Homélie, 28ème mercredi du Temps Ordinaire

En lisant les trois textes de la célébration de la Parole d’aujourd’hui, un plan s’est imposé à mon esprit. C’est le plus connu, semble-t-il, de tous les élèves : le plan dialectique. Thèse, antithèse et synthèse. Une démarche en trois temps, cela a de quoi me plaire! Trois citations empruntées à l’épitre aux Galates, au psaume 1 et à l’évangile de Luc comportent chacune une référence à la Loi et à l’Esprit.

Commençons par l’épitre avec le premier et le dernier verset : « Si vous laissez conduire par l’Esprit, vous n’êtes pas soumis à la Loi » (…) « Voici le fruit de l’Esprit : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur et maîtrise de soi. En ces domaines, la Loi n’intervient pas ». L’affirmation est catégorique en faveur de l’Esprit qui doit régir notre conduite sans intervention de la Loi. Dans tous les domaines de la vie, les valeurs, les vertus sont le fruit de l’Esprit et non de la Loi.

Dans le psaume qui relie les deux lectures, c’est un message différent – pour ne pas dire contraire – qui nous est proposé : « Heureux est l’homme (…) qui se plaît dans la loi du Seigneur et murmure sa loi jour et nuit ». Le bonheur que tout homme cherche se trouve dans la Loi méditée et observée jour et nuit. Du premier au deuxième texte biblique, on passe de l’insoumission à la loi à l’obéissance à la loi, comme référence essentielle dans la vie.

Venons-en maintenant à l’évangile où la parole est donnée à Jésus, qui porte un regard sévère sur l’observance de la loi de la dime au détriment de l’amour de Dieu mais sans rejeter la Loi. Jésus résume son propos en disant que l’observance de la loi ne peut pas exclure le jugement et l’amour de Dieu : « Ceci (la loi) il fallait l’observer, sans abandonner cela ».

Cette démarche dialectique en trois temps revient à plusieurs reprises dans les évangiles. C’est le même Jésus qui affirme que « pas un seul iota ou un seul trait de la Loi ne passera » et qui se permet de nier cette priorité de la Loi en affirmant son autorité personnelle par la formule « il vous a été dit … et moi je vous dis ». La clef de compréhension de ces affirmations contraires ne serait-elle pas la grande loi de l’amour, le seul commandement qui enveloppe tous les autres et qui leur donne sens? Rappelons-nous cette parole forte de saint Augustin : « Aime et fais ce que tu veux »!

Fr. Yvon Pomerleau, O.P.

PRIÈRE