Homélie, lundi, 5ème semaine du Carême

27 mars 2023

La miséricorde, une libération intérieure

Aujourd’hui, le frère Jean-Louis Larochelle, O.P., nous présente un Jésus qui, dans une situation difficile, réussit non-seulement à éviter le piège des pharisiens, mais également à libérer toutes les personnes présentes de la condition pécheresse qui les afflige à ce moment-là.
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Homélie

Bien des exégètes du Nouveau Testament, quand ils font l’analyse du récit de la femme adultère, font d’abord remarquer que l’accusé principal dans ce récit, ce n’est pas d’abord la femme adultère, mais plutôt Jésus. Les pharisiens et les scribes voulaient en effet, et ce depuis un certain temps, le faire condamner par les autorités religieuses pour son supposé manque de respect à l’endroit de la Loi de Moïse. Et là, une occasion en or se présentait à eux grâce au scandale de la femme prise en flagrant délit d’adultère. À leurs yeux, le piège était parfait : si Jésus consentait à la condamner à la lapidation, il montrerait combien il demeurait fidèle à la Loi. En même temps, il renierait largement son discours sur la compassion et la miséricorde de Dieu. À l’inverse, s’il refusait de la condamner, il montrerait explicitement qu’il ne voulait pas respecter la totalité des préceptes de la Loi de Moïse et, du même coup, il donnerait raison à ceux qui l’accusaient d’égarer le peuple.

Situation tordue. Mais, comme le font remarquer les exégètes, les accusateurs qui se disaient si fidèles à la Loi ne la respectaient pas dans le cas présent. En effet, ces derniers avaient accusé seulement la femme alors que, dans la tradition juive (cf. Lv 20,10), les deux personnes coupables d’adultère, l’homme et la femme, devaient être tous les deux jugées ensemble, puis lapidées. Ici, l’homme coupable d’adultère n’est pas présenté. On l’a sans doute laissé fuir. C’est dire que le procès de la femme a été enclenché au mépris de la Loi elle-même. Les accusateurs transgressaient donc ouvertement la Loi. En plus, ces accusateurs acharnés avaient la prétention d’être des parfaits, bref de ne jamais pécher.

Jésus, lui, dans la circonstance, va manifester la compassion et la miséricorde de Dieu. Il va le faire en libérant la femme ainsi que, d’une certaine manière, les pharisiens et les scribes. Ces derniers, il les libère de leur aveuglement spirituel. En leur disant : « Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter une pierre (Jn 8,7) », il les a renvoyés à leur propre condition pécheresse. Il leur a laissé entendre qu’avant d’appliquer la Loi à la femme, ils se devaient d’abord de se l’appliquer à eux-mêmes. Tous n’avaient-ils pas péché? Tous n’avaient-ils pas besoin de se soumettre au jugement de Dieu? L’interpellation a porté fruit: « Eux, après avoir entendu cela, s’en allaient un par un, en commençant par les plus âgés. » (Jn 8,9) Jésus a donc provoqué chez eux une prise de conscience libératrice.

Une fois seule avec la femme, Jésus va la libérer de sa propre auto-accusation. Elle se savait coupable devant la Loi. D’ailleurs elle n’a pas cherché à se défendre en présence de ses accusateurs. Jésus va lui faire sentir qu’elle est toujours aimée de Dieu. Il va lui dire : « Moi non plus, je ne te condamne pas : va. » (Jn 8,11) Cette femme a fait l’expérience de la miséricorde de Dieu qui lui ouvrait la porte de la Vie.

Ce récit fait saisir l’ampleur de la miséricorde de Dieu. La tentation à laquelle tout baptisé doit résister, c’est celle de mettre en doute l’amour de Dieu à son endroit, en particulier quand il a conscience d’être un pécheur. En temps de carême, il est important de nous rappeler que la miséricorde de Dieu nous accompagne toujours et qu’elle nous invite à désirer intensément partager l’intimité de Dieu pour l’éternité. Puissions-nous vivre l’expérience de libération intérieure que la femme adultère a pu expérimenter!

Fr. Jean-Louis Larochelle, O.P.

 

PRIÈRE

Seigneur Dieu,
tu nous combles de toute bénédiction
par la richesse inexprimable de ta grâce;
fais-nous passer de ce qui ne peut que vieillir à ce qui est nouveau,
et nous serons préparés à la gloire du royaume des Cieux.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
qui vit et règne avec toi, dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.
∞ Amen.