Homélie, samedi, 2ème semaine du Carême

11 mars 2023

Dieu n'est pas juste ...

Aujourd’hui, le frère Henri de Longchamp, O.P., nous explique un visage de Dieu le Père que Jésus nous révèle et qui peut nous sembler injuste… à cause de son gros biais d’amour !
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Homélie

J’aime m’intéresser aux personnes secondaires dont Jésus parle. Aujourd’hui il y a le fils aîné. Jésus ne met pas en doute les mérites que le fils aîné se reconnaît ; il y a des justes qui n’ont pas besoin de conversion. Cependant, Jésus rappelle au fils aîné et aux autres justes qui n’ont pas besoin de conversion, qu’être fils – fille de Dieu cela signifie qu’Il est toujours avec ses enfants, ses enfants bien-aimés.

Mais le père et le fils aîné ne sont pas sur la même longueur d’onde. Le père se réjouit du bonheur de celui qui est revenu à la vie : « ton frère que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu et il est retrouvé ! » Le fils aîné ne songe qu’à faire justice ; il refuse même de reconnaître son frère, il le méprise.

Jésus nous révèle que Dieu a parié sur la miséricorde. Pour Dieu, il n’y a personne de totalement mauvais, de totalement pervers. Il y a toujours un avenir possible ; il y a toujours raison d’espérer. Beaucoup de nos malheurs, de nos duretés, de nos fermetures se cachent et se multiplient dans ces petites phrases : « je méritais … je ne le méritais pas … tu le mérites … tu ne le mérites pas. » Or Jésus vient défaire tout cela.

Je suis convaincu que Jésus nous suggérerait plutôt de dire quelque chose comme ceci et de le dire avec tendresse :

Nous sommes tous complices,
nous sommes tous impliqués dans des conflits,
nous avons tous été blessés,
nous nous blessons encore ;
c’est pourquoi cela ne vaut plus la peine de compter.

Comme des compagnons, des compagnes, des frères et sœurs qui reçoivent gratuitement de Dieu son amour, vivons le pardon dans la bonté les uns avec les autres, avec la tendresse de ceux et celles qui ont trop vécu de souffrances ensemble pour vouloir en ajouter.

Cependant, du plus profond de notre cœur, souvent monte à nos lèvres cette petite phrase :

Dieu n’est juste !
Dieu n’est pas juste … il fait briller son soleil sur les croyants comme sur les incroyants.
Dieu n’est pas juste … il donne un festin au fils prodigue et il ne fait rien de plus pour le fils fidèle.
Dieu n’est pas juste … l’ouvrier de la onzième heure reçoit le même salaire que celui qui est embauché à 8 heures.
Dieu n’est pas juste … il réprouve celui qui, sans le faire fructifier, remet le talent qu’il avait reçu.
Dieu n’est pas juste … il délaisse 99 fidèles pour courir après un seul égaré.
Dieu n’est pas juste … il fait bon accueil aux pécheurs, et il mange avec eux ; c’est à l’intention des scribes et des pharisiens que Jésus enseigne la parabole de ce matin.
Dieu n’est pas juste … il ouvre son ciel aux prostitués, il fait entrer les voleurs en premier.
Dieu n’est pas juste … à mon égard ; Il oublie mes infidélités, Il ne se souvient que de mon amour.

Pouvez-vous trouver d’autres de ces passages dans les Évangiles ? Ils peuvent être un appel à la conversion en ce temps de carême.

En Jésus, Dieu n’est pas juste … à notre façon, heureusement. Le fils aîné le découvre dans l’attitude de son père ; pour Jésus c’est Dieu le Père et la parabole du père du fils prodigue.

Dans la prière eucharistique nous entendrons cette prière de Jésus adressée à l’humanité entière : « Prenez et buvez-en tous, ceci est la coupe de mon sang, le sang de l’Alliance nouvelle et éternelle, qui sera versé pour vous et pour la multitude en rémission des péchés. Vous ferez cela en mémoire de moi ».

Fr. Henri de Longchamp, O.P.

 

PRIÈRE

Seigneur Dieu, par les secours de ta grâce divine,
tu nous associes déjà aux biens du ciel
alors que nous sommes encore sur la terre ;
nous t’en prions : dirige-nous toi-même en cette vie
afin de nous conduire jusqu’à cette lumière où tu demeures.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
qui vit et règne avec toi, dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.
∞ Amen.