Homélie, 25ème lundi du Temps Ordinaire

19 SEPTEMBRE 2022

Allumer le lampadaire

Aujourd’hui, le frère Jean-Louis Larochelle, O.P., nous invite à garder confiance au projet de salut de Dieu et à son initiative, afin d’accomplir à notre tour la responsabilité missionnaire de répandre la Lumière!
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Homélie

Le présent passage évangélique a toujours rappelé aux baptisés la responsabilité missionnaire qu’ils avaient à porter. La lumière rencontrée en Jésus, ils devaient la partager le plus possible, et de manière généreuse. Jésus ne disait-il pas à ses disciples : « Personne, après avoir allumé une lampe, ne la couvre d’un vase (…); on la met sur le lampadaire pour que ceux qui entrent voient la lumière. » (Lc 8, 16)? En d’autres mots, le grand projet de salut de Dieu devait être largement partagé pour que le monde vive dans la Lumière.

Mais l’engagement à réaliser ce projet d’évangélisation a rarement été facile. C’est plutôt le contraire. Même ici au Québec, que de chrétiens et chrétiennes disent tout haut, actuellement, qu’il n’est plus possible d’évangéliser, qu’une portion importante de la population ne veut plus rien savoir de l’Église et de sa morale, que les gens qui affirment être sans religion se disent tout à fait satisfaits de leur sort. En parlant de la sorte, ces baptisés découragés manifestent qu’ils idéalisent les entreprises missionnaires des temps passés, comme si tout se déroulait facilement à d’autres époques. Quand les espagnols et les portugais sont arrivés en Amérique latine à la fin du XVe siècle, l’accueil de la religion chrétienne qu’ils proposaient a rencontré une réelle résistance chez les peuples autochtones. Ce ne fut d’ailleurs pas plus facile quand les Français, au début du XVIIe siècle, ont voulu évangéliser les autochtones d’ici. Dans chaque cas, les européens catholiques de l’époque ont bien souvent rencontré une fin de non-recevoir, car la proposition du Christ et de son Évangile venait confronter des cultures vieilles de plusieurs siècles. Par exemple, le père Jean Dolbeau, un récollet, arrivé en Nouvelle-France en 1615, et à qui on avait demandé d’œuvrer sur le territoire des Montagnais, avec un pied à terre à Tadoussac, avouait qu’une véritable conversion de ces amérindiens était quasi impossible. L’une des raisons invoquées, c’était leur style de vie nomade qui empêchait une présence régulière du missionnaire auprès d’eux. Seule une telle présence aurait permis de les catéchiser avec un peu de profondeur. Ajoutons ici que cette résistance des autochtones à la vision chrétienne pouvait devenir violente. Nous n’avons qu’à penser aux jésuites du milieu du XVIIe siècle qui ont connu le martyre à cause de leur volonté de proposer la lumière du Christ et de son Évangile, et ce, malgré les dangers qu’une telle entreprise représentait.

Bref, le regard sur le passé missionnaire montre bien qu’il ne faut pas se faire illusion sur les difficultés réelles que toute entreprise missionnaire peut rencontrer. Dans beaucoup de cas, la lumière apportée est refusée et même éteinte. Cela fait partie de l’entreprise risquée de l’évangélisation. Et nous sommes, ici au Québec, à faire l’expérience d’une situation semblable. Cela nous invite fortement à reconnaître avec humilité que la mission relève avant tout de Dieu et de son initiative. C’est donc en nous appuyant sur Lui que nous sommes invités à continuellement remettre la lumière sur le lampadaire. Prions donc pour que nous sachions témoigner avec entêtement de notre foi au Christ dans les milieux où nous avons les pieds

Fr. Raymond Latour, O.P.

 

PRIÈRE

Seigneur Dieu,
par toi nous vient la rédemption,
par toi nous est donnée l’adoption filiale ;
dans ta bonté,
regarde avec amour tes enfants ;
à ceux qui croient au Christ,
accorde la vraie liberté et la vie éternelle en héritage.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur et notre Dieu,
qui vit et règne avec toi dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.
∞ Amen.