Homélie, lundi, 7ème semaine du Temps Pascal

22 mai 2023

Envoyés pour engendrer la Vie

Aujourd’hui, le frère Jean-Louis Larochelle, O.P., nous explique que Jésus, entrevoyant les difficultés et les joies que ces disciples vivraient à cause de leur mission, cherchait à les rassurer.
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Homélie

Au moment de quitter les siens, Jésus cherche à affermir leur foi chambranlante. Il faut dire que ces derniers n’ont pas encore fait la rencontre du Jésus ressuscité. Jésus est encore là, devant eux. Il leur fait ses adieux. Mais lui, il entrevoit bien ce par quoi ses apôtres vont passer. Il sait qu’ils connaîtront un sort semblable au sien. Il sait qu’ils feront non seulement l’expérience de la persécution mais celle, plus large, de l’impact des forces du mal à l’intérieur des sociétés où ils seront en mission. Il les invite donc à prendre courage en leur disant : « J’ai vaincu le monde » (Jn 16, 33b). En d’autres termes, Jésus affirme que, par sa venue dans ce monde comme envoyé du Père, la mort et le mal sont déjà vaincus. Pas immédiatement, il faut le reconnaître. Mais lors du Jugement final, cette victoire grandiose éclatera aux yeux des humains. La gloire de Dieu, avec sa puissance de vie et d’amour, récapitulera ce monde qui avait été jusqu’alors en gestation.

Mais si Jésus entrevoit bien les épreuves futures des siens, il entrevoit en même temps les joies qu’ils connaîtront dans leur mission évangélisatrice. Avec l’annonce du salut en Jésus Christ, ils verront des hommes et des femmes se faire disciples de Jésus et, en plus, ils observeront ces mêmes hommes et femmes en train d’apprendre à vivre de l’Évangile. Ils auront la joie de voir les convertis apporter une libération réelle des forces du mal dans les milieux où ils seront présents. Ils verront des couples et des familles vivre de charité, ils verront des communautés chrétiennes prendre corps et influencer les valeurs et les pratiques quotidiennes des gens de leur entourage. Ils seront ainsi remplis de reconnaissance. Car ils verront, de leurs yeux, la force de l’Esprit Saint guérir petit à petit le monde blessé dans lequel ils auront alors à vivre. Ils y trouveront la paix que Jésus leur avait souhaitée : « Je vous ai dit tout cela pour que vous trouviez en moi la paix ». (Jn 16,33a)

Être envoyés pour engendrer la Vie selon le cœur de Dieu, c’est sans doute de cette façon que les apôtres ont saisi, à la suite du départ de Jésus, leur mission propre. En conséquence, ils ont compris qu’ils ne devaient pas se comporter comme des personnes écrasées par la violence, l’injustice ou la peur. Leur mission leur demandait de ne pas accepter de simplement plier l’échine devant le poids du mal, mais de risquer d’agir pour qu’une vie renouvelée puisse germer dans le monde de leur temps. En agissant ainsi, au cœur de situations parfois dramatiques, ils pourraient découvrir vraiment la joie du salut en action (cf. Jn 16, 22).

Le cheminement des apôtres, nous sommes invités à le faire au cœur de la société actuelle. Le projet de Dieu pour l’humanité est mal accueilli présentement, et ce, même dans les sociétés marquées longuement par le christianisme. Cela fait mal aux chrétiens et chrétiennes qui ont misé sur le Christ Jésus comme voie de libération et de salut. Malgré cette situation difficile, les croyants et croyantes sont incités à tenir ferme, c’est-à-dire à ne jamais cesser de rendre témoignage en s’appuyant sur la force de l’Esprit qui travaille tout à la fois leurs vies personnelles, leurs communautés chrétiennes et le monde contemporain. C’est cette force que nous accueillons dans la présente célébration de l’Eucharistie.

Fr. Jean-Louis Larochelle, O.P.

 

PRIÈRE

Seigneur, nous t’en prions :
que vienne sur nous la force de l’Esprit Saint,
pour que nous puissions garder fidèlement ta volonté
et la traduire en actes par une vie fervente.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
qui vit et règne avec toi dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.