Homélie, dimanche, 6ème semaine du Temps Pascal

14 mai 2023

« Je ne vous laisserai pas orphelins »

Aujourd’hui, Sylvie Latreille, L.O.P., compare le repas de Fêtes des mères, leur amour et leurs soins au dernier repas de Jésus, suivi de ses paroles rassurantes avant son départ au ciel.
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Homélie

En ce moment, de nombreuses familles sont rassemblées autour d’un repas festif pour célébrer le dimanche de la fête des Mères. Que ce soit dans l’intimité de la maison, dans un endroit public, tels les restaurants forts occupés en ce dimanche de mai ou ici même, dans l’église conventuelle des Dominicains, nous célébrons nos mamans. Peu importe leur âge, leur origine, leur histoire, des plus jeunes aux plus âgées, c’est une occasion spéciale de leur manifester notre amour. Que notre maman soit encore parmi nous ou qu’elle se retrouve au banquet du Royaume de Dieu, son amour habite nos cœurs et nos pensées pour toujours. Très souvent, ne sont-elles pas des inspiratrices de l’esprit de famille?

D’ici peu de temps, ce sera la fin du repas de fête. Alors, ce sera l’heure des remerciements, des « au revoirs », le temps des bisous et des enlacements. Ah! Oui, je me souviens aussi que c’est le moment privilégié de recevoir des petits messages, des souhaits, des recommandations que les mamans aiment donner à leurs enfants avant de les laisser aller. Sans oublier les mots de réconfort et même l’expression de promesses à venir. « On se revoit bientôt. N’oublie pas de me téléphoner pour me donner de tes nouvelles? — Oui, oui, promis! » Une chose est certaine, des souvenirs s’imprègnent dans nos mémoires et nos esprits.

N’est-ce pas ce que fait Jésus, entouré de ses disciples autour de la table, la veille de sa mort? L’évangéliste Jean nous présente une scène intime dans laquelle Jésus communique un message aux siens. Cet entretien se déroule après un repas de communion et de commémoration qu’ils viennent de vivre ensemble.

Ayant prononcé les paroles de bénédiction et partagé le pain et le vin, l’heure est grave. Judas a quitté la table. C’est alors que Jésus s’adresse directement aux siens. Précédemment, il leur avait dit : « mes petits enfants, je ne suis plus avec vous que pour peu de temps », comme le rapporte l’évangéliste Jean au chapitre 13. L’annonce d’un départ d’une personne bien-aimée est source d’inquiétude et peut-être, d’incompréhension, une nouvelle difficile à entendre. Cependant, toute parole de réconfort apaise des sentiments éprouvés par une telle annonce. C’est alors que Jésus prononce des paroles fortes : « Je ne vous laisserai pas orphelins (…). »

Avez-vous remarqué que Jésus réfère au pronom « Vous » dans son message? « Si vous m’aimez, vous garderez mes commandements; moi, je prierai le Père: il vous donnera un Défenseur qui restera avec vous pour toujours. » Jésus prononce le pronom personnel « vous » 17 fois dans ce court passage de l’entretien suprême. Le vous est loin d’être impersonnel. Le « vous » est à l’intention de Pierre, de Jacques et de Jean. Le vous, c’est aussi André, Mathieu, Thomas. Le vous, ce sont ceux qu’il a choisis : à Mathieu, Jésus de dire : « Suis-moi. » Mt 9, 9. À Pierre et à André : « Suivez-moi. Je ferai de vous, des pêcheurs d’hommes. » Mt 4,19. La dimension communautaire prend toute son importance dans cet entretien ultime de Jésus à ses proches. Le Défenseur que le Père vous donnera « restera toujours avec vous. Vous, vous le connaissez… ». Un argument de taille. C’est comme si Jésus laisse sous-entendre à chacun de ses disciples que, même s’il fallait qu’un d’entre eux oublie, la communauté des disciples pourra lui rappeler cette présence de l’Esprit de Vérité.

Que va-t-il donc leur arriver « dans le vaste procès que le monde poursuit contre eux », comme le souligne le commentateur? La mission de l’Esprit de Vérité leur est déjà connue puisqu’il demeure auprès d’eux. L’Esprit de Vérité leur sera donné « sans limitation de temps, pour toujours ». Il sera « garant et protecteur de la communion avec le Christ Ressuscité ». Même si le monde est incapable de le reconnaître et de le recevoir, eux, les disciples du Seigneur, en seront les témoins.

Grâce à l’Esprit de Vérité, le Seigneur leur confirme cette promesse : « Vous, vous me verrez vivant et vous vivrez vous aussi. » Une promesse de vie. Ils partageront sa nouvelle vie. Pour l’évangéliste Jean, le commentateur précise que « la vie du ressuscité constitue déjà la vie éternelle ».

Comme le proclamera Pierre à la Pentecôte : « Ce Jésus, Dieu l’a ressuscité, nous tous en sommes témoins. Exalté par la droite de Dieu, il a donc reçu du Père l’Esprit Saint promis et il l’a répandu comme vous le voyez et l’entendez. » Ac 2, 32-33.

C’est sous le souffle de l’Esprit que Philippe est comme envoyé en Samarie. Dans la première lecture, nous avons entendu que Philippe annonce la Bonne Nouvelle aux Samaritains, il témoigne du Ressuscité en guérissant les malades, en délivrant des esprits impurs. Alors, que s’est-il donc passé? « Il y eut dans cette ville une grande joie. » La joie! N’est-elle pas un des fruits de l’Esprit? Avec l’amour, la paix, la bonté, la patience, la bienveillance, l’humilité, la douceur?

C’est aussi sous le souffle de l’Esprit qu’à leur tour, Pierre et Jean rejoignent Philippe en Samarie. Que font-ils? « Ils prient avec les Samaritains, leur imposent les mains afin que l’Esprit descende sur les personnes qui avaient accueilli la Parole de Dieu. »

Cette promesse du don de l’Esprit que le Père a tenue, promesse déjà réalisée en Jésus le Christ Ressuscité, s’adresse à nous encore aujourd’hui. À notre baptême, nous avons été baptisés « au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit ».

Ici même, dans l’église conventuelle, nous avons été témoin de la confirmation de Léonore lors de la célébration de l’aurore pascale. Par l’onction de l’huile sainte appliquée sur le front de Léonore, Mgr Faubert a prononcé ces paroles : « Léonore, sois marquée de l’Esprit Saint. » À l’instar de l’apôtre Pierre, nous pourrions affirmer : « Nous en sommes témoins. » Rappelons l’éclatement de joie de toute l’assemblée sous des applaudissements chaleureux. Bientôt, notre belle assemblée aura le privilège de se réjouir à nouveau, au moment de la confirmation de Camila et celle de Thomas, lors du dimanche de la Pentecôte.

Ce soir, en cette fête des mères, rappelons-nous de tous ces moments de joie au souffle de l’Esprit vécus dans nos familles malgré nos limites humaines et nos fragilités. Rappelons-nous de tous ces moments de joie au souffle de l’Esprit vécus dans votre communauté étudiante du CéBL. Rappelons-nous de tous ces moments de joie vécus en ce lieu avec les frères dominicains proches de vous.

Nous sommes rassemblés autour de la Table de l’Eucharistie, tout comme les disciples avec Jésus le soir du jeudi saint. Nous sommes rassemblés autour d’un repas de fête tout comme les familles avec leurs mères en ce dimanche soir.

Prions le Seigneur de les aimer tendrement, de les combler de bénédictions et d’en prendre soin. Quelle grâce de célébrer la fête des mères avec vous, ce soir.

Sylvie Latreille, L.O.P.

 

PRIÈRE

Dieu notre Père,
accorde-nous, en ces jours de fête,
de célébrer avec ferveur le Christ ressuscité;
Tiens-nous dans le souffle de ton Esprit,
afin que le mystère de Pâques,
dont nous faisons mémoire,
reste présent dans notre vie et la transforme.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
qui vit et règne avec toi dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.