Homélie, lundi, 2ème Semaine du Temps Ordinaire

16 JANVIER 2023

Vin nouveau, outres neuves

Aujourd’hui, le frère Jean-Louis Larochelle, O.P., nous amène l’enseignement de Jésus comme une confrontation entre l’ancien et le nouveau, le détail de la Loi et l’essentiel dans la relation à Dieu et au prochain, le perfectionnisme des « justes » et la miséricorde de l’Amour.

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Homélie

Les pharisiens et les scribes ont rapidement saisi que Jésus, par son enseignement et ses comportements, venait bousculer des traditions religieuses et sociales anciennes de la religion juive. À leurs yeux, à cause même de ses attitudes, Jésus ne pouvait pas être reconnu comme un véritable prophète, encore moins comme le Messie. Leur résistance se faisait d’autant plus prononcée que Jésus se permettait de relever publiquement des incohérences majeures dans leurs manières d’assumer la Loi religieuse traditionnelle. Ne disait-il pas : « Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites, parce que vous payez la dime de la menthe, du fenouil et du cumin, tandis que vous négligez ce qui a le plus de poids dans la Loi : la justice, la miséricorde et la foi! » (Mt 23,23) Pour lui, ce qui était fondamental dans la pratique religieuse, c’était l’amour du prochain, que ce soit à l’endroit d’un proche ou d’un étranger. Cela, il l’avait très bien illustré dans la parabole du bon Samaritain. C’est pour cette raison qu’il relativisait, entre autres, l’importance du jeûne comme manifestation de la fidélité à Dieu. Il faut dire ici qu’au temps de Jésus, la population juive en général, composée très largement de travailleurs manuels, n’accordait pas une place significative au jeûne. De fait, en Israël, il n’y avait que six jours de jeûne officiels obligatoires au cours de l’année. Et les enfants de moins de 13 ans, les malades, les personnes âgées ainsi que les mères de famille n’y étaient pas soumis. En revanche, certains groupes, dont celui des pharisiens, se montraient très zélés en ce qui concerne cette pratique. Les pharisiens, par exemple, jeûnaient deux jours par semaine (cf. Lc 18,12). Pendant ces journées, ils devaient s’abstenir de manger et de boire – même de l’eau, s’abstenir de se laver les mains (sauf le bout des doigts) et de porter des sandales.

Or, à l’occasion du débat portant sur le jeûne, Jésus se permet d’aller bien au-delà de cette pratique particulière de mortification ou d’ascèse. C’est tout le système religieux qu’il vient questionner lorsqu’il affirme : « Personne ne met du vin nouveau dans de vieilles outres. (…). À vin nouveau, outre neuve ». (Mc 2,22) Façon imagée de dire que le système religieux traditionnel, avec ses 613 commandements, était devenu une outre inadaptée au vin nouveau que lui, Jésus, apportait. Ce n’est d’ailleurs pas sans raison qu’il pouvait dire : « Venez à moi, vous tous qui peinez et ployez sous le fardeau; moi, je vous donnerai du repos. (…). Oui, mon joug est facile à porter, et mon fardeau léger. » (Mt 11,28 et 30). La Loi nouvelle que Jésus proposait était centrée sur l’amour de Dieu et du prochain. Le service de l’autre, la recherche de la fraternité et de la solidarité passaient bien avant les restrictions alimentaires et autres pratiques ascétiques que les croyants et croyantes pouvaient s’imposer individuellement. Avec Jésus, l’ordre de priorité était changé. Une Loi nouvelle devait remplacer la Loi ancienne.

Par sa prise de position, Jésus venait s’opposer aux scribes et aux pharisiens qui avaient la prétention de se déclarer justes face à Dieu. Dans leur cheminement spirituel, ils ne comptaient que sur leurs forces personnelles et non pas sur la miséricorde de Dieu, à la différence du publicain qui, lui, disait : « Ô Dieu, prends pitié du pécheur que je suis. » (Lc 18,13)

Le passage évangélique du jour nous invite donc à nous réjouir de la vision libératrice de Jésus. Cela nous aide à ne pas nous faire illusion sur nos capacités de répondre à la volonté de Dieu. Sachons donc, avec humilité, toujours compter sur la miséricorde de Dieu. Grâce à elle, il est possible de boire dans des « outres neuves » et d’aspirer vraiment à cheminer sur la voie qui mène au Royaume de Dieu.

Fr. Jean-Louis Larochelle, O.P.

PRIÈRE

Dieu éternel et tout-puissant,
qui régis et le ciel et la terre,
exauce, en ta bonté, les supplications de ton peuple
et donne à notre temps la paix qui vient de toi.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
qui vit et règne avec toi, dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.