28 DÉCEMBRE 2022
Dieu réagit à sa manière
Aujourd’hui, le frère André Descôteaux, O.P. souligne la mémoire liturgique des saints Innocents, ces enfants massacrés parce que le roi Hérode se sentait menacé par la naissance à Bethléem d’un enfant descendant du grand roi David.

PREMIÈRE LETTRE DE SAINT JEAN (1, 5 – 2, 2)
Bien-aimés,
tel est le message que nous avons entendu de Jésus Christ
et que nous vous annonçons :
Dieu est lumière ;
en lui, il n’y a pas de ténèbres.
Si nous disons que nous sommes en communion avec lui,
alors que nous marchons dans les ténèbres,
nous sommes des menteurs,
nous ne faisons pas la vérité.
Mais si nous marchons dans la lumière,
comme il est lui-même dans la lumière,
nous sommes en communion les uns avec les autres,
et le sang de Jésus, son Fils, nous purifie de tout péché.
Si nous disons que nous n’avons pas de péché,
nous nous égarons nous-mêmes,
et la vérité n’est pas en nous.
Si nous reconnaissons nos péchés,
lui qui est fidèle et juste
va jusqu’à pardonner nos péchés
et nous purifier de toute injustice.
Si nous disons que nous sommes sans péché,
nous faisons de lui un menteur,
et sa parole n’est pas en nous.
Mes petits enfants,
je vous écris cela pour que vous évitiez le péché.
Mais si l’un de nous vient à pécher,
nous avons un défenseur devant le Père :
Jésus Christ, le Juste.
C’est lui qui, par son sacrifice,
obtient le pardon de nos péchés,
non seulement les nôtres,
mais encore ceux du monde entier.
ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT MATTHIEU (2, 13-18)
Après le départ des mages,
voici que l’ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph
et lui dit :
« Lève-toi ; prends l’enfant et sa mère,
et fuis en Égypte.
Reste là-bas jusqu’à ce que je t’avertisse,
car Hérode va rechercher l’enfant
pour le faire périr. »
Joseph se leva ;
dans la nuit, il prit l’enfant et sa mère,
et se retira en Égypte,
où il resta jusqu’à la mort d’Hérode,
pour que soit accomplie
la parole du Seigneur prononcée par le prophète :
D’Égypte, j’ai appelé mon fils.
Alors Hérode, voyant que les mages s’étaient moqués de lui,
entra dans une violente fureur.
Il envoya tuer tous les enfants jusqu’à l’âge de deux ans
à Bethléem et dans toute la région,
d’après la date qu’il s’était fait préciser par les mages.
Alors fut accomplie la parole prononcée
par le prophète Jérémie :
Un cri s’élève dans Rama,
pleurs et longue plainte :
c’est Rachel qui pleure ses enfants
et ne veut pas être consolée,
car ils ne sont plus.
Homélie
En préparant cette homélie, j’ai trouvé sur le site ‘Regards protestants’ une autre version de cet évangile. La voici.
« Dans son rêve, Joseph voit un ange qui lui ordonne de fuir en Égypte, car Hérode veut tuer son enfant, mais il est perplexe. Pourquoi doit-il partir? La route est longue et difficile, elle traverse un désert. Marie est si fatiguée, et l’enfant si fragile. Il lui faut absolument trouver une monture.
Il n’est pas question de penser à un chameau, c’est bien trop cher. Même pour un cheval, il n’a pas assez d’argent! Peut-être trouvera-t-il un homme compatissant qui accepterait de lui vendre un âne pour les quelques pièces qu’il a emportées avec lui.
Il demande aux habitants de Bethléem s’ils lui vendraient un âne, mais le prix qu’il propose est ridicule. Finalement, un homme accepte de lui céder un vieil âne dont il ne se sert plus, car il est boiteux.
Comme il n’a pas le choix, Joseph achète l’âne boiteux et retourne à l’étable. […] Comment peut-il espérer échapper aux cavaliers du roi avec un âne boiteux? Il ne lui reste plus qu’à faire confiance à la parole de l’ange.
L’officier d’Hérode qui avait été envoyé de Jérusalem pour surveiller les enfants de Bethléem est informé qu’une famille avec un jeune enfant a pris la fuite vers le Sud. Il prend la tête d’une petite troupe de cavaliers pour rattraper les fuyards. Après quelques heures de course, ils repèrent leurs traces sur la piste. L’Officier distingue bien les pas d’un homme, ceux d’une jeune fille qui traîne un peu les pieds, comme si elle était malade ou très fatiguée, et enfin la trace d’un âne qui boite.
Il arrête sa troupe et ordonne à ses soldats de faire demi-tour. Celui qu’il recherche est une menace pour le roi, ce n’est pas un miséreux accompagné d’un âne boiteux! »
La force et la toute-puissance d’Hérode sont trompées par la faiblesse et la pauvreté de Jésus. Qu’est-ce que cette équipée? Est-ce vraiment celle d’un enfant qu’Hérode doit craindre? Ça, un roi ou un futur roi? L’officier est tombé dans le piège. Comment un roi peut-il ne pas vivre dans un palais et être défendu par une véritable garde?
Dans les commentaires patristiques de la Passion du Seigneur, on trouve l’interprétation suivante de la mort du Christ et de sa victoire sur elle. La mort ne savait pas qui elle engloutissait en prenant le Christ dans ses ténèbres. C’était un leurre. En engloutissant ce crucifié déchu, elle avalait un poison qui l’anéantirait. Saint Augustin va jusqu’à dire que le démon est semblable à un rat qui se laisse prendre par une souricière dans laquelle la chair du Christ a servi d’appât. Tel est pris qui croyait prendre. La folie de Dieu est sagesse de Dieu, comme dit si bien saint Paul.
Des Hérode, il y en a eu, il y en a et il y en aura encore. Malheureusement pour leur perte et nos souffrances. Combien d’enfants sont les victimes de ces puissants avides de pouvoir prêts à tout pour asseoir leur domination et surtout vaincre leur crainte de le perdre? Hérode n’a même pas hésité à assassiner ses fils pour assurer son trône. Aujourd’hui, la liste est trop longue de ces potentats sans scrupule qui tuent et qui jettent sur les routes du monde des millions de familles entières! Nous le savons : les premières victimes de tous les conflits armés, ce sont d’abord les femmes et les enfants.
Que fait Dieu? Pourquoi n’intervient-il pas? Tout ce que l’Évangile nous dit c’est qu’il réagit à sa manière, dans le respect de la liberté humaine, en se faisant fragile et en détruisant la haine et la mort par les filets de son amour et de sa vie.
Ne nous fions pas aux apparences. Ne nous décourageons pas devant le spectacle si navrant de la violence dans le monde. Elle est déjà vaincue et, un jour, elle le sera pour toujours par celui qui s’est fait pauvre parmi les pauvres au point d’avoir été lui-même persécuté et exilé. Comme Joseph, faisons confiance!
Fr. André Descôteaux, O.P.
PRIÈRE
∞ Amen.