24 Mars 2023
Aimés à l'extrême
LIVRE DE LA SAGESSE (2, 1a.12-22)
Les impies ne sont pas dans la vérité lorsqu’ils raisonnent ainsi en eux-mêmes : « Attirons le juste dans un piège, car il nous contrarie, il s’oppose à nos entreprises, il nous reproche de désobéir à la loi de Dieu, et nous accuse d’infidélités à notre éducation. Il prétend posséder la connaissance de Dieu, et se nomme lui-même enfant du Seigneur. Il est un démenti pour nos idées, sa seule présence nous pèse ; car il mène une vie en dehors du commun, sa conduite est étrange. Il nous tient pour des gens douteux, se détourne de nos chemins comme de la boue. Il proclame heureux le sort final des justes et se vante d’avoir Dieu pour père.
Voyons si ses paroles sont vraies, regardons comment il en sortira. Si le juste est fils de Dieu, Dieu l’assistera, et l’arrachera aux mains de ses adversaires. Soumettons-le à des outrages et à des tourments; nous saurons ce que vaut sa douceur, nous éprouverons sa patience. Condamnons-le à une mort infâme, puisque, dit-il, quelqu’un interviendra pour lui. »
C’est ainsi que raisonnent ces gens-là, mais ils s’égarent ; leur méchanceté les a rendus aveugles. Ils ne connaissent pas les secrets de Dieu, ils n’espèrent pas que la sainteté puisse être récompensée, ils n’estiment pas qu’une âme irréprochable puisse être glorifiée.
ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT JEAN (7, 1-2.10.14.25-30)
En ce temps-là, Jésus parcourait la Galilée : il ne voulait pas parcourir la Judée car les Juifs cherchaient à le tuer. La fête juive des Tentes était proche. Lorsque ses frères furent montés à Jérusalem pour la fête, il y monta lui aussi, non pas ostensiblement, mais en secret.
On était déjà au milieu de la semaine de la fête quand Jésus monta au Temple ; et là il enseignait. Quelques habitants de Jérusalem disaient alors : « N’est-ce pas celui qu’on cherche à tuer ? Le voilà qui parle ouvertement, et personne ne lui dit rien ! Nos chefs auraient-ils vraiment reconnu que c’est lui le Christ ? Mais lui, nous savons d’où il est. Or, le Christ, quand il viendra, personne ne saura d’où il est. »
Jésus, qui enseignait dans le Temple, s’écria : « Vous me connaissez ? Et vous savez d’où je suis ? Je ne suis pas venu de moi-même : mais il est véridique, Celui qui m’a envoyé, lui que vous ne connaissez pas. Moi, je le connais parce que je viens d’auprès de lui, et c’est lui qui m’a envoyé. »
On cherchait à l’arrêter, mais personne ne mit la main sur lui parce que son heure n’était pas encore venue.
Homélie
Dans deux semaines nous serons au Vendredi Saint, nous aurons les yeux fixés sur la croix du Christ. Les lectures d’aujourd’hui semblent nous orienter vers cette perspective. Quelques phrases que nous entendrons encore ce jour-là : « Il a mis sa confiance en Dieu, qu’il le sauve maintenant, s’il le veut vraiment » (Mt 27, 43).
Dans le livre de la Sagesse, le dernier de l’Ancien Testament, apparaît une dynamique que nous voyons s’accomplir à travers les siècles et aussi maintenant : les justes sont des fardeaux au milieu d’une société non croyante et, par conséquent, doivent être éliminés. En effet, les Juifs essayaient de tuer Jésus, le prototype de l’homme juste qui est un obstacle et dont ils veulent faire taire le témoignage.
Les interlocuteurs de Jésus ignorent sa mystérieuse réalité, Lui qui n’est pas venu de lui-même, mais parce que le Père l’a envoyé. Ils refusent de l’accepter comme le Messie, comme le Christ, même s’il laisse entendre qu’il est un prophète semblable à Moïse.
Il en est de même dans le monde d’aujourd’hui : beaucoup de gens croient et acceptent le Christ, mais beaucoup d’autres ont choisi de l’ignorer, ou même de persécuter toutes ses idées. Ses partisans subiront le même sort. Une société qui perd des valeurs fondamentales subit l’impact du témoignage des croyants. Les vrais prophètes sont souvent persécutés. Les faux, ceux qui ne se soucient pas de transmettre ce que Dieu dit, mais disent et font ce que les gens aiment, ceux-là prospèrent.
La persécution des prophètes peut aussi arriver aux personnes qui élèvent la voix pour dénoncer des injustices ou des situations qui affectent les intérêts des puissants. Cela peut aussi arriver à chacun de nous, croyants ordinaires, si par notre vie nous témoignons de valeurs différentes, parce que nous vivons à contre-courant de ce qui est à la mode ou de ce que disent les statistiques sociologiques. Autrement dit, si nous témoignons de l’évangile de Jésus, qui ne correspond pas toujours aux valeurs populaires dans notre monde.
Peut-être ne finirons-nous pas par être persécutés ou menacés de mort, mais nous serons discrédités ou ridiculisés ou simplement ignorés. Nous ne devrions pas avoir trop peur. Nous sommes tous engagés dans la bataille entre le bien et le mal. Jésus était un signe de contradiction. Les chrétiens, s’ils sont lumière et sel, peuvent aussi être gênants dans l’environnement dans lequel nous évoluons. Le plus triste serait que nous n’ayons donné aucun témoignage, que nous soyons insipides, incapables d’éclairer ou d’interroger qui que ce soit.
Que pouvons-nous apprendre de tout cela ? Je pense que nous pouvons apprendre que l’amour de Jésus n’a pas été arrêté par la peur, la trahison, la cruauté, la moquerie ou la mort elle-même. Nous pouvons apprendre que nous avons été aimés sans mérite, mais aimés à l’extrême.
Fr. Carlos Ariel Betancourth Ospina, O.P.
PRIÈRE
Seigneur Dieu,
tu as préparé les secours dont notre faiblesse a besoin ;
donne-nous d’accueillir avec joie notre relèvement
et d’en témoigner par la fidélité de notre vie.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
qui vit et règne avec toi, dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.
∞ Amen.