13 OCTOBRE 2022
Oser dénoncer, comme le Christ
LETTRE DE SAINT PAUL APÔTRE AUX ÉPHÉSIENS (1, 1-10)
Paul, apôtre du Christ Jésus par la volonté de Dieu, à ceux qui sont sanctifiés et habitent Éphèse, ceux qui croient au Christ Jésus. À vous, la grâce et la paix de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus Christ. Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus Christ ! Il nous a bénis et comblés des bénédictions de l’Esprit, au ciel, dans le Christ. Il nous a choisis, dans le Christ, avant la fondation du monde, pour que nous soyons saints, immaculés devant lui, dans l’amour. Il nous a prédestinés à être, pour lui, des fils adoptifs par Jésus, le Christ. Ainsi l’a voulu sa bonté, à la louange de gloire de sa grâce, la grâce qu’il nous donne dans le Fils bien-aimé. En lui, par son sang, nous avons la rédemption, le pardon de nos fautes. C’est la richesse de la grâce que Dieu a fait déborder jusqu’à nous en toute sagesse et intelligence. Il nous dévoile ainsi le mystère de sa volonté, selon que sa bonté l’avait prévu dans le Christ : pour mener les temps à leur plénitude, récapituler toutes choses dans le Christ, celles du ciel et celles de la terre.
ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT LUC (11, 47-54)
En ce temps-là, Jésus disait : « Quel malheur pour vous, parce que vous bâtissez les tombeaux des prophètes, alors que vos pères les ont tués. Ainsi vous témoignez que vous approuvez les actes de vos pères, puisque eux-mêmes ont tué les prophètes, et vous, vous bâtissez leurs tombeaux. C’est pourquoi la Sagesse de Dieu elle-même a dit : Je leur enverrai des prophètes et des apôtres ; parmi eux, ils en tueront et en persécuteront. Ainsi cette génération devra rendre compte du sang de tous les prophètes qui a été versé depuis la fondation du monde, depuis le sang d’Abel jusqu’au sang de Zacharie, qui a péri entre l’autel et le sanctuaire. Oui, je vous le déclare : on en demandera compte à cette génération. Quel malheur pour vous, docteurs de la Loi, parce que vous avez enlevé la clé de la connaissance ; vous-mêmes n’êtes pas entrés, et ceux qui voulaient entrer, vous les en avez empêchés. » Quand Jésus fut sorti de la maison, les scribes et les pharisiens commencèrent à s’acharner contre lui et à le harceler de questions ; ils lui tendaient des pièges pour traquer la moindre de ses paroles.
Homélie
Le récit évangélique de Luc (11, 47-54) continue à nous raconter les accusations très dures de la part de Jésus contre les pharisiens et les scribes et la tension qui s’intensifie entre eux. Nous connaissons l’histoire : c’est le temps de la persécution, de la souffrance et du martyre. Comme pour les prophètes de l’Ancien Testament, c’est maintenant le moment pour Jésus d’affronter l’hypocrisie des dirigeants qui manipulent et empêchent le peuple d’accéder à la connaissance.
Malheureusement, l’affrontement devra continuer encore après la mort de Jésus. Beaucoup de disciples de Jésus aux quatre coins du monde, à travers l’histoire jusqu’à aujourd’hui, se lèvent pour annoncer la Parole de Dieu et pour dénoncer tout ce qui est contraire à l’amour de Dieu. Des hommes et des femmes s’engagent afin de continuer la construction du Royaume des cieux instauré par le Christ. Eux aussi ont connu et connaissent la persécution, la souffrance et, un grand nombre, le martyre.
Jésus démasque les pires attitudes des pharisiens et des docteurs de la loi. Aux premiers, il reproche d’être complices de leurs parents qui ont causé la mort de prophètes et de continuer de se comporter avec hypocrisie. Aux deuxièmes, il révèle le mensonge et l’égoïsme comme la cause de leur condamnation : ils ont « enlevé la clé de la connaissance ». Comme gardiens de la Loi et de l’Écriture, ils connaissent les bénéfices de la foi et la volonté de Dieu exprimée dans la Loi, mais ils ne les partagent pas; il est plus facile de contrôler une société dans l’ignorance qu’une dans la connaissance.
Les paroles de Jésus contre ces maîtres de la loi nous permettent de reconnaître que ces derniers amalgament le savoir humain avec la sagesse de Dieu. Ils se pensent les propriétaires, pas les messagers, de la Vérité. Voilà la raison profonde de leurs manipulations et de l’accès à Dieu limité qu’ils accordent au peuple. Ils n’accepteront jamais la nouveauté de Jésus parce qu’elle déstabilise leurs rites et formalismes et, surtout, parce qu’elle remet en question leur statut de pouvoir.
Malheureusement, nous vivons encore, dans nos sociétés modernes, beaucoup de situations d’injustice et de manipulation, où tout prophète qui dénonce peut se faire taire violemment, voire mortellement, à l’exemple de Mgr Romero.
Une erreur constante et très dangereuse pour tous ceux et celles qui ont reçu un pouvoir afin de servir les autres, c’est de dire qu’une situation « X » ou que quelque-chose « Y » est « volonté de Dieu ». Les toutes récentes manifestations en Iran semble en être un exemple tragique dans le monde musulman. Ici, au Québec, beaucoup d’histoires témoignent de cette problématique aux cours des années avant et après la révolution tranquille.
Croire que nos pensées et nos jugements moraux sont les mêmes que ceux de Dieu est aussi dangereux. En tant que disciples du Christ, nous devons faire appel au discernement pour bien saisir les circonstances qui nous entourent, mettre en premier lieu le message de Vie et continuer l’œuvre du Christ gratuitement autour de nous.
Nous avons besoin de foi, de force, d’audace, de patience, de courage, de miséricorde, de témoignage, etc. Comme le dit saint Paul : « nous estimons que l’être humain devient juste par la foi, indépendamment de la pratique de la loi de Moïse » (Rm 3, 28). C’est notre foi en Jésus-Christ et notre implication dans son projet qui nous justifie devant Dieu. Donc, malheur à ceux et celles qui se concentrent uniquement sur le pouvoir humain quand le vrai bonheur, c’est le service de son prochain, c’est de devenir artisans de paix, prophètes de notre temps.
Gustavo Adolfo Garay Ortega
PRIÈRE
réponds, Seigneur, en ta bonté :
donne à chacun la claire vision de ce qu’il doit faire
et la force de l’accomplir.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
qui règne avec toi et le Saint Esprit
Dieu pour les siècles des siècles.