Homélie, vendredi, 4ème semaine du Temps Pascal

Les Apôtres sont bouleversés, nous dit saint Jean. D’ailleurs, c’est le même mot que celui-ci utilise pour exprimer les sentiments de Jésus face à son destin. « Maintenant mon âme est bouleversée. Que vais-je dire ? “Père, sauve-moi de cette heure” ? – Mais non ! C’est pour cela que je suis parvenu à cette heure-ci (Jn 12, 27)! » Leur suite de Jésus, s’ils le comprennent bien, s’arrêtera brutalement et d’une manière horrible. Il s’était attaché à lui. Malgré leurs limites, comme Pierre, ils ne voulaient pas le quitter ‘car lui seul a les paroles de la vie éternelle’. Jésus les rassure. Il leur demande de croire en Dieu et de croire en lui : quelque chose d’extraordinaire se jouera dans son départ qui apparaît, à première vue, incompréhensible.

En effet, il part pour mieux revenir. Il part pour ouvrir un chemin. Il part pour que ses disciples puissent le suivre à nouveau vers la maison du Père où la promesse de vie en plénitude trouvera son accomplissement.

Il part pour les conduire avec lui dans cette maison qui comporte non seulement de la place pour tout le monde, mais une place propre à chacun et à chacune. « Je reviendrai et je vous emmènerai auprès de moi, afin que là où je suis, vous soyez, vous aussi ».

Il y a tellement de place que même ceux qui ont tout fait pour que Jésus soit condamné par Pilate soient appelés à la joie. Paul qui ose la vérité devant ses auditeurs de la synagogue d’Antioche ne les condamne pas. Au contraire, il les appelle à la reconnaissance et à la foi : « Nous vous annonçons cette Bonne Nouvelle, la promesse faite à nos pères, Dieu l’a pleinement accomplie pour nous, leurs enfants, en ressuscitant Jésus ». Pour nous!

Derrière ce crime se réalisait un dessein de miséricorde. En effet, comme le dit encore saint Paul, les paroles des prophètes se sont accomplies.

Saint Vincent Ferrier s’est fait le messager de cette Bonne Nouvelle du salut à une époque trouble, marquée par la peste, le grand schisme d’Occident et de nombreuses guerres. Il a souvent évoqué les fins du monde pour réveiller les consciences de ses auditeurs, lui qui a parcouru une bonne partie de l’Europe occidentale.

Aujourd’hui, la Parole de Dieu vient encore une fois nous relancer en nous invitant à regarder plus loin que notre petit train-train quotidien, à regarder plus haut : nous sommes attendus. Encore plus, nous sommes accompagnés, au jour le jour, par celui qui est le Chemin, la Vérité et la Vie pour que nous partagions la joie d’être réunis ensemble avec le Seigneur.

Accueillons dans l’action de grâce le Christ, notre Seigneur, qui nous nourrit de son corps et de son sang, ce pain de la vie et cette coupe du salut, pour communier déjà à la vie en plénitude dans l’espérance de nous retrouver tous ensemble avec lui dans la maison du Père. Croyons en Dieu. Croyons en lui!

Fr. André Descôteaux, O.P.

PRIÈRE

Dieu qui as choisi saint Vincent Ferrier
pour la prédication de l’Évangile;
donne-nous le bonheur de voir un jour
dans le royaume des cieux
celui dont il annonçait ici-bas la venue comme juge,
Jésus le Christ, ton Fils, notre Seigneur.
Lui qui vit et règne avec toi
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.