Homélie, jeudi après les Cendres

23 février 2023

Portez nos Croix d'amour

En ce deuxième jour de Carême, Gustavo Adolfo Garay Ortega clarifie pour nous ce que signifie « porter sa croix » et nous explique comment l’intégrer consciemment et sainement à notre cheminement dans l’imitation du Christ.
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Homélie

Qui sont-ils ceux et celles qui réussissent dans leur vie? Qui pouvons-nous mentionner comme ceux ou celles qui ont gagné dans leur vie? Selon certains critères sociaux, ce sont tous ceux qui occupent les premiers rangs dans les différentes activités humaines, autrement dit, ceux et celles qui sont au-dessus des autres, par-dessus le reste de l’humanité. Totalement le contraire de ce que le passage de l’évangile de Luc nous dit aujourd’hui.

Nous débutons le Carême avec un texte biblique qui nous annonce le destin de Jésus : « Il faut que le Fils de l’homme souffre beaucoup… ». On le sait, les événements se sont effectivement déroulés ainsi. Le message du Règne de Dieu proclamé par Jésus n’a pas fait l’unanimité auprès de ceux qui occupait les premiers rangs dans le peuple d’Israël. On cherchait à le faire taire, mais Jésus est resté fidèle à sa mission : annoncer l’amour de Dieu, même si ça dérangeait les autorités religieuses de son temps, au point d’être condamné à mort, et une mort sur la croix.

C’est dans le scandale même de la croix, par sa propre mort, que l’amour de Dieu a démontré sa plus grande expression : l’amour a vaincu la mort, le Père l’a ressuscité au troisième jour.

Encore et toujours, Jésus invite : « Celui qui veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix chaque jour et qu’il me suive ». Il est nécessaire de clarifier que la croix à prendre est celle du Christ-Ressuscité, c’est-à-dire, la croix de l’amour, la croix « d’aimez-vous les uns les autres comme j’ai vous aimé », la croix qui devient la nôtre à chaque fois que nous faisons l’effort d’aimer nos frères et sœurs comme le Christ et, surtout, ceux ou celles que l’on a de la difficulté à aimer ou que l’on aime considérablement moins; raison pour laquelle il dit : « qu’il prenne sa croix chaque jour ».

Cependant, avant de prendre sa croix, il faut renoncer à soi-même. C’est une expression difficile à expliquer. Pour moi, c’est un choix qui, d’une certaine façon, arrive comme une négation, comme l’option de ne pas choisir les projets personnels qui deviennent égoïstes et ne bénéficient pas aussi les autres. Autrement dit, c’est le choix de la conversion, le changement d’attitude, l’abandon à la miséricorde Dieu. Hier justement, le frère André nous invitait à nous recycler pour renaître avec le Ressuscité. N’oublions pas que cette renonciation n’est pas une absence de liberté, mais que c’est, au contraire, la confiance pleine en la miséricorde Dieu, la confiance en l’exemple du Christ qui s’abandonne au Père dans le sacrifice de la croix.

En ces jours-ci, je dialoguais avec quelques jeunes universitaires à propos des pratiques du carême que comme chrétiens nous devons choisir. À chaque fois, on concluait qu’il faut éviter de tomber dans le piège d’aller aux extrêmes, surtout sans être pleinement conscient du but de nos actions et particulièrement lorsqu’il s’agit de pratiques de pénitence. Notre vie spirituelle a besoin d’un équilibre. Renoncer à soi-même et prendre sa croix ne doit pas être identifié aux pratiques masochistes, torturantes et insupportables; au contraire, il faut toujours garder à l’esprit que le sens de « perdre sa vie pour la sauver » c’est la résurrection, c’est l’ouverture au bonheur de la vie, les petits bonheurs de chaque jour qui se font uniquement par amour. Le carême, c’est donc une occasion d’imiter le Christ, d’essayer d’aimer plus intensément, autrement, comme il l’a fait.

Gustavo Adolfo Garay Ortega

 

PRIÈRE

Que ta grâce inspire et précède notre action,
nous t’en prions, Seigneur,
qu’elle la soutienne et l’accompagne,
pour que toutes nos activités prennent leur source en toi
et reçoivent de toi leur achèvement.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
qui vit et règne avec toi,
dans l’unité du Saint-Esprit,
maintenant et pour les siècles des siècles.

∞ Amen.