Homélie, 27ème samedi du Temps Ordinaire

Comment ne pas être attendri par la réaction de cette maman à la prédication de Jésus! Elle élève la voix du milieu de la foule et s’écrie: « Heureuse la mère qui t’a porté en elle, et dont les seins t’ont nourri! ». Quoi de plus naturel, de plus instinctif, chez une mère que de tout simplement, instinctivement, se comparer à une autre femme, à cette mère qui a eu la chance d’enfanter puis d’élever un tel fils. On pourrait presque paraphraser cette dame dans un langage plus contemporain : « Qu’est-ce qu’elle peut être fière, ta maman, d’avoir un garçon comme toi! »

Ayant tous eu une maman, nous ne pouvons qu’être ému, touché, attendri par la réaction profondément humaine d’une femme pour qui la maternité est le début d’un grand rêve, et qui réalise sa vie à travers le destin de ses enfants. Jésus, bien loin de repousser cette brave femme, c’est avec pédagogie, comme à son habitude, qu’il vient préciser une fois de plus le sens de sa mission, en apportant évidemment quelques correctifs importants.

Les merveilleuses années dans l’intimité de Nazareth, ce n’est pas tellement cela que Jésus veut souligner. Certes, la Mère du Messie ne pouvait être qu’unique. Marie a conçu, porté et nourri Jésus! Sauf qu’en cela elle n’est pas imitable, et sa béatitude n’est pas partageable. Ce qu’il y a de quotidien et d’imitable dans l’attitude de Marie, voilà ce que Jésus veut retenir pour l’universaliser: « Heureux plutôt ceux, heureux tous ceux qui entendent la parole de Dieu et qui la gardent! »

Jésus en parlant ainsi, nous livre encore un portrait de sa Mère, mais c’est celui-là qu’Il préfère, car devant cette attitude de la Servante du Seigneur repassant en son cœur les paroles de Dieu jusqu’à ce qu’elles s’accomplissent, chaque fils, chaque fille de Dieu peut se dire: « Je peux lui ressembler, je vais lui ressembler »; et cette icône-là, celle que Jésus avait dans les yeux et dans le cœur, présente avec nous tous comme un air de famille.

La maman, dans la foule, ne se trompait pas en passant du Fils à la Mère, en liant la Mère au destin de son Fils; mais elle se méprenait sur le niveau du vrai bonheur, car le vrai bonheur de Marie, son bonheur imitable, ne se situe pas au niveau des affections familiales; ce n’est donc pas une question de chance ni de fierté. Et la vraie source des Béatitudes, pour elle comme pour nous, c’est l’accueil de la parole de Jésus, et non le sentiment de sa proximité, voire de sa ‘‘possession’’ tout humaine.

Marie, la personne humaine qui fut la plus proche de Jésus par la chair et par le cœur, fut surtout celle qui vécut le plus intensément de sa parole. C’est bien ce qu’Elisabeth a crié, par la force de l’Esprit, au jour de la Visitation: « Bienheureuse celle qui a cru ce qui lui a été dit de la part du Seigneur! » Puissions-nous nous attacher à Marie pour imiter sa foi; et cela sera facilité par notre écoute de la Parole de Dieu et en la gardant dans notre cœur! Comme Marie!

Fr. Gustave Nsengiyumva, O.P.

PRIÈRE