Homélie, 24ème jeudi du Temps Ordinaire

15 SEPTEMBRE 2022

Au pied de toutes les croix

En cette fête de Notre-Dame des douleurs, le frère André Descôteaux, O.P., nous invite, comme Église et comme croyants, à être comme ceux et celles qui étaient au pied de la croix de Jésus, présents en soutient les uns pour les autres avec une foi ouverte à l’espoir.
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Homélie

Hier, nous contemplions la croix, la croix glorieuse, où Dieu manifeste dans le don de son Fils son cœur de Père et la puissance de son amour dans la plus totale impuissance. Aujourd’hui, notre regard se porte sur la souffrance de Marie qui voit son fils rejeté, torturé, crucifié et mourant. Silencieuse, son oui, comme le dit le théologien Hans Urs von Balthasar, « n’a cessé de prendre corps en elle toujours plus profondément jusqu’au glaive qui, sous la croix, transperça son cœur ». Le oui des tout débuts prend aujourd’hui une dimension insoupçonnée.

Si au moment des noces de Cana, ce n’était pas encore l’heure, aujourd’hui, nous y sommes. Si à Cana, la foi de Marie avait pu être pour Jésus un élément déclencheur, un signe, dans l’attente de l’Heure, qu’il était temps de manifester sa gloire pour que ses disciples croient, aujourd’hui, c’est Marie qui est interpellée en compagnie du disciple que Jésus aimait, lui, qui contrairement à Simon-Pierre, en entrant dans le tombeau vide, vit et crut. C’est l’Heure de la foi pure! La foi la plus incroyable, si je peux me permettre ce jeu de mots. Car si tout est sur le point d’être accompli, comme dira Jésus, tout n’est pas fini. Loin de là! Tout est accompli pour qu’un nouveau commencement, qu’un commencement insoupçonné de vie, de lumière et de paix fasse irruption dans notre monde marqué par la mort et la haine.

Jésus va remettre son Esprit et le répandre sur le monde. Il faut qu’il soit accueilli. C’est ainsi que Marie et ce disciple, dans la foi, au cœur même de leur souffrance, s’ouvriront encore une fois à l’inattendu de Dieu. « Rien n’est impossible à Dieu! » Elle et lui sont l’Église croyante accueillant ce Dieu qui se donne et sauve le monde. Ainsi, Marie deviendra-t-elle Mère de l’Église et y sera encore présente aujourd’hui comme elle l’a été au pied de la croix et au cœur de la prière des disciples avant la Pentecôte.

Dans la prière d’ouverture, nous demandions que l’Église soit, comme Marie, unie à la passion du Christ pour avoir part à sa résurrection, mais j’aimerais que nous prions pour que l’Église soit, comme Marie, au pied de toutes les croix, présente dans la plus grande compassion possible à toutes les souffrances du monde. Être là comme elle, tout simplement dans l’amour et la foi. Pas pour les grands discours. Il y a un temps pour chaque chose. Un temps pour la présence compatissante portant dans la foi ceux qui sont dans l’épreuve et qui sont peut-être dans l’obscurité et l’incompréhension les plus totales voire la révolte. Soyons leur foi pour que, malgré tout, ils soient capables du petit pas nécessaire, du petit pas, signe que la vie et l’amour sont encore possibles et que le Christ victorieux est là avec eux.

Sur la patène et le calice, présentons toutes les personnes qui se confient à nous ainsi que ce monde tellement meurtri, ce monde que Dieu a tant aimé et qu’il aime encore! Amen.

Fr. André Descôteaux, O.P.

 

PRIÈRE

Tu as voulu, Seigneur,
que la Mère de ton Fils,
debout près de la croix,
fût associée à ses souffrances ;
accorde à ton Église de s’unir,
elle aussi, à la passion du Christ,
afin d’avoir part à sa résurrection.
Lui qui vit et règne avec toi
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.
∞ Amen.