29 avril 2023
Entre ciel et terre
LIVRE DE L’APOCALYPSE (1, 5-8)
Que la grâce et la paix vous soient données de la part de Jésus Christ, le témoin fidèle, le premier-né des morts, le prince des rois de la terre. À lui qui nous aime, qui nous a délivrés de nos péchés par son sang, qui a fait de nous un royaume et des prêtres pour son Dieu et Père, à lui, la gloire et la souveraineté pour les siècles des siècles. Amen.
Voici qu’il vient avec les nuées, tout œil le verra, ils le verront, ceux qui l’ont transpercé ; et sur lui se lamenteront toutes les tribus de la terre. Oui ! Amen !
Moi, je suis l’Alpha et l’Oméga, dit le Seigneur Dieu, Celui qui est, qui était et qui vient, le Souverain de l’univers.
ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT JEAN (7, 1-11a)
À l’heure où Jésus passait de ce monde à son Père, il leva les yeux au ciel et pria ainsi : « Père, l’heure est venue. Glorifie ton Fils afin que le Fils te glorifie. Ainsi, comme tu lui as donné pouvoir sur tout être de chair, il donnera la vie éternelle à tous ceux que tu lui as donnés. Or, la vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus Christ.
Moi, je t’ai glorifié sur la terre en accomplissant l’œuvre que tu m’avais donnée à faire. Et maintenant, glorifie-moi auprès de toi, Père, de la gloire que j’avais auprès de toi avant que le monde existe. J’ai manifesté ton nom aux hommes que tu as pris dans le monde pour me les donner. Ils étaient à toi, tu me les as donnés, et ils ont gardé ta parole. Maintenant, ils ont reconnu que tout ce que tu m’as donné vient de toi, car je leur ai donné les paroles que tu m’avais données : ils les ont reçues, ils ont vraiment reconnu que je suis sorti de toi, et ils ont cru que tu m’as envoyé.
Moi, je prie pour eux ; ce n’est pas pour le monde que je prie, mais pour ceux que tu m’as donnés, car ils sont à toi. Tout ce qui est à moi est à toi, et ce qui est à toi est à moi ; et je suis glorifié en eux. Désormais, je ne suis plus dans le monde ; eux, ils sont dans le monde, et moi, je viens vers toi. Père saint, garde-les unis dans ton nom, le nom que tu m’as donné, pour qu’ils soient un, comme nous-mêmes.
Homélie
Aujourd’hui, l’Église, et particulièrement toute la famille dominicaine, célèbre la fête de sainte Catherine de Sienne, laïque dominicaine du 14e siècle, morte en 1380 à 33 ans. À la foi engagée dans la société et dans l’Église de son temps, maitre spirituel et mystique, elle est une figure marquante de la vie ecclésiale et de l’Ordre. Canonisée en 1461 par Pie II, elle a été proclamée Docteure de l’Église par Paul VI en 1970, la deuxième femme (après Thérèse d’Avila), et co-patronne de l’Europe par Jean-Paul II en 1998.
Alors que les cités italiennes sont déchirées par les conflits et les guerres, elle intervient comme médiatrice pour favoriser la paix. Alors que l’Église est divisée par un schisme, elle exhorte le pape d’Avignon à rentrer à Rome. Elle est intervenue auprès d’un grand nombre de responsables politiques et ecclésiaux pour les inviter à la conversion et à la réconciliation. Et dans ces engagements pour la paix sociale et l’unité de l’Église, Catherine fait preuve d’un solide bon sens et d’une vive intelligence. Et il faut se rappeler qu’elle avait reçu une formation communautaire de base : elle était la 23e d’une famille de 25 enfants!
Cette jeune femme laïque a attiré autour d’elle tout un réseau de gens, très variés, qui l’ont adoptée comme guide spirituel. Ses Dialogues, des écrits qu’elle dictait, nous montrent sa recherche d’union avec Dieu, par le Christ, dont elle parlait entre autres avec l’image du pont qui relie le ciel et la terre par l’union de la nature divine à notre nature humaine. Sa prière est de louange et d’intercession. Il s’agit d’entrer dans la cellule de la connaissance de Dieu et de soi-même. Elle insiste aussi sur la douceur de la vie fraternelle. Tout cela est bien dominicain!
L’Évangile de Jean, pour sa fête : de quoi parle-t-il en lien à Catherine? Il est question de connaissance, de savoir : même la vie éternelle est présentée comme une connaissance de Dieu; et les disciples sont ceux qui savent et qui croient en Jésus le Fils. Connaissance qui porte sur le Père et le Fils. Mais ces paroles sont insérées dans un discours qui parle avant tout du don, qui revient dix fois dans ces versets. Le Père donne au Fils, le Fils reçoit et donne aux disciples, eux-mêmes donnés. La vie, le nom, les hommes, la parole, tout est donné.
Ainsi, le Père, le Fils et les disciples participent à un ensemble de relations qui bâtit une solidarité fondamentale. Ils sont inclus dans une sorte d’échange où circulent les biens, qui ont leur source dans le Père et transitent par le Fils pour être partagés parmi les êtres vivants. Cet échange est lié au mystère pascal, à la gloire et la croix, au cœur des Écritures et de nos vies.
Ces perspectives s’inscrivent bien dans la dynamique spirituelle de Catherine, où connaissance et relations ne sont pas séparées, où le don est essentiel, et où le centre est le Christ vivant, celui dont parle la première lecture de l’Apocalypse, le témoin fidèle, lui qui nous aime, l’Alpha et l’Omega.
À propos du Christ, Catherine disait : Ce pont, tout en s’élevant en haut, n’est pas séparé de la terre. Sur ce pont se trouve une hôtellerie où l’on donne la nourriture aux voyageurs. Qui passe sur le pont va à la vie… Amen.
Fr. Daniel Cadrin, O.P.
PRIÈRE
Seigneur,
tu as enflammé de ton amour sainte Catherine de Sienne
en lui faisant contempler la passion de Jésus
et en l’appelant à servir l’Église ;
par son intercession, accorde à ton peuple
d’être uni au mystère du Christ,
pour exulter dans la découverte de sa gloire.
Lui qui règne avec toi et le Saint Esprit
maintenant et pour les siècles des siècles.
∞ Amen.