Homélie, 33ème lundi du Temps Ordinaire

12 NOVEMBRE 2022

Ta foi t'a sauvé

Aujourd’hui, le frère Jean-Louis Larochelle, O.P. souligne l’importance dans notre vie  de croyantes et croyants, d’accueillir la parole de Jésus avec confiance, comme l’a fait l’aveugle de Jéricho. 

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Homélie

Le récit évangélique d’aujourd’hui devient très parlant quand on le lit en parallèle avec celui de l’annonce de la Passion qui le précède. Dans les deux cas, il est question de la confiance accordée à la parole de Jésus.

Commençons par le mendiant aveugle assis sur le bord du chemin. Cet aveugle, tout indique qu’il savait prêter l’oreille aux propos des gens qui s’arrêtaient près de lui. Il aurait ainsi recueilli des informations sur un certain guérisseur galiléen du nom de Jésus. À partir de là, il aurait imaginé la possibilité d’une libération de son handicap. Aussi, quand un jour on lui indique que c’est Jésus le Nazaréen qui passe près de lui sur le chemin, il crie avec force: « Jésus, fils de David, prends pitié de moi! » Il le fait avec force même si on veut le faire taire. Son cri exprime tout à la fois son intense désir de guérison et sa confiance en ce guérisseur qu’il connaît de réputation seulement. Cette confiance reçoit la réponse suivante de Jésus : « Retrouve la vue! Ta foi t’a sauvé. »

Dans le récit de l’annonce de la Passion, nous rencontrons une attitude fort différente à l’égard de la parole de Jésus. Là, les disciples résistent, ils ne veulent pas recevoir la parole de Jésus annonçant sa fin prochaine et tragique. Pourtant, mois après mois, ils avaient vu les pharisiens et les autorités religieuses manifester ouvertement leur opposition à l’endroit de l’enseignement et des pratiques de Jésus. De toute évidence, l’avenir s’annonçait sombre, dramatique même? La mort de Jésus allait signifier qu’ils ne seraient pas, avec lui, à la tête d’un grand mouvement politico-religieux qui incarnerait le Royaume de Dieu. Son message, ils ne veulent pas l’entendre. La preuve, nous l’avons dans l’intervention de l’apôtre Pierre : « Dieu t’en préserve, Seigneur! Non, cela ne t’arrivera pas! » (Mt 16, 22) Et Jésus de répondre: « Retire-toi derrière moi, Satan! (…) Tes vues ne sont pas celles de Dieu. » (Mt 16, 23)

Deux attitudes : l’une de confiance en la parole de Jésus, l’autre de refus de cette même parole. Retenons que ces attitudes sont toujours présentes chez les personnes qui sont aujourd’hui engagées à la suite du Christ Jésus. Selon les circonstances de la vie, on rencontre des chrétiens et chrétiennes qui, à la manière de l’aveugle de Jéricho, mettent pleinement leur confiance dans la voie tracée par Jésus. Ils l’implorent de guérir leur cœur et leurs aspirations. Par contre, sur certains points de son enseignement, ils résistent. Ils font alors plus confiance à leurs lumières personnelles qu’à l’Évangile. Par exemple, à propos du pardon à offrir aux personnes qui les ont blessés, que ce soit au sein de leur famille ou dans leurs milieux de travail, ils préfèrent écouter la voix de la vengeance. Ils tiennent alors à blesser à leur tour ceux et celles qui les ont insultés ou humiliés. Ils agissent comme si chercher à bâtir la solidarité et la fraternité était un objectif secondaire.

Les apôtres ont manifesté le danger de faire passer ses intérêts personnels avant ceux du Royaume de Dieu. Pour un temps, ils sont devenus sourds aux appels de Jésus. Ce tiraillement entre ses intérêts propres et ceux liés au projet de Dieu marque la vie de toute personne croyante. D’où la nécessité de compter sur l’Esprit du Seigneur pour apprendre à pleinement accueillir la Parole de Dieu, pour apprendre à l’écouter et à la mettre en pratique. C’est avec une telle attitude que les chrétiennes et chrétiennes pourront entendre la parole guérissante de Jésus : « Ta foi t’a sauvé. » (Lc 18, 42)

Fr. Jean-Louis Larochelle, O.P.

PRIÈRE

Tu protèges, Seigneur Dieu,
ceux qui espèrent en toi ;
sans toi, rien n’est fort et rien n’est saint :
multiplie pour nous les signes de ta miséricorde,
afin que, sous ta conduite et sous ta direction,
en faisant un bon usage des biens qui passent,
nous puissions déjà nous attacher à ceux qui demeurent.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
qui vit et règne avec toi dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.