28 NOVEMBRE 2022
Un Messie à la recherche de notre foi
Aujourd’hui, le frère André Descôteaux, O.P., nous invite à réaliser que, malgré les textes du retour à la fois glorieux et terrifiant du Messie de ces derniers jours, l’évangile nous décrit Jésus comme un Messie juste qui se laisse touché par la foi et la confiance qu’on lui accorde.
LIVRE DU PROPHETE ISAÏE (4, 2-6)
Ce jour-là,
le Germe que fera grandir le Seigneur
sera l’honneur et la gloire des rescapés d’Israël,
le Fruit de la terre sera leur fierté et leur splendeur.
Alors, ceux qui seront restés dans Sion,
les survivants de Jérusalem,
seront appelés saints :
tous seront inscrits à Jérusalem
pour y vivre.
Quand le Seigneur aura lavé la souillure des filles de Sion,
purifié Jérusalem du sang répandu,
en y faisant passer le souffle du jugement,
un souffle d’incendie,
alors, sur toute la montagne de Sion,
sur les assemblées qui s’y tiennent,
le Seigneur créera
une nuée pendant le jour
et, pendant la nuit, une fumée
avec un feu de flammes éclatantes.
Et au-dessus de tout,
comme un dais, la gloire du Seigneur :
elle sera, contre la chaleur du jour, l’ombre d’une hutte,
un refuge, un abri contre l’orage et la pluie.
ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT MATTHIEU (8, 5-13)
En ce temps-là, comme Jésus était entré à Capharnaüm, un centurion s’approcha de lui et le supplia : « Seigneur, mon serviteur est couché, à la maison, paralysé, et il souffre terriblement. » Jésus lui dit : « Je vais aller moi-même le guérir. »
Le centurion reprit : « Seigneur, je ne suis pas digne que tu entres sous mon toit, mais dis seulement une parole et mon serviteur sera guéri. Moi-même qui suis soumis à une autorité, j’ai des soldats sous mes ordres ; à l’un, je dis : “Va”, et il va ; à un autre : “Viens”, et il vient, et à mon esclave : “Fais ceci”, et il le fait. »
À ces mots, Jésus fut dans l’admiration et dit à ceux qui le suivaient : « Amen, je vous le déclare, chez personne en Israël, je n’ai trouvé une telle foi. Aussi je vous le dis : Beaucoup viendront de l’orient et de l’occident et prendront place avec Abraham, Isaac et Jacob au festin du royaume des Cieux mais les fils du Royaume seront jetés dans les ténèbres du dehors ; là, il y aura des pleurs et des grincements de dents. »
Et Jésus dit au centurion : « Rentre chez toi, que tout se passe pour toi selon ta foi. » Et, à l’heure même, le serviteur fut guéri.
Homélie
Un récit plutôt surprenant pour le début de l’Avent. Pourtant, il en dit long sur qui est ce messie espéré et sur ce que devrait être la réponse de l’être humain à sa venue.
Le centurion est un chef d’armée. Comme le mot le laisse sous-entendre, il a sous ses ordres cent soldats. Dans une grande foi, il expose succinctement à Jésus sa demande. Il est touché par la maladie et la souffrance de son serviteur. Pourtant il ne demande rien. Il est comme Marie aux Noces de Cana quand elle dit à son fils ‘ils n’ont plus de vin’. Il laisse à Jésus l’initiative.
Jésus a compris et se dit prêt à se rendre chez le centurion pour le guérir. Mais ce dernier est conscient de sa situation. Non seulement il appartient à l’armée d’occupation, donc détesté du peuple, mais il est aussi un païen. Si Jésus se rendait chez lui, il deviendrait impur et durant une semaine Jésus devrait se purifier. Pour lui éviter ce contact impur avec un homme exécré, il lui dit de ne pas venir chez lui, car il n’en est pas digne et que cela n’est pas nécessaire, manifestant une très grande foi en la puissance de Jésus. Il croit que Jésus peut, simplement par sa parole, guérir son serviteur. Si lui, humain, peut faire déplacer ses soldats seulement par un ordre de sa bouche, combien plus Jésus peut, par sa puissance, ramener son serviteur à la santé.
À l’époque de Jésus, on croyait à la nécessité par le guérisseur de toucher le malade. Le centurion dépasse ces croyances superstitieuses. Encore une fois, il croit que la seule parole de Jésus produit l’effet désiré, même s’il ne voit pas ou ne touche pas l’esclave paralysé.
Jésus est alors ébloui par sa foi. « Amen, je vous le déclare, chez personne en Israël, j’ai trouvé une telle foi » comme il s’émerveillera plus tard de la foi de la Cananéenne, une autre païenne d’où ce constat affligeant de Jésus. Son propre peuple ne le reconnaît pas. Les héritiers naturels du Royaume, ceux qui ont reçu la promesse, seront jetés dehors, alors qu’une multitude d’hommes et de femmes, venant de l’Orient et de l’Occident prendront place à la table du banquet du Royaume.
Depuis quelques semaines, les lectures nous traçaient une image terrifiante du retour glorieux du Seigneur mais ce Seigneur n’est-il pas ce rabbi, ce guérisseur qui, sur les routes de Galilée, pouvait accueillir la prière d’un païen, voire d’un occupant et se laisser toucher par sa foi ?
Dans ce temps de l’Avent, il nous est demandé de croire, d’accueillir ce Dieu qui vient à nous et qui peut nous surprendre : il ne se laisse arrêter par aucune de nos barrières mais se laisse toucher par la foi même de ceux qui nous semblent les plus éloignés du Royaume.
Fr. André Descôteaux, O.P.
PRIÈRE
∞ Amen.