12 avril 2023
Sur la route d'Emmanüs
LIVRE DES ACTES DES APÔTRES (3, 1-10)
En ces jours-là,
Pierre et Jean montaient au Temple
pour la prière de l’après-midi, à la neuvième heure.
On y amenait alors un homme, infirme de naissance,
que l’on installait chaque jour à la porte du Temple,
appelée la « Belle-Porte »,
pour qu’il demande l’aumône à ceux qui entraient.
Voyant Pierre et Jean qui allaient entrer dans le Temple,
il leur demanda l’aumône.
Alors Pierre, ainsi que Jean, fixa les yeux sur lui,
et il dit :
« Regarde-nous ! »
L’homme les observait,
s’attendant à recevoir quelque chose de leur part.
Pierre déclara :
« De l’argent et de l’or, je n’en ai pas ;
mais ce que j’ai, je te le donne :
au nom de Jésus Christ le Nazaréen,
lève-toi et marche. »
Alors, le prenant par la main droite,
il le releva
et, à l’instant même,
ses pieds et ses chevilles s’affermirent.
D’un bond, il fut debout
et il marchait.
Entrant avec eux dans le Temple,
il marchait, bondissait, et louait Dieu.
Et tout le peuple le vit marcher et louer Dieu.
On le reconnaissait :
c’est bien lui qui était assis à la « Belle-Porte » du Temple
pour demander l’aumône.
Et les gens étaient frappés de stupeur et désorientés
devant ce qui lui était arrivé.
ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT LUC (24, 13-35)
Le même jour (c’est-à-dire le premier jour de la semaine), deux disciples faisaient route vers un village appelé Emmaüs, à deux heures de marche de Jérusalem, et ils parlaient entre eux de tout ce qui s’était passé.
Or, tandis qu’ils s’entretenaient et s’interrogeaient, Jésus lui-même s’approcha, et il marchait avec eux. Mais leurs yeux étaient empêchés de le reconnaître. Jésus leur dit : « De quoi discutez-vous en marchant? » Alors, ils s’arrêtèrent, tout tristes. L’un des deux, nommé Cléophas, lui répondit : « Tu es bien le seul étranger résidant à Jérusalem qui ignore les événements de ces jours-ci. »
Il leur dit : « Quels événements ? » Ils lui répondirent : « Ce qui est arrivé à Jésus de Nazareth, cet homme qui était un prophète puissant par ses actes et ses paroles devant Dieu et devant tout le peuple : comment les grands prêtres et nos chefs l’ont livré, ils l’ont fait condamner à mort et ils l’ont crucifié. Nous, nous espérions que c’était lui qui allait délivrer Israël. Mais avec tout cela, voici déjà le troisième jour qui passe depuis que c’est arrivé. À vrai dire, des femmes de notre groupe nous ont remplis de stupeur. Quand, dès l’aurore, elles sont allées au tombeau, elles n’ont pas trouvé son corps ; elles sont venues nous dire qu’elles avaient même eu une vision : des anges, qui disaient qu’il est vivant. Quelques-uns de nos compagnons sont allés au tombeau, et ils ont trouvé les choses comme les femmes l’avaient dit ; mais lui, ils ne l’ont pas vu. »
Il leur dit alors : « Esprits sans intelligence ! Comme votre cœur est lent à croire tout ce que les prophètes ont dit ! Ne fallait-il pas que le Christ souffrît cela pour entrer dans sa gloire ? » Et, partant de Moïse et de tous les Prophètes, il leur interpréta, dans toute l’Écriture, ce qui le concernait.
Quand ils approchèrent du village où ils se rendaient, Jésus fit semblant d’aller plus loin. Mais ils s’efforcèrent de le retenir : « Reste avec nous, car le soir approche et déjà le jour baisse. » Il entra donc pour rester avec eux.
Quand il fut à table avec eux, ayant pris le pain, il prononça la bénédiction et, l’ayant rompu, il le leur donna. Alors leurs yeux s’ouvrirent, et ils le reconnurent, mais il disparut à leurs regards. Ils se dirent l’un à l’autre : « Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route et nous ouvrait les Écritures ? »
À l’instant même, ils se levèrent et retournèrent à Jérusalem. Ils y trouvèrent réunis les onze Apôtres et leurs compagnons, qui leur dirent : « Le Seigneur est réellement ressuscité : il est apparu à Simon-Pierre. » À leur tour, ils racontaient ce qui s’était passé sur la route, et comment le Seigneur s’était fait reconnaître par eux à la fraction du pain.
Homélie
Face à certains passages évangéliques, le prédicateur se trouve dépourvu parce qu’il n’a rien à dire. Aujourd’hui c’est le contraire, je suis dépourvu parce qu’il y a trop à dire. Ce récit des disciples d’Emmaüs est à mon avis l’un des plus beaux et des plus riches des évangiles. On y trouve une présentation des moments clés de tout cheminement des disciples du Christ, d’hier à aujourd’hui. Pour bien souligner cette perfection du passage évangélique, je procéderai en sept points, j’utiliserai sept mots clés, sept étant le chiffre parfait.
La route. « Deux disciples faisaient route vers un village appelé Emmaüs, à deux heures de marche de Jérusalem ». La vie chrétienne, comme toute vie humaine, est une marche, un cheminement. A chaque moment de notre vie, nous sommes en route, venant de quelque part et nous dirigeant vers un ailleurs.
La conversation. « Ils parlaient entre eux (…) ils s’entretenaient et s’interrogeaient ». Le partage de nos connaissances, de nos sentiments, de nos questionnements est le tissu de nos relations humaines et chrétiennes. L’évangile est rempli de questions, depuis celle de Marie à l’ange (comment cela se fera-t-il?) jusqu’au cri de Jésus sur la croix (mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné?). Le questionnement et même le doute peuvent nous faire croître dans la foi.
La rencontre. « Jésus lui-même s’approcha et il marchait avec eux ». Dans notre cheminement de vie, il y a des rencontres qui sont marquantes. Nous avons besoin, parfois dans des moments difficiles, d’être accompagnés. La vie chrétienne est une marche à la suite de Jésus. Jésus nous accompagne sur les chemins de la vie.
La mémoire. Dans leur échange avec Jésus, les disciples font mémoire des événements des derniers jours à Jérusalem, de ce qui est arrivé à Jésus de Nazareth. Et Jésus, de son côté, rappelle aux disciples ce que les prophètes avaient annoncé à propos du Messie. L’interprétation du présent se réalise à travers l’évocation du passé. Notre vie chrétienne aujourd’hui est liée à une tradition qui traverse les siècles pour rejoindre Jésus de Nazareth.
Le repas. Les disciples invitent Jésus à passer la nuit chez eux : « Reste avec nous car le soir approche et le jour baisse ». Rassemblés autour de la table, Jésus rompt le pain et le leur partage. Le partage du pain est le signe par excellence de toute communion, qu’elle soit familiale, amicale ou chrétienne.
La communauté. Les disciples « retournèrent à Jérusalem et y trouvèrent réunis les onze apôtres et leurs compagnons » La foi chrétienne, depuis les origines jusqu’à nos jours, se vit en communauté. L’Église est communauté, famille de Dieu.
L’Évangile. L’Église est missionnaire. Elle doit porter au monde la Bonne Nouvelle. Les apôtres rassemblés s’empressent de dire aux disciples venus d’Emmaüs : « Le Seigneur est réellement ressuscité : il est apparu à Simon-Pierre ». « A leur tour, (les deux disciples d’Emmaüs) racontaient ce qui s’étaient passé sur la route, et comment le Seigneur s’était fait reconnaître par eux à la fraction du pain ».
Dans notre célébration eucharistique, nous sommes appelés à revivre une rencontre avec le Seigneur semblable à celle qu’ont vécue les disciples d’Emmaüs. « Voici le jour que fit le Seigneur, qu’il soit pour nous jour de fête et de joie. »
Fr. Yvon Pomerleau, O.P.
PRIÈRE
Seigneur Dieu,
tu nous donnes chaque année
la joie de fêter la résurrection du Seigneur ;
à travers ces fêtes d’ici-bas,
accorde-nous, dans ta bonté,
de parvenir aux joies éternelles.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
qui vit et règne avec toi
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.
∞ Amen.