17 NOVEMBRE 2022
Comment ne pas pleurer!
Aujourd’hui, Gustavo Adolfo Garay Ortega nous explique les larmes de Jésus qui peuvent sembler déplacée lors du moment joyeux de son entrée à Jérusalem.
APOCALYPSE DE SAINT JEAN, APÔTRE (5, 1-10)
Moi, Jean,
j’ai vu,
dans la main droite de celui qui siège sur le Trône,
un livre en forme de rouleau,
écrit au-dedans et à l’extérieur,
scellé de sept sceaux.
Puis j’ai vu un ange plein de force,
qui proclamait d’une voix puissante :
« Qui donc est digne d’ouvrir le Livre
et d’en briser les sceaux ? »
Mais personne, au ciel, sur terre ou sous la terre,
ne pouvait ouvrir le Livre et regarder.
Je pleurais beaucoup,
parce que personne n’avait été trouvé digne
d’ouvrir le Livre et de regarder.
Mais l’un des Anciens me dit :
« Ne pleure pas.
Voilà qu’il a remporté la victoire,
le lion de la tribu de Juda,
le rejeton de David :
il ouvrira le Livre aux sept sceaux. »
Et j’ai vu,
entre le Trône, les quatre Vivants et les Anciens,
un Agneau debout, comme égorgé ;
ses cornes étaient au nombre de sept,
ainsi que ses yeux, qui sont les sept esprits de Dieu
envoyés sur toute la terre.
Il s’avança et prit le Livre
dans la main droite de celui qui siégeait sur le Trône.
Quand l’Agneau eut pris le Livre,
les quatre Vivants et les vingt-quatre Anciens
se jetèrent à ses pieds.
Ils tenaient chacun une cithare
et des coupes d’or pleines de parfums
qui sont les prières des saints.
Ils chantaient ce cantique nouveau :
« Tu es digne, de prendre le Livre
et d’en ouvrir les sceaux,
car tu fus immolé,
rachetant pour Dieu, par ton sang,
des gens de toute tribu,
langue, peuple et nation.
Pour notre Dieu, tu en as fait
un royaume et des prêtres :
ils régneront sur la terre. »
ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT LUC (19, 41-44)
En ce temps-là,
lorsque Jésus fut près de Jérusalem,
voyant la ville, il pleura sur elle, en disant :
« Ah ! si toi aussi, tu avais reconnu en ce jour
ce qui donne la paix !
Mais maintenant cela est resté caché à tes yeux.
Oui, viendront pour toi des jours
où tes ennemis construiront des ouvrages de siège contre toi,
t’encercleront et te presseront de tous côtés ;
ils t’anéantiront,
toi et tes enfants qui sont chez toi,
et ils ne laisseront pas chez toi pierre sur pierre,
parce que tu n’as pas reconnu
le moment où Dieu te visitait. »
Homélie
Dans le passage de l’Évangile d’aujourd’hui, Luc nous présente un Jésus en train de pleurer. Il est à l’entrée de la ville de Jérusalem et la contempler lui fait très mal, car il constate l’aveuglement du cœur de ses habitants, principalement la fermeture des dirigeants religieux du peuple d’Israël à la Bonne Nouvelle qu’il annonce.
Il est aussi étonnant que ce passage soit en fait la continuation de l’entrée triomphale dans la Ville Sainte. Après les cris de joie et de louange à Dieu pour l’arrivée de « Celui qui vient au nom du Seigneur » (cf. Lc 19, 38), l’évangéliste nous décrit tout de suite une scène remplie de tristesse : Jésus pleure sur Jérusalem.
Les larmes sont un immense message pour nous tous. C’est un langage non-verbal qui, sur le moment, exprime une expérience qui ne peut pas être traduite en paroles. Les larmes sont la limite de ce qui est exprimable. Quand quelqu’un pleure, il ou elle attire l’attention des autres; malheureusement, parfois on banalise le fait de pleurer en catégorisant la personne comme trop sensible. Il nous arrive certainement à tous de pleurer. C’est normal, car nos larmes vont aussi exprimer ce que vit notre cœur.
Jésus pleure et ça marque aussi les disciples qui l’accompagnent; ils ont beaucoup parlé de ce moment plus qu’historique, au point que Luc reprend la scène dans son récit évangélique. Maintenant, comment comprendre les larmes de Jésus pour Jérusalem? C’est la tristesse de voir de loin la beauté extérieure d’une ville et son temple et de constater qu’à l’intérieur d’elle, leurs habitants ont refusé la paix qu’il apporte et par conséquent il ne reste qu’à envisager leur destruction.
Les paroles de Jésus qui présagent le malheur pour Jérusalem et ses habitants ne sont pas une condamnation, c’est un oracle accompagné de larmes de souffrance. J’insiste, c’est une immense tristesse que de constater que son peuple préfère rester enraciné dans ses traditions, ses rituels, ses pensées anciennes et continuer d’attendre un Messie, même s’il est déjà parmi eux. La destruction n’arrive pas comme une punition; c’est la conséquence du refus de la paix apportée par Jésus. Autrement dit, c’est le résultat de leur refus de voir le message de Jésus et ses actions comme signes de la venue du Règne.
Oui, Jésus souffre et il pleure déjà avant sa passion au Calvaire, car il aime ces personnes ainsi que tout ce que la ville et le temple de Jérusalem représentent en eux-mêmes pour tout le peuple et pour Dieu son Père. Mais encore une fois, son message est une invitation. De nos jours, comme en ce temps-là, il faut que chaque être humain accepte d’accueillir son message et la paix qu’il apporte. La reconnaissance de Jésus dans notre vie se manifeste toujours dans les démarches que nous pouvons réaliser en faveur des autres, en particulier des pauvres, de ceux et celles dans le besoin. Et nous? Où sommes-nous rendus dans la reconnaissance du Règne de Dieu dans nos vies? Sommes-nous capables de reconnaître ce qui donne la paix aujourd’hui?
Je crois que oui, mais cette reconnaissance est une démarche, un cheminement, pas un état définitif en soi; comme Église nous sommes au service de la paix, nous sommes invités à œuvrer à l’avènement d’un monde juste et réconcilié. Avant de vouloir s’attaquer aux grandes guerres, comme actuellement en Ukraine ou dans d’autres pays, nous devons affronter nos petites batailles quotidiennes de la haine, l’égoïsme, le manque d’amour… La Bonne Nouvelles sera toujours une invitation à dépurer en nous-mêmes tout ce qui brise la paix dans nos cœurs. Que les larmes du Christ soient un encouragement pour que chacun d’entre nous contribue, afin que le monde découvre le chemin vers ce Royaume de paix et d’amour pour tous!
Gustavo Adolfo Garay Ortega
PRIÈRE
∞ Amen.