Homélie, lundi, 2ème Semaine de l’Avent

5 DÉCEMBRE 2022

Porteurs de compassion

En ce deuxième dimanche de l’Avent, le frère Jean-Louis de Larochelle, O.P. nous livre une réflexion afin de rester dans la joie de l’attente du retour du Christ sur terre.

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Homélie

Dans le récit évangélique du jour, nous rencontrons bien des intervenants. À part Jésus, nous voyons des docteurs de la Loi et des scribes, un homme paralysé qui espère être guéri, une foule et des hommes qui se font les porteurs de l’homme handicapé. À première vue, le récit doit s’articuler avant tout autour de la relation de Jésus avec le paralysé. Et pour cette raison, on n’est pas porté à faire attention à ces intervenants anonymes qui se chargent d’amener le paralysé au pied de Jésus. Eux, ils ne prennent pas la parole, à la différence des docteurs de la Loi et des pharisiens. Ils rendent un service concret et disparaissent de la scène. Ce sont des personnages discrets, effacés. Il reste que l’on devine, derrière leur geste, une compassion réelle pour l’homme qui compte sur eux. On devine aussi qu’ils ont une confiance réelle dans ce guérisseur qu’est Jésus.

Or, la figure de ces porteurs est non seulement fort suggestive, elle est inspirante pour les chrétiens et chrétiennes que nous sommes. Car, que d’occasions peuvent avoir les croyants et croyantes d’assumer un tel rôle de « porteur » en faveur de personnes qui souffrent ou qui sont marginalisées. À ce propos, je me rappelle la réflexion d’un homme de Québec qui, il y a près d’une dizaine d’années, avait choisi d’investir de son temps dans un comité paroissial engagé dans le parrainage de réfugiés politiques et de migrants. Un jour, son comité s’est retrouvé chargé de l’accueil d’une famille musulmane. En tant qu’ancien fonctionnaire de l’État, il pouvait profiter de relations privilégiées qui lui permettaient d’avoir accès à des services pertinents. Il n’était pas le seul d’ailleurs à pouvoir compter sur des ressources de ce genre. De fait, l’accueil et l’accompagnement des membres de la famille musulmane ont été bien réussis. Les intervenants étaient motivés et solidaires. Après quelques mois, voilà qu’un des membres du comité demande : « Est-ce que nous pouvons, nous catholiques, apporter quelque chose d’original à cette famille musulmane? Au-delà du logement à trouver, des ressources financières à assurer, des contacts à établir avec les écoles et les organismes sociaux (ce que nous avons réussi à bien faire), est-ce que nous pouvons faire quelque chose de plus? Ne devrions-nous pas exprimer ouvertement à cette famille nos convictions évangéliques? Comme chrétiens, est-ce que nous avons suffisamment témoigné de notre foi en Jésus-Christ? » Ces questions ont rebondi. Les membres du comité ont cru bon demander conseil à un membre de l’équipe pastorale. Et la réponse qu’ils ont reçue a été la suivante : « On ne vous a pas chargés de convertir au catholicisme les membres de cette famille, on vous a simplement demandé d’être des témoins de la compassion du Seigneur à l’endroit de ces personnes démunies. Vous avez rempli votre rôle en leur faisant goûter aux fruits de la compassion évangélique. Pour le reste, faites confiance à l’Esprit Saint. »

C’est en pensant à l’expérience de cet homme que m’est revenu à l’esprit la figure des «porteurs du paralysé». De tels porteurs, sachons le reconnaître, il en existe un bon nombre non seulement chez les croyants mais chez les gens de bonne volonté. Sachons nous réjouir de ces hommes et de ces femmes qui, dans la discrétion et le dévouement, savent mener à la Vie que le Christ Jésus tient à faire goûter.

Fr. Jean-Louis Larochelle, O.P.

PRIÈRE

Que monte en ta présence, Seigneur,
notre prière instante,
pour que les désirs de tes serviteurs
s’accordent en toute pureté au grand mystère
de l’incarnation de ton Fils unique.
Lui qui vit et règne avec toi
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.