6 janvier 2023
Le Fils de Dieu
Aujourd’hui, le frère André Descôteaux, O.P., nous explique comment, à travers les trois symboles et réalités de l’eau, du sang et de l’Esprit, Jésus s’est fait un avec l’Humanité entière pour mieux la sauver.

PREMIÈRE LETTRE DE SAINT JEAN (5, 5-13)
Bien-aimés, qui donc est vainqueur du monde ? N’est-ce pas celui qui croit que Jésus est le Fils de Dieu? C’est lui, Jésus Christ, qui est venu par l’eau et par le sang : non pas seulement avec l’eau, mais avec l’eau et avec le sang. Et celui qui rend témoignage, c’est l’Esprit, car l’Esprit est la vérité.
En effet, ils sont trois qui rendent témoignage, l’Esprit, l’eau et le sang, et les trois n’en font qu’un. Nous acceptons bien le témoignage des hommes ; or, le témoignage de Dieu a plus de valeur, puisque le témoignage de Dieu, c’est celui qu’il rend à son Fils. Celui qui met sa foi dans le Fils de Dieu possède en lui-même ce témoignage. Celui qui ne croit pas Dieu, celui-là fait de Dieu un menteur, puisqu’il n’a pas mis sa foi dans le témoignage que Dieu rend à son Fils.
Et ce témoignage, le voici : Dieu nous a donné la vie éternelle, et cette vie est dans son Fils. Celui qui a le Fils possède la vie ; celui qui n’a pas le Fils de Dieu ne possède pas la vie. Je vous ai écrit cela pour que vous sachiez que vous avez la vie éternelle, vous qui mettez votre foi dans le nom du Fils de Dieu.
ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT JEAN (1, 35-42)
En ce temps-là, Jean le Baptiste proclamait : « Voici venir derrière moi celui qui est plus fort que moi ; je ne suis pas digne de m’abaisser pour défaire la courroie de ses sandales. Moi, je vous ai baptisés avec de l’eau ; lui vous baptisera dans l’Esprit Saint. »
En ces jours-là, Jésus vint de Nazareth, ville de Galilée, et il fut baptisé par Jean dans le Jourdain. Et aussitôt, en remontant de l’eau, il vit les cieux se déchirer et l’Esprit descendre sur lui comme une colombe. Il y eut une voix venant des cieux : « Tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie. »
Homélie
Alors que la très grande majorité des chrétiens orthodoxes s’apprêtent à célébrer la fête de Noël, car ils suivent le très ancien calendrier julien avec un décalage de 13 jours par rapport au nôtre, la liturgie de la Parole de ce matin nous entraîne vers la conclusion de ce temps de Noël.
Aujourd’hui, nous est rapporté le baptême de Jésus selon Marc. Les récits de la naissance de Jésus nous ont fait entendre bien des personnages : Marie, Élisabeth, Zacharie, les Mages, Hérode, les bergers. Du ciel, les anges sont également intervenus. Tout d’abord, ce fut Gabriel envoyé près de Marie, ensuite le chœur des anges qui, à l’annonce de la naissance du sauveur aux bergers, chantaient ‘Gloire à Dieu et paix sur terre aux hommes qu’il aime’. Aujourd’hui, enfin, nous entendons la voix du Père. Au moment où Jésus remonte des eaux après avoir été baptisé par Jean, il y eut une voix venant des cieux : « Tu es mon Fils bien-aimé; en toi, je trouve ma joie. »
Le Père s’exprime quand Jésus se rend solidaire de notre humanité en descendant, comme tous les pécheurs, dans l’eau du baptême alors que lui est sans péché. Il nous est solidaire non seulement dans la chair, mais aussi dans notre destin. Il vient partager ce que nous sommes pour que nous partagions sa vie. Cette joie manifestée par le Père à l’endroit de Jésus nous englobe parce que Jésus est vraiment l’un des nôtres tout en restant le Visage du Tout autre.
Saint Jean proclame la même merveille. Dieu nous a donné la vie éternelle qui est dans son Fils. Celui qui a le Fils possède la vie.
Jésus est le Fils de Dieu. Il est venu par l’eau et par le sang : non pas seulement avec l’eau, mais avec l’eau et avec le sang. Le Jésus de la croix est le même que celui du baptême. L’eau du Jourdain et le sang de la croix ont baigné le même corps. Jean nous transpose directement à la fin de la vie de Jésus. Après que le centurion lui eut percé le côté, l’eau et le sang en jaillirent. Cette vie qui nous est donnée s’est d’abord donnée elle-même jusqu’à la croix. Saint Jean nous montre jusqu’où est allée la solidarité de Jésus avec l’humanité pécheresse manifestée dans son baptême. Elle est allée jusqu’à la croix pour nous délivrer du péché et de la mort. Ainsi si nous partageons la vie du Ressuscité, en étant plongé dans les eaux du baptême, c’est parce que Jésus a donné la sienne et qu’en mourant il a répandu son Esprit sur le monde.
Ils sont trois à rendre témoignage : l’Esprit, l’eau et le sang. Il n’est donc pas question de retenir la glorification de Jésus lors de son baptême et de refuser son humiliation à la croix. En fait, pour Jean, cette croix que nous considérons un scandale est pour lui une glorification, car elle manifeste qui est le Christ et qui est le Père : amour, source de toute vie qui nous comble de l’Esprit.
Aux termes de ces fêtes, Jean insiste et insiste : accueillons ce témoignage. Que notre vie soit également témoignage, car notre vie est transformée par celle de celui qui a vaincu le monde. Puissions-nous dire avec l’apôtre Jean : « je vous ai écrit cela pour que vous sachiez que vous avez la vie éternelle, vous qui mettez votre foi dans le nom du Fils de Dieu ». Amen.
Fr. André Descôteaux, O.P.
PRIÈRE