Homélie, 33ème jeudi du Temps Ordinaire

17 NOVEMBRE 2022

Comment ne pas pleurer!

Aujourd’hui, Gustavo Adolfo Garay Ortega nous explique les larmes de Jésus qui peuvent sembler déplacée lors du moment joyeux de son entrée à Jérusalem.

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Homélie

Dans le passage de l’Évangile d’aujourd’hui, Luc nous présente un Jésus en train de pleurer. Il est à l’entrée de la ville de Jérusalem et la contempler lui fait très mal, car il constate l’aveuglement du cœur de ses habitants, principalement la fermeture des dirigeants religieux du peuple d’Israël à la Bonne Nouvelle qu’il annonce.

Il est aussi étonnant que ce passage soit en fait la continuation de l’entrée triomphale dans la Ville Sainte. Après les cris de joie et de louange à Dieu pour l’arrivée de « Celui qui vient au nom du Seigneur » (cf. Lc 19, 38), l’évangéliste nous décrit tout de suite une scène remplie de tristesse : Jésus pleure sur Jérusalem.

Les larmes sont un immense message pour nous tous. C’est un langage non-verbal qui, sur le moment, exprime une expérience qui ne peut pas être traduite en paroles. Les larmes sont la limite de ce qui est exprimable. Quand quelqu’un pleure, il ou elle attire l’attention des autres; malheureusement, parfois on banalise le fait de pleurer en catégorisant la personne comme trop sensible. Il nous arrive certainement à tous de pleurer. C’est normal, car nos larmes vont aussi exprimer ce que vit notre cœur.

Jésus pleure et ça marque aussi les disciples qui l’accompagnent; ils ont beaucoup parlé de ce moment plus qu’historique, au point que Luc reprend la scène dans son récit évangélique. Maintenant, comment comprendre les larmes de Jésus pour Jérusalem? C’est la tristesse de voir de loin la beauté extérieure d’une ville et son temple et de constater qu’à l’intérieur d’elle, leurs habitants ont refusé la paix qu’il apporte et par conséquent il ne reste qu’à envisager leur destruction.

Les paroles de Jésus qui présagent le malheur pour Jérusalem et ses habitants ne sont pas une condamnation, c’est un oracle accompagné de larmes de souffrance. J’insiste, c’est une immense tristesse que de constater que son peuple préfère rester enraciné dans ses traditions, ses rituels, ses pensées anciennes et continuer d’attendre un Messie, même s’il est déjà parmi eux. La destruction n’arrive pas comme une punition; c’est la conséquence du refus de la paix apportée par Jésus. Autrement dit, c’est le résultat de leur refus de voir le message de Jésus et ses actions comme signes de la venue du Règne.

Oui, Jésus souffre et il pleure déjà avant sa passion au Calvaire, car il aime ces personnes ainsi que tout ce que la ville et le temple de Jérusalem représentent en eux-mêmes pour tout le peuple et pour Dieu son Père. Mais encore une fois, son message est une invitation. De nos jours, comme en ce temps-là, il faut que chaque être humain accepte d’accueillir son message et la paix qu’il apporte. La reconnaissance de Jésus dans notre vie se manifeste toujours dans les démarches que nous pouvons réaliser en faveur des autres, en particulier des pauvres, de ceux et celles dans le besoin. Et nous? Où sommes-nous rendus dans la reconnaissance du Règne de Dieu dans nos vies? Sommes-nous capables de reconnaître ce qui donne la paix aujourd’hui?

Je crois que oui, mais cette reconnaissance est une démarche, un cheminement, pas un état définitif en soi; comme Église nous sommes au service de la paix, nous sommes invités à œuvrer à l’avènement d’un monde juste et réconcilié. Avant de vouloir s’attaquer aux grandes guerres, comme actuellement en Ukraine ou dans d’autres pays, nous devons affronter nos petites batailles quotidiennes de la haine, l’égoïsme, le manque d’amour… La Bonne Nouvelles sera toujours une invitation à dépurer en nous-mêmes tout ce qui brise la paix dans nos cœurs. Que les larmes du Christ soient un encouragement pour que chacun d’entre nous contribue, afin que le monde découvre le chemin vers ce Royaume de paix et d’amour pour tous!

Gustavo Adolfo Garay Ortega

 

PRIÈRE

Seigneur Dieu,
tu as donné à sainte Élisabeth de Hongrie
de reconnaître et de vénérer le Christ dans les pauvres ;
accorde-nous, à son intercession,
de servir avec une inépuisable charité
ceux qui sont dans le besoin et dans l’épreuve.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
qui règne avec toi et le Saint Esprit
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.