Homélie, vendredi, 1ère semaine du Carême

3 mars 2023

Vérité et miséricorde!

Aujourd’hui, le frère Carlos Ariel Betancourth Ospina, O.P., nous explique la proposition de justice et de loi que Jésus enseigne, où la religion de la vérité devient aussi la religion de la miséricorde.
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Homélie

La première lecture et l’évangile d’aujourd’hui nous aident à réfléchir à notre conversion pendant notre cheminement de Carême.

Le danger que signale le prophète Ezéchiel peut aussi nous guetter puisque nous avons souvent tendance à rejeter la faute sur les autres, sur la société néo-païenne dans laquelle nous vivons, sur l’Église, faible et pécheresse, sur les structures, sur le mauvais exemple des autres. Mais chacun de nous est un pécheur et nous avons notre part de culpabilité.

Les pharisiens présumaient être justes. Ils pratiquaient ou semblaient pratiquer très scrupuleusement les moindres détails de la Loi afin de se donner une certitude intérieure, et de projeter l’image extérieure d’être juste, très juste, parfaitement juste. Avec une pointe d’ironie, Jésus-Christ parle d’une justice « plus parfaite ». En quoi consistera-t-elle ? S’agit-il d’être encore plus rigoureux dans les détails de la législation et les vénérables traditions des anciens ? Non. La proposition de Jésus est d’un autre ordre.

En réalité, Jésus fait deux choses avec la Loi : d’une part, il la place à l’intérieur de l’homme. Ce n’est pas une loi de tout ce qui doit s’accomplir et donc des apparences, mais de la sincérité, de l’intention, de la vérité du cœur. D’autre part, Jésus unit inextricablement la Loi qui nous unit à Dieu avec la Loi qui nous unit à nos frères. Il n’y a donc pas de place pour ces modèles de prétendue « sainteté » qui croient qu’ils se démarqueront d’autant plus qu’ils mettront les plus faibles en dessous.

La religion de la sincérité et du cœur est aussi la religion de la compréhension et de la réconciliation. Ou pour le dire autrement : la religion de la vérité est aussi la religion de la miséricorde. C’est fantastique ! Et c’est pourquoi ce nouveau schéma, cette nouvelle « justice », est plus parfaite. Dans le schéma pharisien, être juste impliquait de s’endurcir contre celui qui n’était pas juste ; et être « compatissant » était relégué à ceux qui n’étaient pas de « vrais » fidèles.

Maintenant, avec Jésus, la vérité et la miséricorde ont été jumelées ; maintenant, il est possible de trouver le Seigneur là où sont les visages de tous ces pauvres et petits qui sont comme moi : je les appelle mes frères.

Concrètement, ce qui peut nous coûter le plus est précisément ce que Jésus indique dans l’évangile : l’amour du prochain. Comment célébrer Pâques avec le Christ, le passage à une nouvelle vie, si nous continuons avec les vieilles rancunes envers nos frères ? « Va d’abord te réconcilier avec ton frère. » N’attendez pas qu’il vienne : faites le premier pas.

Le nouvel idéal que propose Jésus est « d’être parfait comme le Père du ciel est parfait ». Cela veut dire : je serai juste devant Dieu, quand j’essaierai d’accueillir et de pardonner aux gens comme Dieu m’accueille et me pardonne, malgré mes défauts et mes péchés.

Fr. Carlos Ariel Betancourth Ospina, O.P.

 

PRIÈRE

Accorde à tes fidèles, Seigneur, nous t’en prions,
de s’appliquer comme il convient à la préparation de Pâques :
que la pénitence imposée chaque année à notre corps
porte en nous tous du fruit pour nos âmes.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
qui vit et règne avec toi,
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.
∞ Amen.