Homélie, 33ème mercredi du Temps Ordinaire

16 NOVEMBRE 2022

Le lion, le taureau, l'homme et l'aigle

Aujourd’hui, le frère Yvon Pomerleau, O.P., nous partage son processus d’écriture et la leçon qu’il tire des différences et des richesses des quatre Évangiles.

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Homélie

Pour préparer l’homélie de ce jour, j’ai commencé par la lecture de l’évangile de Luc pour aborder ensuite le livre de l’Apocalypse. Mon choix était déjà fait pour l’évangile, qui a toujours une priorité dans ma prédication, lorsque j’ai eu une belle surprise. Me rappelant la parabole des talents, j’avais l’intention de démarrer mon commentaire sur la base des dons différents : cinq talents, deux et un seul, « à chacun selon ses capacités ». Mais voilà que je ne trouve pas ce verset ni dans le « Prions en Église », ni dans la « Bible de Jérusalem ». La brève note de bas de page de la « Bible de Jérusalem » qui renvoie au texte parallèle de Matthieu précise que « malgré les divergences considérables qui séparent la parabole des mines de celle des talents (Mt 25 14-30), la plupart des exégètes concluent à l’identité, chaque évangéliste ayant librement modifié et développé le thème initial ». Eh bien, oui, une fois de plus j’avais oublié que le message évangélique, la Bonne Nouvelle de Jésus, nous est présenté selon des versions différentes selon les quatre évangélistes. Ce n’est pas pour rien que la proclamation de l’évangile commence toujours par préciser l’origine du passage lu : Évangile selon saint Luc. 

Souvent notre lecture d’un passage évangélique, qui se retrouve dans deux ou trois des évangiles, dits synoptiques, ne tient pas compte des variantes qu’il peut y avoir d’un texte à l’autre. La note en bas de page pour la parabole des talents dans Matthieu note que « La parabole des mines Luc 19 (notre texte d’aujourd’hui) présente des analogies de forme, mais comporte une leçon assez différente de la parabole des talents en Matthieu».

Et voilà que je trouve un lien à faire avec la première lecture tirée du livre de l’Apocalypse, où il est fait mention des quatre vivants autour du Trône : le lion, le jeune taureau, le visage d’homme et l’aigle en plein vol.

On retrouve ces symboles, empruntés à une vision du prophète Ézéchiel, dans l’art chrétien pour représenter les quatre évangélistes. Matthieu est représenté par un ange – un visage d’homme – car l’ange apparaît dès les premières pages de l’évangile de l’enfance. Marc a pour symbole le lion qui est la voie qui crie dans le désert. Les débuts de l’évangile de Luc mentionnent le temple où l’on sacrifiait le taureau. Quant à Jean, il est celui qui prend un envol théologique, une hauteur spirituelle à la manière de l’aigle. On caractérise les quatre évangiles – peut-être un peu trop simplement – dans les termes suivants : Matthieu, l’évangile de l’accomplissement de la promesse, Marc, l’évangile du disciple de Jésus, Luc, l’évangile de la miséricorde de Dieu et Jean, l’évangile du Père, du Fils et de l’Esprit.

A travers ce rapprochement entre les deux lectures du jour, il me semble y avoir pour nous une invitation à être plus attentifs à la diversité de présentation de la Bonne Nouvelle selon les quatre évangélistes. Une Bonne Nouvelle en quatre évangiles!

Fr. Yvon Pomerleau, O.P.

PRIÈRE

Dieu éternel et tout-puissant,
comme l’enseigne l’Esprit Saint,
nous pouvons déjà t’appeler du nom de Père ;
fais grandir en nos cœurs l’esprit d’adoption filiale,
afin que nous soyons capables d’entrer un jour
dans l’héritage qui nous est promis.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
qui vit et règne avec toi dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.