Homélie, mercredi, 3ème semaine du Carême

L’évangile d’aujourd’hui, du début à la fin, est affirmatif sur une position de Jésus favorable à la Loi. « Avant que le ciel et la terre disparaissent, pas un seul iota, pas un seul trait ne disparaîtra de la Loi ». Pourtant ce même Jésus exprime de grandes réserves par rapport à la Loi. « Il vous a été dit, eh bien, moi, je vous dis ». « Le sabbat a été fait pour l’homme et non pas l’homme pour le sabbat ». Alors, est-ce que Jésus aurait tenu des discours parallèles discordants ou bien aurait-t-il évolué dans sa vision de la Loi?

Un premier constat. Jésus est d’origine juive et il ne renie rien de cette appartenance. On a tendance parfois à voir Jésus comme le fondateur d’une nouvelle religion, le christianisme. Cela ne correspond pas à la réalité à savoir que le christianisme est né après la mort-résurrection de Jésus. Jésus a été plutôt durant toute sa vie celui qu’un auteur récent a appelé « Un certain Juif ». Pour nous aussi, sans renier notre foi chrétienne, nous devons reconnaître nos origines juives. Le livre saint des chrétiens, c’est bien sûr ce que nous appelons le Nouveau Testament, Évangiles, Épitres et Apocalypse, mais plus largement la Bible toute entière. Nous partageons encore aujourd’hui avec les Juifs la Loi de Moïse. Les dix commandements de Dieu sont au cœur de notre catéchisme.

Un deuxième constat. Jésus n’est pas venu détruire la Loi mais l’accomplir. Jésus est l’Alliance faite chair. En Jésus toute la loi trouve sa réalisation. L’Ancien Testament est une préparation, une préfiguration de ce qui se réalisera en Jésus. Celui-ci manifestera le dessein d’amour de Dieu en marche depuis la création du monde. Le disciple du Christ doit pratiquer et annoncer les plus petits commandements liés au grand commandement de l’amour de Dieu.

Un troisième constat. Jésus invite les siens à éviter le légalisme, à ne pas réduire la Loi à des pratiques extérieures, rituelles, comme le lavement des mains et même d’une certaine manière le sabbat. Le chrétien cherche plutôt à faire la volonté de Dieu en toutes choses, à devenir parfait comme le Père céleste est parfait. Un discernement doit être fait dans l’observance de la Loi à partir du grand commandement de l’amour, celui qui résume toute la Loi et les prophètes.

Retenons le message de l’acclamation à l’évangile : Tes paroles, Seigneur, sont esprit et elles sont vie. Tu as les paroles de la vie éternelle.

Fr. Yvon Pomerleau, O.P.

PRIÈRE

Nous t’en prions, Seigneur,
formés à l’école du Carême et nourris de ta parole,
fais que nous soyons de tout cœur à ton service
par notre effort de pénitence
et toujours unanimes à te prier.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
qui vit et règne avec toi,
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.
∞ Amen.