29 mai 2023
La maternité spirituelle
LIVRE DES ACTES DES APÔTRES (1, 12-14)
Les Apôtres, après avoir vu Jésus s’en aller vers le ciel,
retournèrent à Jérusalem
depuis le lieu-dit « mont des Oliviers » qui en est proche,
– la distance de marche ne dépasse pas ce qui est permis le jour du sabbat.
À leur arrivée, ils montèrent dans la chambre haute
où ils se tenaient habituellement ;
c’était Pierre, Jean, Jacques et André,
Philippe et Thomas,
Barthélemy et Matthieu,
Jacques fils d’Alphée, Simon le Zélote, et Jude fils de Jacques.
Tous, d’un même cœur, étaient assidus à la prière,
avec des femmes, avec Marie la mère de Jésus,
et avec ses frères.
ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT JEAN (19, 25-27)
En ce temps-là, près de la croix de Jésus se tenaient sa mère et la sœur de sa mère, Marie, femme de Cléophas, et Marie Madeleine. Jésus, voyant sa mère, et près d’elle le disciple qu’il aimait, dit à sa mère : « Femme, voici ton fils. » Puis il dit au disciple : « Voici ta mère. » Et à partir de cette heure-là, le disciple la prit chez lui.
Homélie
En novembre 1964, lors du discours d’approbation de la Constitution dogmatique sur l’Église « Lumen Gentium », le pape Paul VI a tenu à vénérer la Vierge Marie sous un nouveau vocable ou titre : celui de « Mère de l’Église ». Il a ainsi voulu, avec les pères du Concile, faire ressortir la coopération de Marie à l’œuvre du salut et, en plus, insister sur la maternité spirituelle de Marie vis-à-vis des disciples du Christ et de tous les êtres humains (cf. LG 53-69).
Son intervention visait d’une part à enrichir en quelque sorte la dévotion à la Vierge Marie mais, d’autre part, à encadrer cette dévotion qui avait connu des « dérapages théologiques » dans certains mouvements mariaux au cours des décennies précédentes. Entre autres, on rencontrait, dans certains milieux d’Église, l’affirmation selon laquelle Marie était co-rédemptrice du genre humain. En regard de cette vision, le pape Paul VI, en accord avec les pères du Concile, a reconnu la coopération concrète, historique de Marie à l’œuvre du salut. Mais, tout en reconnaissant cette coopération de la Vierge Marie à l’œuvre du salut, il a bien indiqué qu’elle ne pouvait pas, pour autant, être reconnue comme co-rédemptrice du genre humain. Voici la justification apportée : « Unique est notre Médiateur selon les paroles de l’Apôtre : ‘ Car il n’y a qu’un Dieu, il n’y a aussi qu’un Médiateur entre Dieu et les hommes, l’homme Jésus Christ, qui s’est donné lui-même en rançon pour tous ‘ (I Tm 2,5-6) » (LG 60). En d’autres termes, on ne peut pas et on ne doit pas faire de la Vierge Marie l’égale du Christ Jésus dans la réalisation du salut du monde.
Retenons toutefois que l’affirmation de la maternité spirituelle de la Vierge Marie a été clairement exprimée. Reprenant les propos du Concile Vatican II, le théologien Manuel Rivero les a résumés de la manière suivante : « Si Marie est mère de Jésus, elle est aussi la mère de l’Église. Étant la Mère de la Tête du Corps elle demeure aussi la Mère du reste du Corps, les membres unis au Christ par la foi et le baptême. S’il n’est pas possible de séparer la Tête du Corps, il n’est pas possible non plus de séparer la maternité divine de Marie de sa maternité spirituelle envers le Corps de son Fils Jésus, l’Église » (La Vierge Marie, Mère de l’Église, ZENIT – français, 11 mai 2021).
Cette vision du rôle bien particulier de Marie dans l’œuvre du salut s’inscrit dans la logique même du mystère de la Rédemption. En honorant Marie, c’est le Christ Jésus que nous honorons d’abord et avant tout. Car c’est par lui que le salut a été accordé à l’humanité. Il reste que l’Église catholique n’a jamais cessé d’inviter ses membres à honorer la Vierge Marie, à l’imiter dans sa foi et son espérance, et à savoir lui rendre un culte par la prière. Rappelons-nous que Jésus, en disant à sa mère : « Femme, voici ton Fils », il lui a donné mission d’être « mère spirituelle » du disciple Jean et, du même coup, d’être mère spirituelle de toutes les autres personnes qui sont devenues, par la suite, disciples de Jésus.
Que notre célébration eucharistique nous aide à nous réjouir de ce que Dieu a réalisé et réalise encore par l’intermédiaire de Marie, mère de l’Église!
Fr. Jean-Louis Larochelle, O.P.
PRIÈRE
Dieu, Père de toute miséricorde,
ton Fils unique, cloué sur la croix,
a voulu que la bienheureuse Vierge Marie, sa Mère,
soit aussi notre mère ;
accorde à ton Église, soutenue par son amour,
la joie de donner naissance à des enfants toujours plus nombreux,
de les voir grandir en sainteté et
d’attirer à elle toutes les familles des peuples.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
qui vit et règne avec toi dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.
∞ Amen.