4 FÉVRIER 2023
Prendre le temps d'une pause
Aujourd’hui, le frère Henri de Longchamp, O.P. souligne l’attitude miséricordieuse de Jésus envers ses disciples après le retour de mission et envers la foule qui est dans le besoin.

LETTRE AUX HÉBREUX (13, 15-17.20-21)
Frères,
en toute circonstance,
offrons à Dieu, par Jésus, un sacrifice de louange,
c’est-à-dire les paroles de nos lèvres qui proclament son nom.
N’oubliez pas d’être généreux et de partager.
C’est par de tels sacrifices que l’on plaît à Dieu.
Faites confiance à ceux qui vous dirigent
et soyez-leur soumis ;
en effet, ils sont là pour veiller sur vos âmes,
ce dont ils auront à rendre compte.
Ainsi, ils accompliront leur tâche avec joie,
sans avoir à se plaindre,
ce qui ne vous serait d’aucun profit.
Que le Dieu de la paix,
lui qui a fait remonter d’entre les morts,
grâce au sang de l’Alliance éternelle,
le berger des brebis, le Pasteur par excellence,
notre Seigneur Jésus,
que ce Dieu vous forme en tout ce qui est bon
pour accomplir sa volonté,
qu’il réalise en nous ce qui est agréable à ses yeux,
par Jésus Christ, à qui appartient la gloire
pour les siècles des siècles. Amen.
ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT MARC (6, 30-34)
En ce temps- là, les Apôtres se réunirent auprès de Jésus, et lui annoncèrent tout ce qu’ils avaient fait et enseigné. Il leur dit : « Venez à l’écart dans un endroit désert, et reposez-vous un peu. » De fait, ceux qui arrivaient et ceux qui partaient étaient nombreux, et l’on n’avait même pas le temps de manger. Alors, ils partirent en barque pour un endroit désert, à l’écart.
Les gens les virent s’éloigner, et beaucoup comprirent leur intention. Alors, à pied, de toutes les villes, ils coururent là-bas et arrivèrent avant eux.
En débarquant, Jésus vit une grande foule. Il fut saisi de compassion envers eux, parce qu’ils étaient comme des brebis sans berger. Alors, il se mit à les enseigner longuement.
Homélie
Thomas Merton a écrit : « La vraie solitude purifie l’âme et l’ouvre aux quatre vents de la générosité. La fausse solitude ferme sa porte à tous les hommes et s’absorbe dans ses niaiseries. » (Nul n’est une île, p. 204)
De retour de mission les apôtres sont fatigués, la foule les harcèle. On imagine cette foule pressant Jésus, lui amenant ses malades, lui présentant les petits enfants à bénir, le pressant de questions sur Dieu et sur l’avenir et sur la libération du peuple élu. Tant et si bien qu’ils n’ont plus le temps de manger.
Voyant l’état de fatigue de ses apôtres, Jésus veut qu’ils refassent leurs forces, qu’ils se reposent. Comme Jésus, nous connaissons des personnes qui brûlent la chandelle par les deux bouts, qui sont des travailoliques par choix ou par décision de leurs patrons, de leur supérieur religieux ou religieuse. D’autres ont une famille à loger, à nourrir, à s’occuper alors qu’un seul salaire n’est pas suffisant pour y arriver avec hausse des loyers, des prix de la nourriture, des tarifs que les professionnels demandent en cas de besoin.
La foule fait le tour du lac pour y retrouver la barque avec Jésus et les apôtres. Jésus ne résiste pas ; il a profondément pitié de ces gens. Pas la pitié pour les miséreux mais la pitié qui est amour de ces gens qui sont comme un troupeau sans berger et qui peuvent suivre le premier mercenaire venu. Jésus déclare qu’il est lui-même à poursuite de la brebis perdue. Les apôtres apprennent, en voyant Jésus, qu’il n’est pas encore temps de se reposer.
Il faut aller annoncer à temps et à contretemps, aussi longtemps que les foules erreront en quête de pain, de guérison, de paroles d’espérance. On comprend que Jésus, si fatigué qu’il soit, se mette à les enseigner longuement. Aujourd’hui comme hier, nous manquons de maîtres spirituels, de maîtresses spirituelles. Dans tous les cours en théologie, j’ai eu beaucoup de professeurs de théologie qui réfléchissaient bien. Mais j’ai eu un seul maître spirituel qui ne parlait pas sur Dieu, mais qui nous parlait de Dieu avec qui il était lui-même en dialogue et pour qui il consacrait sa vie d’enseignant, sans beaucoup de revenus, à Rome, auprès de missionnaires italiens en Afrique, ainsi qu’au Collège dominicain d’Ottawa.
C’est une grâce que je souhaite à tout chrétien, à toute chrétienne d’en découvrir un ou une et de cheminer sur la voie du Seigneur, d’en approfondir la connaissance, de l’annoncer à sa façon, puis de faire connaître, aimer et servir Jésus Christ Sauveur ici et maintenant.
Fr. Henri de Longchamp, O.P.
PRIÈRE
∞ Amen.