Homélie, jeudi, 7ème semaine du Temps Pascal

25 mai 2023

Prière exaucée

Aujourd’hui, le frère Raymond Latour, O.P., nous explique que la prière de Jésus au Père, dans ses derniers moments avec ses disciples, est exaucée par la Pentecôte et par tout chrétien qui vit en union avec le Père et selon sa Parole.
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Homélie

La prière dite « sacerdotale » de Jésus nous accompagne dans ces jours qui précèdent la Pentecôte. Elle suit, comme on le sait, un très long discours de Jésus, un discours-testament. Sur le ton de la confidence, sachant que son heure était venue, Jésus embrasse ses disciples du regard et les invite à garder sa parole, à demeurer dans son amour.

Soudainement, le discours se transforme en prière : « les yeux levés au ciel, Jésus priait… » Les évangiles nous rapportent souvent des scènes de Jésus en prière mais ne nous en livrent pas toujours le contenu. Cette fois, la prière est audible par le groupe des disciples. Elle les concerne. Jésus prie pour eux, et pour toutes les personnes qui recevront leur témoignage. Il prie pour nous aussi.

Pourquoi ce passage du discours à la prière? Tout ce qui est dit dans la prière aurait pu être intégré dans le discours : « Je prie pour vous, pour que vous soyez un, pour que vous soyez toujours avec moi, dans mon amour ». De fait les éléments de la prière se retrouvent aussi dans son discours. Dans sa prière, Jésus se situe à la fois devant ses disciples et devant son Père. Il y a une continuité dans son rapport avec eux et avec son Père. De même que Jésus a voulu accomplir la volonté du Père de tout rassembler en son amour, il souhaite au moment de son départ que les disciples s’engagent aussi dans cette voie. C’est un souhait, c’est une prière. Qu’est-ce qu’une prière sinon un souhait devant Dieu?

Les disciples sont implicitement invités à faire leur la prière de Jésus.

Cette prière en présence des disciples est aussi une expression de son amitié. Il partage avec eux l’espace de communion qui existe entre son Père et lui. Les disciples ne sont pas des intrus, des indiscrets. Jésus les recueille dans sa prière, leur présence même en constitue un élément, aussi bien que les mots qu’il prononce. « Tout ce qui est à moi est à toi, et tout ce qui est à toi est à moi » a-t-il bien dit au début de sa prière.

Nous ne prions pas autrement que Jésus. Nous sommes, par l’action de l’Esprit, dans le même lieu de communion avec le Père. C’est pourquoi Paul a raison de dire que nous prions sans cesse, puisque nous habitons cet espace, en permanence. C’est de là que nous vivons notre vie. En apparence, il y a comme une séquence extériorité-intériorité, action-contemplation, mission-prière. Mais ce mouvement est unifié, l’un se déverse dans l’autre, insensiblement. Tout ce que nous disons, tout ce que nous faisons, participe de cette vie, de cette communion. Tous les événements de notre vie, heureux et malheureux, servent de matériaux pour approfondir, enrichir cet espace qui nous accueille et nous recueille.

Jésus s’en remet à son Père pour ce que nous appellerions « la suite des choses ». Il ne sera plus là, physiquement présent pour infléchir l’action de ses disciples. Il est un peu face à ses disciples comme des parents devant des enfants parvenus à l’âge adulte. Par son discours, il leur a servi en condensé le sens de sa mission et celui de la mission qui s’ouvre à eux désormais. Mais se souviendront-ils de sa parole? Auront-ils la force de la garder, le courage de la proclamer? Il y a dans la prière de Jésus un acte d’abandon à son Père.

L’événement de la Pentecôte est l’exaucement de la prière de Jésus. La mission en est le lieu de vérification.

À temps et à contretemps, Paul a témoigné de la résurrection. Avec une grande force de conviction, il annonçait Jésus Christ mort et ressuscité aussi bien devant un public juif que devant les païens. La réception était parfois enthousiaste, parfois froide, souvent violente.

Paul ne manquait pas de ressources pour se tirer d’affaire, comme on l’a vu dans la première lecture. Son affirmation sur la résurrection des morts lui avait valu une certaine déconfiture auprès de son public grec. Cette fois-ci, il livre le problème en pâture aux pharisiens et aux sadducéens qui s’opposaient sur la question. Il n’était pas encore au bout de ses peines comme le lui confiait le Seigneur : « Courage! Le témoignage que tu m’as rendu à Jérusalem, il faut que tu le rendes aussi à Rome ». C’est sans doute dans la prière qui a suivi l’épisode rapporté que Paul a reçu cette parole qui l’engageait à continuer sa course, à persévérer dans toutes les adversités.

Paul ira jusqu’au bout de sa route, porté par l’amour de Celui dont il a fait connaître le nom. La prière d’intercession de Jésus avait pour objet Paul et tous les missionnaires de l’Évangile, ceux qui, par leur parole ont amené des hommes et des femmes de tous peuples et de toutes nations à former une communion dans l’amour du Père et du Fils, par l’Esprit.

La prière de Jésus a été entendue. C’est pourquoi, depuis la Pentecôte, l’amour du Dieu-Père-Fils et Esprit-Saint continue de se répandre sur l’humanité. Nous avons aussi à faire entendre la prière de Jésus pour que se réalise sa volonté d’unité et de communion.

Fr. Raymond Latour, O.P.

 

PRIÈRE

Nous t’en prions, Seigneur,
que ton Esprit, dans sa puissance,
répande en nous les dons spirituels ;
qu’il change notre cœur en un cœur qui te plaise,
parfaitement accordé à ta volonté.
Par Jésus le Christ, ton Fils, notre Seigneur.
lui qui vit et règne avec toi
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.