Homélie, jeudi, 3ème semaine du Carême

16 mars 2023

C'est là le signe du Règne!

Aujourd’hui, Gustavo Adolfo Garay Ortega nous explique le projet de société voulu par Jésus basée sur la miséricorde, le pardon et l’aide envers les plus démunis et nous invite à avoir espoir en cette vision du monde qui cherche déjà à s’exprimer.
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Commentaire

Le texte de l’évangile d’aujourd’hui nous présente une situation très controversée : Jésus libère d’un démon une personne muette et « lorsque le démon fut sorti, le muet se mit à parler ». C’est tout un événement ! D’un côté, il y a l’étonnement des gens qui, sans nécessairement adhérer complètement au message de Jésus, sont dans l’admiration. De l’autre côté, on trouve des personnes perplexes, certaines avec des questionnements sur l’identité de Jésus.

Face à l’incertitude, l’être humain cherche une explication qui le rassure. C’est le cas de ceux et celles qui demandent un signe ou qui tirent très rapidement des conclusions sur ce que Jésus vient de réaliser. Jésus interpelle énormément; personne n’échappe à l’envie ou au besoin d’interpréter ce qu’il accomplit. Bref, ce passage de saint Luc nous présente trois attitudes : l’admiration, le refus et l’incompréhension.

Face aux interprétations et aux questionnements, Jésus nous invite à réfléchir un peu plus profondément et à ne pas nous laisser emporter par les impressions de surface. Ceux qui sont contre Jésus affirment très rapidement que le pouvoir de Jésus d’expulser les démons provient de Béelzéboul. Il démontre, cependant, que cette façon de penser se contredit à elle-même : il est impossible, nous fait comprendre Jésus, que le prince des démons se retourne contre un autre démon. Quel sens y a-t-il à effacer le mal par l’origine-même qui l’a créé? Autrement dit, pourquoi Satan se détruirait-il lui-même?

Ensuite, Jésus explique la vraie raison et l’origine de son pouvoir; sa force et ses actions proviennent de Dieu : « c’est par le doigt de Dieu que j’expulse les démons, c’est donc que le règne est venu jusqu’à vous » (Lc 11, 20). Sa façon d’agir en faveur des victimes est la preuve que le Règne de Dieu est arrivé en sa personne, afin d’établir une nouvelle société où le mal n’a pas le dernier mot. Le Dieu de Jésus est tout le contraire de ce Béelzéboul et de tout ce qui cause le mal. Jésus profite de cette situation controversée pour parler du Règne de Dieu, le noyau de sa prédication, puisqu’il est venu précisément pour établir ce merveilleux projet de Dieu pour l’humanité.

La société au temps de Jésus, tout comme la nôtre, peut nous sembler tellement têtue; l’hypocrisie naît dans l’obligation de respecter des normes et d’accomplir des préceptes de purification et l’on finit par enfermer les personnes dans un engrenage de marginalisation et d’exclusion. Comment arriver à détruire les inégalités causées par l’argent, la race, la couleur de peau, les croyances? Jésus nous donne de l’espoir face à ces problématiques sociétales, car l’amour de Dieu est non-seulement plus fort que tout, plus fort que la mort elle-même, mais il est dédié au rétablissement du lien d’amour entre Dieu et la société. Le muet qui se met à parler en est la preuve. Jésus veut redonner sa dignité à tout un chacun et le réincorporer à la communauté. Jésus nous propose d’entrer dans cette dynamique du Règne, où la force de Dieu qui est miséricorde et pardon devient le moteur de la société.

Finalement, de plus en plus, je constate avec joie que ceux et celles qui autrefois n’avaient pas de voix, qui étaient opprimés et marginalisés, prennent la parole et font valoir leurs droits sur la place publique. Pensons à toutes les victimes qui ont le courage de dénoncer l’injustice et les abuseurs : là, je vois une force, la force de Dieu qui les soutient pour faire sortir le mal causé en elles et pour qu’elles commencent à s’exprimer. Cependant, il y a encore un très grand nombre de personnes qui souffrent et qui ont besoin de la force du Christ pour être guéris du mal qui les opprime. Il y a beaucoup de blessures à soigner dans nos cœurs, mais l’amour de Dieu est avec nous! Prions ensemble les uns pour les autres. Évitons être dispersés, restons unis, vivons dans la résilience, c’est là le signe de la force de l’amour de Dieu et que son Règne est venu jusqu’à nous.

Gustavo Adolfo Garay Ortega

 

PRIÈRE

Nous t’en supplions, Seigneur souverain :
à mesure qu’approche le jour où nous fêterons notre salut,
accorde-nous une plus grande générosité
pour nous préparer à célébrer le mystère pascal.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
qui vit et règne avec toi, dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.
∞ Amen.