autres à aller se présenter devant Jésus. Certains veulent garder Jésus ou Dieu comme un objet personnel ou qui sont effrayés d’être dérangés dans leurs habitudes ritualistes. Mais d’autres réagissent à la Parole de Jésus en encourageant les personnes défavorisées à prendre leur responsabilité « lève-toi : il t’appelle » et en les aidant à faire le saut de l’aveugle et à courir à la rencontre de leur vie.

De mon côté, comme croyant et disciple du Christ, j’espère être dans le deuxième groupe. Le risque est immense lorsqu’on est en position d’autorité dans une communauté de tomber dans une attitude répressive. Être au service de ceux et celles dans le besoin, devenir facilitateurs de la rencontre avec Jésus, c’est contraire à la tendance sociale où personne ne veut perdre la face devant les autres. Souvent on a peur d’agir ou de dire quoi que ce soit parce qu’on est rapidement jugés à la moindre erreur. En tout cas, c’est le souhait que je fais, pour moi et pour vous, lorsque nous sommes au service de l’Évangile : encourager et motiver la foi de tous les Bartimée de notre époque pour qu’ils aillent à la rencontre du Christ Sauveur; c’est Lui qui fait la différence dans une vie. Et lorsqu’on est devant Lui avec une question fondamentale, que nous ayons la foi pour voir avec le cœur ce que nous ne sommes pas capables de voir avec les yeux!

Gustavo Adolfo Garay Ortega

 

PRIÈRE

Seigneur Dieu,
par la folie de la croix, tu as donné, de manière admirable,
au bienheureux martyr Justin
une très haute connaissance de Jésus Christ ;
accorde-nous, à son intercession,
de rejeter les erreurs qui nous entourent,
et d’être affermis dans la foi.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
qui vit et règne avec toi dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.