Homélie, mardi, 5ème semaine du Temps Pascal

9 mai 2023

Le feu de la paix

Aujourd’hui, le frère André Descôteaux, O.P., nous invite à accueillir en nous la paix que Jésus nous offre, cette paix intérieure du disciple fidèle, une paix féconde qui pousse à l’action, à l’image de saint Paul.
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Homélie

Dans les Actes des Apôtres, nous voyons Paul connaître un certain succès à Lystres. Mais voilà que des Juifs déchaînent la foule contre lui au point de le lapider. Paul survit. Même s’il ne devait pas être beau le lendemain, il ne se cache pas. Il ne se laisse pas abattre. Il repart de plus belle et va prêcher l’Évangile ailleurs. Plus fort encore, il revient à Lystres quelque temps plus tard pour soutenir la foi des disciples qu’il y a laissés. Et c’est là qu’il prononce ces paroles : « il nous faut passer par bien des épreuves pour entrer dans le Royaume de Dieu ».

Nous savons ce que Paul a subi durant l’entièreté de son ministère. Lui-même le décrit dans la deuxième lettre aux Corinthiens : fatigues, prisons, coups, cinq fois 39 coups de fouet, une lapidation, trois naufrages, dangers des fleuves, dangers des brigands. Quand Paul évoque les épreuves à traverser pour entrer dans le Royaume, il parle d’expérience. Et pourtant c’est lui qui écrira : je déborde de joie dans toutes nos détresses.

Comment ne pas entendre Jésus lui-même quand il proclamera dans les Béatitudes « Heureux êtes-vous lorsqu’on vous insulte et vous persécute à cause de moi. Soyez dans la joie et l’allégresse! »

Dans la même veine, le Seigneur dirait aujourd’hui à Paul : « je te laisse la paix, je te donne ma paix. Ce n’est pas à la manière du monde que je te la donne. Que ton cœur ne soit pas bouleversé ni effrayé ».

Malgré les épreuves, malgré sa passion qui se profile, le Christ promet la paix. Ce n’est pas la paix universelle, cette paix sans guerre que nous espérons si profondément, mais la paix du cœur du disciple, la paix de la nouvelle communauté. Cette paix n’est pas menacée par les événements du monde. Elle n’est pas soumise aux aléas de la vie ou aux jeux de pouvoir. Elle ne peut être anéantie par le monde, car il s’agit de ‘sa’ paix, de la paix du Christ lui-même qu’il donne. Si, dans la perspective de son départ, Jésus a déjà voulu réconforter ses disciples en leur promettant de revenir pour les conduire dans la maison du Père où il y a beaucoup de place, aujourd’hui il fait de même, mais, cette fois, en leur promettant de leur donner sa paix.

Le Prince de ce monde pourra s’acharner sur eux, comme il le fera sur le Christ, mais c’est le Christ qui a le dernier mot : croyez. Restez dans ma paix! N’ayez pas peur d’affronter le Prince de ce monde. Non seulement j’ai vaincu le monde, mais je vous donne ma paix.

Le pape François, commentant ce passage, ne considère pas cette paix comme un trésor qui nous renferme sur nous-mêmes, comme une paix solitaire, une paix qui tranquillise, une paix anesthésiante, une paix égocentrique.

Elle est, pour le pape François, une paix qui, au contraire, met en mouvement, qui ‘fait aller auprès des autres, qui crée la communauté’. Une paix féconde.

Saint Paul est, me semble-t-il, l’exemple du disciple du Christ, habité par la paix de celui-ci, et qui part, qui affronte les épreuves et qui non seulement demeure habité par la paix mais qui la communique dans toutes ces communautés qu’il met sur pieds. Au point que, réunis avec l’Église d’Antioche, lui et Barnabé ‘rapportèrent tout ce que Dieu avait fait avec eux, et comment il avait ouvert aux nations la porte de la foi’.

À notre tour, accueillons ce don de la paix du Seigneur, partageons le feu habitant le cœur de l’apôtre Paul, pour que, malgré un milieu indifférent, se fermant de plus en plus à la foi, nous ne cessions de leur ouvrir la porte du Royaume!

Fr. André Descôteaux, O.P.

 

PRIÈRE

Seigneur Dieu,
tu nous recrées pour la vie éternelle
dans la résurrection du Christ ;
affermis la foi et l’espérance de ton peuple :
ne laisse pas le doute entamer notre confiance
dans les promesses que toi-même nous as faites.
Par Jésus Christ, ton Fils et notre Seigneur,
qui vit et règne avec toi
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.