Homélie, 28ème dimanche du Temps Ordinaire

9 OCTOBRE 2022

Celui qui sauve et nous relève

Aujourd’hui, le frère Bernard Est, O.P., retrace avec nous le chemin de foi du samaritain lépreux et nous explique les multiples dimensions salvatrices de cette guérison.
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Homélie

S’il y a un sujet qui nous intéresse ou nous préoccupe au plus haut point, c’est bien celui de la santé. La santé est un bien fondamental et habituellement on commence à s’en préoccuper plus sérieusement autour de la cinquantaine, lorsque commence à arriver des petits pépins de santé. La santé des autres nous préoccupe aussi. S’occupe-t-on bien de la santé des personnes qui nous sont chers ? Quelles sortes de soins de santé pourrais-je avoir, quand j’en aurai vraiment besoin ? C’est naturel que nos politiciens en parlent, parce que nous voulons qu’ils prennent des engagements à ce sujet.

La première et la troisième lecture de ce dimanche nous parle d’une maladie, peu connue ici et surtout à notre époque : la lèpre. Nous savons que la lèpre existe encore en certains pays et qu’elle était très répandue au temps de l’ancienne alliance et à l’époque de Jésus.

Cette maladie était horrible pour ceux et celles qui en étaient atteints et naturellement pour leurs proches. Maladie terrible de la peau qui brisait la personne dans son intégrité. Elle rend laide et répugnante la personne et la conduisait habituellement à la mort. Il y avait aussi un aspect social, lié à cette horrible maladie. Le lépreux ou la femme atteinte de la lèpre étaient perçus comme de grands pécheurs, abandonnés de Dieu en raison de leurs fautes et ils ne pouvaient vivre avec les autres, en raison des risques de contagion. Ils devaient se tenir loin des autres et porter des petites clochettes à leurs vêtements, pour avertir les bien-portants de se tenir à distance.

Dix lépreux rencontrent Jésus et à distance, parce qu’ils ne peuvent s’approcher, ils lui crient, ils lui demandent d’avoir pitié d’eux. Ces lépreux sentent et perçoivent que Jésus est un personnage spécial. Ils lui donnent le titre de Maître. On pourrait sentir dans cette démarche, un premier pas vers la foi. Du plus profond de leurs misères, des personnes se tournent vers Jésus pour lui demander son aide : prends pitié de nous, diront-elles.

Pour toute réponse, Jésus leur dit : « aller vous montrer aux prêtres ». Jésus avait donc décidé de les guérir de leur rendre la santé. En effet, c’étaient les prêtres qui devaient constater la guérison et ainsi permettre aux anciens lépreux de pouvoir réintégrer le reste de la communauté.

En cours de route ils furent guéris, nous dit le texte. Cela veut dire qu’au cours du quotidien de leur vie, la guérison s’est opérée, mais il n’y a qu’un étranger, un samaritain, nous dit encore cette page d’évangile, qui a fait le lien entre la guérison et la rencontre de Jésus. Jésus est désormais la voie pour rencontrer le Père. Le samaritain est donc revenu sur ses pas pour rendre grâce à Jésus. Nous pourrions y voir un deuxième moment dans l’expérience de la foi, celui de la reconnaissance que Jésus a opéré quelque chose d’extraordinaire dans sa vie, un changement radical. Voilà pourquoi il doit retourner vers lui pour le remercier et le rencontrer en profondeur.

Un lien de confiance s’est établi entre Jésus et cet étranger, atteint de la lèpre. Jésus élargit le sens de la guérison. Il ne s’agit pas seulement d’une guérison physique du mal qui s’appelle la lèpre, mais il s’agit d’une guérison totale de toute sa vie, sa vie physique comme sa vie spirituelle. Jésus dit à cet homme prosterné devant lui : Relève-toi et va : ta foi t’a sauvé. (se lever, se relever = Résurrection)

Assuré dans sa santé et dans sa foi, il retourne à ses occupations normales et vit dans l’action de grâce et dans la conversion. Notons au passage que le seul des dix guéris qui retourne à Jésus n’est pas un coreligionnaire de Jésus mais un étranger, qui n’observe pas la loi de Moïse. Le texte de l’évangile signifie par-là, que l’on n’est pas sauvé automatiquement par son appartenance à un groupe ou une famille, mais on est sauvé, lorsque l’on met sa foi en Jésus.

Naaman, le général Syrien, pour obéir à l’ordre du prophète Élisée, s’est plongé sept fois de suite dans les eaux du Jourdain et il a été guéri de sa lèpre.

Nous le savons la lèpre en plus d’être une maladie physique affreuse, représentait aussi le péché, qui coupe de Dieu et de nos frères et de nos sœurs. Le fleuve, appelé Jourdain, était le lieu par excellence du baptême. Rappelez-vous Jean-Baptiste qui y baptise et y prêche un baptême de purification et de conversion. Le baptême est le premier sacrement du pardon, celui qui efface de nous toutes traces du péché et qui nous communique la vie même de Dieu et fait de nous des fils et des filles adoptifs de Dieu.

Par le baptême nous avons été purifiés et la vie de Dieu coule en nous. Par ailleurs, il nous arrive d’être inattentifs à ces richesses, qui nous ont rejoints. Les distractions de la vie de tous les jours nous éloignent souvent de Dieu et de son projet pour nous. 

Demandons au Seigneur son aide pour que nous développions notre relation personnelle avec Jésus et qu’il soit ou redevienne pour nous Celui qui nous guérit de nos différentes lèpres, qui nous relève et nous sauve. 

Comme nous l’a dit l’apôtre Paul, on n’enchaîne pas la parole de Dieu. Lassons-la nous rejoindre et sachons lui obéir pour en être transformés, car malgré nos infidélités, Lui il demeure fidèle. Si nous avons, dans les faits, pris quelques distances par rapport à Jésus, sachons, comme le samaritain, retourner vers lui pour être sauvé. Amen.

Fr. Bernard East, O.P.

 

PRIÈRE

Nous t’en prions, Seigneur :
que ta grâce nous devance
et qu’elle nous accompagne toujours,
pour nous rendre attentifs à faire le bien sans relâche.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur et notre Dieu,
qui vit et règne avec toi dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.
∞ Amen.