Homélie, 27ème lundi du Temps Ordinaire

3 OCTOBRE 2022

Les codes de Dieu

Aujourd’hui, le frère Jean-Louis Larochelle, O.P., nous appelle à accueillir activement les plus démunis dans leur souffrance, en faisant un parallèle entre l’actualité et une parabole célèbre de Jésus.
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Homélie

La parabole du bon samaritain est bien connue. On la retient souvent pour illustrer les deux dynamiques observées régulièrement dans les relations interpersonnelles ainsi que dans les rapports sociaux. La première forme, c’est la stratégie de l’évitement; la seconde, la stratégie de l’accueil et de la rencontre. La stratégie de l’évitement renvoie aux comportements de personnes ou de collectivités qui ne veulent pas avoir de rapports avec des gens ou des groupes qu’ils jugent indésirables. Stratégie pour éviter, par exemple, des face-à-face avec des gens marginalisés qui doivent compter sur les autres pour atteindre une vie respectable. Dans ce cas, on préfère les ignorer et ne pas se faire déranger. Quant à la stratégie de l’accueil, elle implique d’aller à la rencontre des gens qui sont mis à part. Cette stratégie naît de la compassion.

Dans la parabole, ces deux stratégies se manifestent clairement. Le prêtre et le lévite ont choisi la stratégie de l’évitement. Mais choix contraire de la part du samaritain. Ce dernier traite l’inconnu blessé comme un proche, comme un frère. Son attitude est d’autant plus surprenante qu’il est perçu par les juifs comme un hérétique. Selon la logique des rapports sociaux, c’est lui, le samaritain, qui aurait dû détourner la tête et continuer son chemin. La surprise, c’est lui qui accepte de s’arrêter et de transporter le blessé dans une auberge. Ici, il est important de souligner que le samaritain n’a pas respecté les codes sociaux alors en usage en Israël. À ce point que son amour du prochain en a fait un délinquant! Il a appliqué, lui, les codes de Dieu. Il a agi comme Dieu qui accueille tout être humain, quelle que soit sa condition. 

Ces deux dynamiques, nous continuons de les observer aujourd’hui dans nos sociétés. Les attitudes des pays favorisés économiquement face aux migrants qui veulent échapper à la misère et au mépris sont souvent révélatrices. À l’occasion de la toute fraîche campagne électorale vécue au Québec, nous avons entendu les chefs des partis se prononcer sur le nombre maximum de migrants que nous pourrions accueillir annuellement. Au cœur de leurs argumentations, c’était nos intérêts économiques et culturels qui étaient invoqués. Autrement dit, le regard portait d’abord sur nous, sur nos propres besoins. Venaient en second, et le plus souvent de manière fort discrète, le sort que connaissent les personnes et les groupes qui veulent fuir l’étouffement expérimenté dans leurs pays d’origine. Heureusement, nous pouvions nous rappeler, en parallèle, comment, au cours des dernières décennies, des familles de chez nous, des organismes humanitaires, des communautés chrétiennes et autres, ont parrainé généreusement des migrants et des réfugiés politiques. Dans ces gestes d’accueil, nous avons véritablement vu de la compassion.

Il nous fait bien reconnaître, en regard de ce que nous observons dans les différentes sociétés contemporaines, qu’il n’est pas facile de regarder le prochain avec les yeux de Jésus. Une profonde conversion du cœur et du regard est nécessaire pour s’approcher de la compassion qu’il a su manifester. Retenons que son appel à ressembler au samaritain nous vise, nous aussi, car nous sommes tous confrontés à la souffrance, qu’elle soit proche ou éloignée. Que la grâce du Seigneur nous rende capables d’accueillir des souffrants qui se tournent vers nous!

Fr. Jean-Louis Larochelle, O.P.

 

PRIÈRE

Nous t’en prions, Seigneur,
que ta grâce nous devance
et qu’elle nous accompagne toujours,
pour nous rendre attentifs à faire le bien sans relâche.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur et notre Dieu,
qui vit et règne avec toi dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.
∞ Amen.