Homélie, vendredi après les Cendres

24 FÉVRIER 2023

Jeuner pour pouvoir donner

Aujourd’hui, le frère Carlos Ariel Betancourth Ospina, O.P., nous invite à rester joyeux pendant le Carême en faisant de notre jeûne une opportunité pour relativiser nos désirs et ainsi se focaliser sur l’essentiel : Dieu et notre prochain.
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Homélie

À la suite de la dénonciation du prophète Isaïe contre un jeûne désagréable au Seigneur, nous, chrétiens d’aujourd’hui, nous ne devons plus nous contenter d’un jeûne – ou d’autres pratiques de Carême – uniquement externe. Le jeûne, par exemple, devrait conduire à une plus grande ouverture aux autres. Jeûner pour pouvoir donner aux plus pauvres.

Si le manque de charité persiste, si l’injustice est présente dans notre façon d’agir avec les autres, peu de choses peuvent plaire à Dieu, même notre jeûne et notre Carême. Notre jeûne de Carême n’est pas un signe de tristesse. Nous avons l’Époux parmi nous : le Seigneur ressuscité, Celui en qui nous croyons et Celui que nous recevons à chaque Eucharistie.

Mais en même temps, la présence du Christ n’est pas complètement transparente. Nous ne voyons pas le Christ Jésus. Bien qu’Il soit présent et que nous le ressentions sacramentellement, nous devons aussi prendre conscience qu’Il est aussi présent dans chaque personne. Il est là et pourtant pas complètement là ; en effet, cela fait longtemps qu’il est venu et, pourtant, nous continuons à dire : « Viens, Seigneur Jésus ».

C’est pourquoi le jeûne doit avoir un rôle de préparation et de réorientation continue de notre vie. Un jeûne qui consiste à relativiser beaucoup de choses secondaires pour ne pas se laisser distraire. Il est bénéfique pour tous de jeûner : se priver volontairement de quelque chose de licite mais non nécessaire, c’est une pratique valable, bien que relative. Cela peut nous ouvrir davantage à Dieu et à la charité envers les autres. Car jeûner, c’est exercer une maîtrise de soi, ne pas se focaliser sur soi-même, relativiser nos désirs pour donner plus de place dans notre existence à Dieu et à notre prochain.

Plusieurs personnes jeûnent en raison d’une condition médicale, pour garder une belle apparence corporelle ou pour éviter le cholestérol et les excès de gras. En signe de notre conversion pascale, nous sommes invités, dans le Carême, à pratiquer une sorte de jeûne pour être plus dociles à l’Esprit Saint, pour mieux s’accorder avec le Christ qui marche vers la croix et aussi avec tant de personnes qui n’ont pas le nécessaire pour vivre dignement.

La simplicité volontaire est une nouvelle philosophie pratiquée par certaines personnes inquiètes et critiques des excès de consommation de notre société : on parle de types alternatifs très modernes. Le mot austérité n’est pas si cool, même s’il a le même sens. Il ne s’agit pas de vivre avec moins de choses, mais de vivre plus près les uns des autres, car l’excès de biens matériels construit des murs autour de nous. En ce sens, la guérison dont nous parle le prophète n’est pas un effort de la volonté, mais un don qui révèle le désir du cœur.

Fr. Carlos Ariel Betancouth Ospina, O.P.

 

PRIÈRE

Que ta bienveillance nous accompagne, Seigneur,
durant ce temps de pénitence qui vient de commencer,
afin que la discipline imposée à notre corps
soit aussi pratiquée d’un cœur sincère.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
qui vit et règne avec toi, dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.
∞ Amen.