Homélie, lundi du Temps de Noël avant l’Épiphanie

2 janvier 2023

Humilité et confiance!

Aujourd’hui, le frère Jean-Louis Larochelle, O.P. nous invite à garder confiance et humilité dans notre mission que nous avons comme croyants, à l’exemple de Jean-Baptiste, le précurseur du Christ.

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Homélie

En lisant le récit évangélique d’aujourd’hui, bien des chrétiens sont étonnés. Ils ont l’impression que Jean Baptiste ne connaissait pas précisément la nature de sa mission. En effet, à la question posée par les délégués des autorités religieuses de Jérusalem : « Qui est tu? », il a répondu plutôt par la négative. Voyez : (a) je ne suis pas le Messie attendu; (b) je ne suis pas le prophète Élie qui doit revenir et inaugurer les derniers temps ; (c) et même la partie positive de son discours est décevante, car elle demeure trop floue: « Je suis la voix de celui qui crie dans le désert ».

Réaction d’autant plus étrange de sa part que les gens du peuple le reconnaissaient déjà comme un prophète. À leurs yeux, il se comportait comme un prophète et parlait comme un prophète. Sa radicalité de vie et son baptême de repentance ne lui donnaient-ils pas une crédibilité qui attirait des foules? Des hommes se faisaient ses disciples. Et Jésus lui-même, avant de s’engager dans sa mission, l’a fréquenté. Ajoutons que même les autorités civiles reconnaissaient le pouvoir provocant de sa parole. D’autant plus qu’il se permettait de critiquer ouvertement le comportement immoral du prince Hérode.

Mais alors, avec une telle reconnaissance publique, comment se fait-il que Jean Baptiste n’ait pas cherché à répondre avec clarté aux délégués des autorités religieuses? Une question se pose alors : avait-il des doutes sur sa véritable mission? Nous constatons par exemple qu’il a hésité à reconnaître le Messie en Jésus? Pourtant, il avait commencé par affirmer : « Moi, je vous baptise avec de l’eau. Mais il s’en vient, celui qui est plus puissant que moi; (…); il vous baptisera avec l’Esprit Saint et avec du feu. » (Lc 3,16). Or, une fois jeté en prison par Hérode, il sent le besoin d’envoyer deux de ses disciples demander à Jésus : « Es-tu le Messie qui doit venir ou devons-nous attendre quelqu’un d’autre ? » (Lc 7,18-20) Signe évident d’une hésitation.

Ce constat, déroutant sans doute, peut cependant être éclairant pour nous. Imaginons simplement qu’un délégué de l’archevêque de Montréal vienne demander à l’un ou l’autre d’entre nous : quelle est votre mission, ici à Montréal, en tant que baptisé? Ou encore : avez-vous une identité chrétienne facilement lisible aux yeux des gens qui vous entourent? Comme réponse à l’une ou l’autre de ces questions, nous commencerions probablement par dire : « J’essaie de vivre le mieux possible à la lumière de l’Évangile. Dans mes relations familiales et autres, j’essaie d’imiter le Christ Jésus; je cherche à avoir de la compassion pour les personnes qui souffrent et, en même temps, à résister aux injustices ». Mais nous sentirions sans doute le besoin d’ajouter : « Au cours des années, j’ai posé bien des gestes où je n’étais pas assuré de collaborer vraiment à la venue du Règne de Dieu. » Et nous terminerions peut-être en reconnaissant, à cause de nos incapacités à toujours bien juger les situations, de ne pas avoir régulièrement répondu avec pertinence à notre mission personnelle de baptisé. Ce serait là une façon de reconnaître que marcher dans la foi exige humilité et confiance. Humilité, car c’est Dieu qui est le maître d’œuvre dans l’édification de son Royaume. Confiance, car c’est par elle qu’il est possible d’accueillir le souffle de l’Esprit.

Tout comme Jean Baptiste l’a été, nous sommes engagés dans une aventure spirituelle qui nous dépasse. D’où des hésitations, des doutes dans nos engagements. Nous ne saisissons pas tout. Jean Baptiste l’a bien compris. Notre lucidité naturelle ne parvient que partiellement à nous faire saisir ce à quoi nous collaborons dans l’édification du Royaume de Dieu. Tout en nous sachant portés par l’Esprit Saint, nous devons répondre avec humilité, mais aussi avec confiance, aux appels de Dieu. Ces appels nous rejoignent à travers les responsabilités que nous avons à assumer au quotidien. C’est ainsi, en étant souvent obligés de tâtonner, que nous parvenons à imiter le Christ Jésus et à répondre à la mission qui nous a été confiée par le Seigneur.

Fr. Jean-Louis Larochelle, O.P.

PRIÈRE

Seigneur Dieu,
tu as voulu illuminer ton Église par l’exemple et les enseignements
des bienheureux évêques Basile et Grégoire ;
accorde-nous de rechercher ta vérité dans l’humilité
et de la mettre en œuvre fidèlement dans la charité.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur
qui vit et règne avec toi dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.
∞ Amen.