9 OCTOBRE 2022
Gratuitement. Donner et recevoir!
Aujourd’hui, le frère Bruno Demers, O.P., nous a rappelé l’universalité de la Grâce de Dieu et nous invite à réaliser et à être reconnaissant(e)s de l’abondance de son Amour gratuit.
DEUXIÈME LIVRE DES ROIS (5, 14-17)
En ces jours-là, le général syrien Naaman, qui était lépreux, descendit jusqu’au Jourdain et s’y plongea sept fois, pour obéir à la parole d’Élisée, l’homme de Dieu ; alors sa chair redevint semblable à celle d’un petit enfant : il était purifié ! Il retourna chez l’homme de Dieu avec toute son escorte ; il entra, se présenta devant lui et déclara : « Désormais, je le sais : il n’y a pas d’autre Dieu, sur toute la terre, que celui d’Israël ! Je t’en prie, accepte un présent de ton serviteur. » Mais Élisée répondit : « Par la vie du Seigneur que je sers, je n’accepterai rien. » Naaman le pressa d’accepter, mais il refusa. Naaman dit alors : « Puisque c’est ainsi, permets que ton serviteur emporte de la terre de ce pays autant que deux mulets peuvent en transporter, car je ne veux plus offrir ni holocauste ni sacrifice à d’autres dieux qu’au Seigneur Dieu d’Israël. »
DEUXIÈME LETTRE DE SAINT PAUL APÔTRE À TIMOTHÉE (2, 8-13)
Bien-aimé, souviens-toi de Jésus Christ, ressuscité d’entre les morts, le descendant de David : voilà mon évangile. C’est pour lui que j’endure la souffrance, jusqu’à être enchaîné comme un malfaiteur. Mais on n’enchaîne pas la parole de Dieu ! C’est pourquoi je supporte tout pour ceux que Dieu a choisis, afin qu’ils obtiennent, eux aussi, le salut qui est dans le Christ Jésus, avec la gloire éternelle. Voici une parole digne de foi : Si nous sommes morts avec lui, avec lui nous vivrons. Si nous supportons l’épreuve, avec lui nous régnerons. Si nous le rejetons, lui aussi nous rejettera. Si nous manquons de foi, lui reste fidèle à sa parole, car il ne peut se rejeter lui-même.
ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT LUC (17, 11-19)
En ce temps-là, Jésus, marchant vers Jérusalem, traversait la région située entre la Samarie et la Galilée. Comme il entrait dans un village, dix lépreux vinrent à sa rencontre. Ils s’arrêtèrent à distance et lui crièrent : « Jésus, maître, prends pitié de nous. » À cette vue, Jésus leur dit : « Allez vous montrer aux prêtres. » En cours de route, ils furent purifiés. L’un d’eux, voyant qu’il était guéri, revint sur ses pas, en glorifiant Dieu à pleine voix. Il se jeta face contre terre aux pieds de Jésus en lui rendant grâce. Or, c’était un Samaritain. Alors Jésus prit la parole en disant : « Tous les dix n’ont-ils pas été purifiés ? Les neuf autres, où sont-ils ? Il ne s’est trouvé parmi eux que cet étranger pour revenir sur ses pas et rendre gloire à Dieu ! » Jésus lui dit : « Relève-toi et va : ta foi t’a sauvé. »
Homélie
Le général syrien Naaman, le samaritain, deux figures d’étrangers au peuple juif se retrouvent dans nos lectures d’aujourd’hui. Des étrangers : un païen et un hérétique, lépreux par-dessus le marché. Ils avaient tout ce qu’il fallait pour être exclus du peuple juif. On devine bien que leur présence n’est pas fortuite. Ces deux figures seront l’occasion de mettre en lumière un aspect de la foi : Dieu nous montre sa bienveillance gratuitement et nous invite à donner gratuitement.
Le prophète Élisée accueille la demande de Naaman qui obtiendra la guérison. Jésus accueille la requête du lépreux samaritain qui, lui aussi, connaîtra la guérison. Premier constat : L’appel de Dieu va bien au-delà d’Israël. Le Dieu de Jésus Christ est pour tous. Israël n’est pas le seul peuple à bénéficier de la bienveillance et des largesses de Dieu. Dieu se préoccupe de tous les humains peu importe leur religion ou leur rapport à la croyance. Son action ne se limite pas au culte accompli dans le Temple de Jérusalem. Elle se révèle dans les paroles et les gestes de bonté de Jésus.
Mais la présence d’étrangers dans nos textes permet de mettre en lumière un deuxième constat : un type particulier de relation à Dieu. Elle dénonce un vieux schéma présent dans les anciennes religions et qui pourrait se trouver encore dans les tes têtes des chrétiens d’hier comme d’aujourd’hui. Ce schéma consiste à croire qu’il faut offrir un sacrifice à la divinité pour que celle-ci donne en retour les bienfaits attendus. Naaman dit à Élisée : Je vais te faire un cadeau pour te remercier. Mai Élisée refuse énergiquement : on n’achète pas les dons de Dieu. On les accueille avec reconnaissance.
Pas de marchandage avec Dieu. La seule manière de lui manifester notre merci c’est de reconnaître ce qui nous vient de lui. Les étrangers ne pouvaient pas considérer leur guérison comme un droit, un dû, puisqu’ils n’appartenaient pas au peuple élu. Leur guérison ne relevait donc que de la pure grâce. Ils étaient très bien placés pour reconnaître que leur guérison était le fruit de la seule bonté de Dieu.
Le général Naaman comme les dix lépreux ont fait confiance, l’un à la parole d’Élisée, les autres à celle de Jésus. Ils ont été guéris. Mais le samaritain fait un pas de plus. Non seulement il est guéri, mais il voit qu’il est guéri. Ce retour sur son expérience le fait aller plus loin dans la foi et le rend capable d’action de grâces. Il ne s’en tient pas à l’immédiateté de l’événement, il en saisit le sens profond.
Le samaritain sait que la vie, la guérison, viennent de Dieu. Alors il rebrousse chemin. Il fait demi-tour, le signe de la conversion, et s’approche de Jésus. Il glorifie Dieu à pleine voix et se jette la face contre terre aux pieds de Jésus en lui rendant grâce. Autrement dit, il reconnaît que Jésus est l’envoyé de Dieu. Pour rendre gloire à Dieu, ce n’est plus vers le Temple de Jérusalem qu’il faut se tourner, comme les neuf autres lépreux, mais vers Jésus lui-même. Relève-toi et va : ta foi t’a sauvé!
Rendre gloire à Dieu. Ce n’est pas juste une question d’être reconnaissant et de savoir dire merci. Cela relève plutôt des bonnes manières, de la politesse. Ça va plus loin. Dix lépreux ont été guéris mais seul le samaritain reconnaissant est déclaré avoir été sauvé. Le salut est bien plus que la guérison physique. La foi plénière de celui qui revient est plus que la seule foi-confiance. C’est la reconnaissance que Dieu est derrière cette guérison et que celle-ci est le signe de Dieu qui vient rejoindre la personne.
Nous sommes invités à répondre à l’initiative de Dieu à notre égard en nous engageant dans une vraie relation avec lui. Dieu vient nous rejoindre gratuitement pour nous partager sa vie et son amour. Nous accueillons la vie comme un don. Et nous sommes conviés à faire de même : Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement.
Et nous continuons à rendre grâce en refaisant les gestes de Jésus lors de son dernier repas avec ses disciples.
Fr. Bruno Demers, O.P.
PRIÈRE
tu veilles sur tes peuples avec bonté,
et tu les gouvernes avec amour ;
par l’intercession du bienheureux pape Grégoire,
accorde un esprit de sagesse à ceux qui ont reçu de toi
la charge de conduire l’Église :
que les progrès du troupeau fidèle
fassent la joie éternelle de ses pasteurs.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur et notre Dieu,
qui vit et règne avec toi
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.