Homélie, jeudi de l’Octave de Pâques

13 avril 2023

Oui, mais...

Aujourd’hui, Gustavo Adolfo Garay Ortega repasse avec nous le cheminement communautaire des disciples du doute à l’acceptation et la compréhension de la Résurrection de Jésus.
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Commentaire

En ce temps pascal, les apparitions de Jésus ressuscité sont le fil conducteur des récits de l’évangile dans nos liturgies. L’évangéliste saint Luc, par exemple, va souligner davantage la difficulté des disciples à découvrir la nouvelle réalité du Christ. Même s’ils restent ouverts au mystère, ils demandent des signes pour mieux comprendre, contrairement aux femmes qui sont les premières à accepter cette nouvelle façon d’entrer en relation avec Jésus, réelle mais différente.

Aujourd’hui, nous écoutons la suite du passage des disciples d’Emmaüs. Ils viennent de faire l’expérience de Jésus vivant, ressuscité! L’évangéliste Luc met de l’avant le signe de la fraction du pain et l’explication des Écritures comme preuves que la personne qu’ils ont rencontrée est bien Jésus. Ils retournent donc à Jérusalem, auprès du groupe des apôtres, pleins de joie et probablement encore frappés d’étonnement et de stupeur.

À l’évidence, la disparition du corps de Jésus a déstabilisé les disciples. La communauté vit une période de fragilité et de bouleversement. Certains croient que Jésus est ressuscité, d’autres le croient bel et bien mort et la grande majorité d’entre eux ont des doutes : « Oui, mais…! ». Cependant, deux autres compagnons racontent maintenant avoir reconnu Jésus vivant sur leur route vers Emmaüs… Les questionnements se multiplient, les réflexions sur les enseignements de Jésus et ce que les Écritures disent à propos du Messie sont dans toutes les conversations… L’évangéliste nous dit : « comme ils en parlaient encore, Jésus fut présent au milieu d’eux ». Ils en parlaient encore… Personne n’arrivait à comprendre et confirmer totalement la résurrection de Jésus.

Toutefois, Jésus vient lui-même briser ce doute : « il leur dit : la paix soit avec vous! » et leur montra ses pieds et ses mains. Un esprit, se diront-ils entre eux, craintifs, mais Jésus les rassure : « Touchez-moi, regardez… ». Les disciples ne sont pas capables de digérer la nouvelle. Oui, ils sont contents, mais… « ils n’osaient pas encore y croire ». Jésus agit comme d’habitude; il demande à manger. Être à table avec le maître était tellement habituel que Jésus le réclame pour mettre ses disciples à l’aise et pour leur prouver la tangibilité de son corps. L’évangéliste Luc nous rappelle que seulement autour de la table de Jésus serons-nous capables de comprendre les Écritures et d’ouvrir notre intelligence pour reconnaître le Ressuscité au milieu de croyants.

La première communauté de chrétiens a bien compris que l’expérience personnelle de la rencontre avec Dieu est liée aux expériences du quotidien et que celles-ci sont reliées à celles de la communauté. C’est en communauté que Jésus montre les blessures de ses pieds et de ses mains, même lorsqu’il dira à Thomas de mettre sa main dans son côté traversé. C’est en communauté que nous pouvons et devons montrer nos blessures, exprimer nos besoins et continuer à marcher ensemble tout en restant différents : Marie-Madeleine et les autres femmes ont fait l’expérience de la résurrection au matin de Pâques ; plus particulièrement, Marie-Madeleine a reconnu le Seigneur vivant lorsqu’il lui est apparu dans le jardin. Pierre et Jean ont constaté eux-mêmes que le tombeau était vide : le Christ est ressuscité! Les disciples d’Emmaüs en ont fait l’expérience sur la route et à la fraction du pain. Puis, le groupe des apôtres et d’autres compagnons ont fait l’expérience de la présence du Ressuscité au milieu d’eux « en chair et en os ». Au fil du temps, le nombre de croyants s’est multiplié. Maintenant, à nous chrétiens d’aujourd’hui de faire nos propres expériences et de découvrir que Dieu marche avec nous, qu’il est au milieu de nous. Dieu marche avec nous et il nous montre ses blessures. Jésus est ressuscité, il est vivant et il se fait présent dans la vie de ses disciples de tous les temps, même si nous avons parfois encore de la misère à le croire et à le comprendre après deux milles ans.

Chacun a vécu un premier moment de doute : les disciples ne le reconnaissaient pas; le groupe des apôtres et d’autres compagnons pensaient qu’il était un fantôme; Marie-Madeleine pensait que c’était le jardinier. Et nous, qui pensons-nous que le ressuscité est lorsqu’il vient à notre rencontre de chaque jour?

À chaque fois, Jésus prend patience, il parle, il explique et il mange avec nous. La résurrection de Jésus met en évidence la force de l’amour de Dieu et sa solidarité avec les siens. Même s’ils ont des doutes, il les rassure et il leur confie la mission d’être les témoins de sa résurrection et de l’annoncer à toutes les nations. Comme eux, nous aussi, nous sommes les témoins de notre temps, non seulement pour dire et célébrer la résurrection, mais aussi pour continuer la construction de son Règne d’amour, de paix et de vie.

En ce temps pascal, que le souhait de paix de Jésus soit aussi un signe de confiance pour devenir des témoins du Ressuscité, même si parfois on dit : « oui, mais…! »

Gustavo Adolfo Garay Ortega

 

PRIÈRE

Seigneur Dieu,
tu as uni des peuples divers
dans la confession de ton nom ;
accorde à ceux qui renaissent à la fontaine baptismale
d’avoir au cœur la même foi
et dans leurs actes le même amour.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
qui vit et règne avec toi
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.