Homélie, lundi, 7ème Semaine du Temps Ordinaire

20 FÉVRIER 2023

Protégés de l'incrédulité !

Aujourd’hui, le frère Jean-Louis Larochelle, O.P., nous invite à persévérer dans la foi et à combattre le doute et l’incrédulité par la prière, particulièrement dans les moments de drame et d’adversité, car la prière est un acte d’amour et d’espérance qui fortifie notre relation à Dieu.
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Homélie

Quand une personne est plongée dans un drame, elle cherche promptement, de façon habituelle, des personnes qui pourraient venir à son secours. C’est bien ce qu’on observe chez le père de l’enfant possédé par un esprit muet. La situation de son fils était dramatique. À trois reprises, dans le récit, il apporte des précisions sur les agissements incontrôlables de ce dernier. Il a d’ailleurs tous les symptômes de ce que nous appelons aujourd’hui l’épilepsie. Et la menace était radicale : l’esprit malin, en le jetant dans le feu ou dans l’eau, pouvait le faire mourir.

Ce père plein de compassion et d’angoisse avait dû voir des médecins et des guérisseurs bien avant de s’adresser aux disciples. S’il était disposé à tout faire pour obtenir la guérison de son fils, il était toutefois habité par le doute sur les capacités des personnes à qui il était référé. Sa confiance était devenue limitée. D’autant plus qu’il venait de constater que les disciples de Jésus avaient été incapables, eux aussi, d’améliorer le sort de son fils. Et c’est après cette déception qu’il s’est engagé dans un dialogue avec Jésus. Il se demandait s’il pouvait faire confiance à Jésus. Lui, le père, il avouait explicitement être tiraillé entre la foi et la non-foi. Voici ses paroles : « Si tu peux faire quelque chose, viens à notre secours. » (Mc 9,22) Puis il ajouta : « Je crois, (mais) viens au secours de mon incrédulité. » (Mc 9,24) C’est alors que Jésus manifesta son amour et sa puissance en chassant l’esprit malin du corps de l’enfant.

L’expérience difficile de la foi, que de chrétiens et chrétiennes l’ont vécu alors même qu’ils étaient plongés dans des drames déchirants. Drames liés à des maladies incurables. Drames familiaux liés à la séparation des parents. Drames engendrés par des ambitions politiques démesurées de la part de chefs d’État. Dans de telles circonstances, que de chrétiens et chrétiennes, aujourd’hui, se demandent s’il faut prier Dieu et espérer être exaucés. Les miracles sont si rares. D’ailleurs, qu’est-ce que la prière va changer dans la réalité ?, se disent-ils. Notons-le : la prière peut modifier le regard que nous portons sur les expériences jugées malheureuses et déchirantes. Pour nous, le champ de la prière déborde largement le seul désir de voir des réalités humaines et terrestres être modifiées. À la lumière de la résurrection de Jésus, nous reconnaissons que la destinée de l’être humain est beaucoup plus large que celle qui était familière au père de l’enfant possédé. En effet, pour toute personne baptisée, les drames, les souffrances et la mort doivent être vécus à la lumière de la résurrection. C’est dans cette vision révélée qu’il nous faut situer la place de nos souffrances. Elles sont alors relativisées. Pour cette raison, le souci central qui doit nous habiter dans la prière, c’est de voir les souffrants, proches et lointains, être accueillis dans l’intimité de Dieu. Car c’est là que se trouve l’accomplissement plénier de toute vie humaine.

Sachons toutefois que nous pouvons très bien être tiraillés entre la foi et la non-foi, tout comme le père de l’enfant. Nous avons donc pleinement raison de prier, entre autres pour être protégés de l’incrédulité. Au cœur des épreuves et des souffrances, le Seigneur, lui, pourra nous donner la force de nous attacher à Lui avec fidélité. Nous aurons alors le privilège d’entrer toujours davantage dans la vie intime de Dieu.

Fr. Jean-Louis Larochelle, O.P.

 

PRIÈRE

Seigneur Dieu, tu as voulu que toute la loi de sainteté consiste
à t’aimer et à aimer son prochain :
donne-nous de garder tes commandements,
et de parvenir ainsi à la vie éternelle.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
qui vit et règne avec toi, dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.