Homélie, samedi, 3ème Semaine de l’Avent

Dans la liturgie, tout se tient : les lectures bibliques, les prières, la consécration et la communion.

Dans le rite que les Dominicains utilisaient avant d’adhérer au rite voulu par le Concile Vatican II, au moment de l’offertoire le célébrant dominicain priait en disant : Comme cette eau se mêle au vin pour le sacrement de l’Alliance, puissions-nous être unis à la divinité de Celui qui a pris notre humanité. L’un ou l’autre des frères le disent toujours.

Aujourd’hui, dans la prière d’ouverture de la messe du 17 décembre, le président a dit : Dieu, créateur et rédempteur du genre humain, tu as voulu que ton Verbe prenne chair dans le sein de Marie toujours vierge; sois favorable à notre prière : que ton Fils unique, qui a pris notre humanité, nous donne part à sa vie divine. Lui qui vit avec toi dans l’unité du Saint-Esprit, Dieu, pour les siècles des siècles.

Saint Matthieu débute son évangile en nous disant que Jésus est un vrai homme. En d’autres mots, que Jésus, comme tout homme et toute femme qui arrive au monde, ne part pas de zéro, mais il a une histoire. Comme certains enfants de fumeurs, d’alcooliques ou de toxicomanes; d’autres nés dans des zones de guerre, de sécheresse; d’autres qui n’ont pas de médicaments pour soulager ou guérir.

Pour l’évangéliste Matthieu, l’Incarnation c’est du sérieux; lorsque Dieu se fait l’un des nôtres, Il le fait en assumant toutes les conséquences. Le Fils de Dieu en venant au monde, assume le passé de sa famille. En regardant les personnages de cette liste généalogique, nous pouvons nous rendre compte que Jésus n’a pas pour ainsi dire un « dossier immaculé ».

Comme écrivait feu le Cardinal Nguyen van Thuan, « en ce monde, si un peuple écrit son histoire officielle, il le fera avec grandeur… C’est un cas unique, de trouver un peuple dont l’histoire officielle ne cache pas les péchés de ses ancêtres ».

Il y a des péchés comme l’homicide (David), l’idolâtrie (Salomon), ou la prostitution (Rahab). Et à côté de cela, il y a des moments de grâce et de fidélité à Dieu et surtout des personnages comme Joseph et Marie « de laquelle fut engendré Jésus, que l’on appelle Christ » (Mt 1,16).

La généalogie de Jésus nous aide à contempler le mystère que nous nous préparons à célébrer, celui de Dieu fait Homme, vrai Homme, qui a « habité parmi nous » (Jn 1,14).

Quelle est notre propre généalogie dans la famille des frères et des sœurs de Jésus le Christ, le Fils Unique de Dieu et notre frère ? Quelle est notre généalogie dans la famille des saints et des saintes, ces témoins bien incarnés dans leur vie avec le Christ Ressuscité, le Vivant, hier, aujourd’hui et demain ?

Fr. Henri de Longchamp, O.P.

PRIÈRE